Avec AFP
Stormy Daniels et l’avocate de Donald Trump se sont affrontées jeudi lors d’un contre-interrogatoire musclé, où les questions ont parfois tourné à l’étrange, allant jusqu’à provoquer l’irritation du juge.
Un témoignage clé pour le procès. Lors d’échanges tendus, l’ancienne actrice pornographique Stormy Daniels a fait preuve d’une grande réactivité et ténacité, tout en sachant se montrer vulnérable, alors que la défense raillait sa carrière et s’en prenait à sa crédibilité.
Dans cette salle d’audience aux lustres néons blancs, Stormy Daniels a répondu aux attaques, des heures durant, lors de la séquence la plus intense depuis l’ouverture du procès pénal de Donald Trump, le premier pour un ancien président des États-Unis.
L’actrice et réalisatrice de 45 ans, de son vrai nom Stephanie Clifford, avait reçu 130 000 dollars à la fin de la campagne présidentielle de 2016 pour se taire sur une relation sexuelle qu’elle affirmait avoir eue avec Donald Trump en 2006, un paiement dissimulé au centre de l’affaire.
Le milliardaire nie toute relation. Jeudi, son avocate Susan Necheles a, à plusieurs reprises, accusé l’actrice d’avoir inventé de toute pièce cette relation sexuelle, allant même jusqu’à lui demander : “Vous avez tout inventé, n’est-ce pas ?”
“Non”, a rétorqué catégoriquement Stormy Daniels. À son tour, elle a accusé l’avocate de manipuler ses propos : “Vous essayez de me faire dire que ça a changé, mais cela n’a pas changé”, a-t-elle dit à propos de sa version des faits.
Cartes de tarot
Lors de ce contre-interrogatoire, les conseils de Donald Trump ont essayé de dépeindre l’actrice comme une personne avare, sordide et trompeuse.
L’avocate a ainsi questionné Stormy Daniels sur sa décision d’écrire un livre racontant cette relation et de faire la promotion de produits commerciaux. “Comme si monsieur Trump faisait le contraire”, a ironisé Stormy Daniels.
Susan Necheles est même allée jusqu’à évoquer l’intérêt de l’actrice pour les cartes de tarot et le paranormal, une manière de la faire passer pour une personne déséquilibrée.
Elle l’a ensuite présentée comme une personne affabulatrice, se moquant de son travail de scénariste et réalisatrice de films pornographiques en affirmant que cela la rendait douée pour déformer la vérité.
“Donc vous avez beaucoup d’expérience dans l’art de rendre réelles des relations sexuelles bidon”, l’a-t-elle provoquée.
“Wow, je ne vois pas les choses comme cela”, a répliqué Stormy Daniels, ajoutant que “le sexe est réel. Les noms des personnages peuvent être différents. Mais le sexe est réel. C’est pourquoi c’est de la pornographie”.
Si l’histoire avec Donald Trump était fausse, “je l’aurais écrite de sorte qu’elle soit bien meilleure”, a-t-elle taclé.
À la fin de ce contre-interrogatoire, la défense a fini par demander à l’actrice si elle avait des informations sur la comptabilité du groupe d’entreprises de Donald Trump, qui constitue le cœur de l’affaire, ce à quoi elle a répondu par la négative.
Lors d’une audience tenue après que les jurés eut été congédiés, le juge n’a pas caché son irritation quant au déroulé du contre-interrogatoire.
Susan Necheles a passé beaucoup de temps sur des détails évoqués par Stormy Daniels lors de son témoignage, les répétant “encore et encore aux oreilles des jurés”, a-t-il pointé.
Et cela même alors que la défense de Donald Trump – qui a demandé en vain jeudi, pour la deuxième fois, l’annulation des poursuites – s’était opposée à présentation de ce récit. “Je ne comprends pas”, a-t-il confié.
Avec AFP