Par Le courrier du cameroun

Chercheur, documentariste, cinéaste, promoteur culturel et PDG du Centre Culturel Haoussa, Souleman Issa Garba est diplômé en cinéma spécialisé. Sous la supervision du CIERSA, une école de professionnalisation basée au Cameroun, il a participé à l’implémentation du Programme de Professionnalisation de l’Enseignement Secondaire Général dans les lycées de Yaoundé et d’Ebolowa. Il est le promoteur de la Journée Culturelle Haoussa et du festival « Exposition des Patrimoines Historiques et Culturels Haoussa » dénommé Tarihi.

Bonsoir Souleman Issa GARBA, vous venez de commettre un ouvrage sur votre communauté, les Haoussa dites-nous quelques mots là-dessus…

Le projet d’écriture d’un essai sur les Haoussa du cameroun découle de trois constats :- Primo: la ressource humaine qui détient l’information c’est à dire, la source orale est en train de disparaitre; – Secundo: Il n y a pas eu un travail de profondeur sur l’histoire des Haoussa du cameroun qui est un peuple localisé sur tout l’ensemble du territoire national , et tertio: Si un fils haoussa ne se lève pas pour faire ce travail, personne ne le fera à notre place. D’où le début des investigations sur le terrain. Ainsi en 2015, le travail a été amorcé au quartier Briqueterie pour s’étendre sur la région du Centre. Et en 2017, j’ai entamé un périple dans l’ensemble du pays, j’ai pu ainsi visiter une centaine de villes et de villages, dans toutes les dix régions. Ce long voyage m’avait pris trois années, à savoir de 2017 à 2020. J’avais effectué à l’époque le trajet Bafia – Yaoundé à pied, pendant quatre jours ; visitant ainsi des localités comme Sa’a et Obala. Au cours de cette expérience qui relève de l’ascétisme j’avais fait 150 kilomètres à pied.

En dehors du septentrion, dans quelles autres régions du Cameroun trouve-t-on les Haoussa ?

Comme je le disais tantôt, les Haoussa se retrouvent dans toutes les régions du Cameroun. Du Centre au Sud, de l’Est à l’ouest.

Peut-on savoir, à combien d’âmes se chiffrent les populations Haoussa au Cameroun ?

Il y a entre 2 millions et 2,5 millions d’Haoussa au Cameroun.

Le président Paul Biya est le préfacier de votre essai, ce n’est pas chose courante…

Je voudrais profiter de l’occasion ainsi offerte pour remercier le Président Paul Biya et à travers moi, le peuple Haoussa et la jeunesse camerounaise en général.

En tant qu’intellectuel , quels conseils pouvez donner au gouvernement camerounais pour préserver la mémoire de chacune des communauté qui compose notre pays…

Il y a quelques préalables nécessaires. Premièrement, il faut mener des recherches approfondies et faire un travail d’archivage pour préserver nos acquis patrimoniaux, historiques et culturels. Cela permettra bien évidemment, non seulement de sauvegarder, mais plus encore, de promouvoir les richesses de notre terroir. De ce fait, il est indéniable que chaque peuple doit posséder un centre culturel et surtout, un musée. La jeunesse doit pour sa part, s’investir dans la production des œuvres scientifiques, culturelles et artistiques. Nous devons insérer dans nos programmes scolaires, des matières qui enseignent et valorisent notre ou alors nos identités.

Le peuple Haoussa a-t-il des choses à proposer qui peuvent être inscrites au patrimoine immatériel de l’UNESCO ?

Le peuple Haoussa possède d’innombrables richesses sur le plan des activités artisanales, il s’agit notamment de : la forgerie, la boucherie, le tissage, la tannerie. Nous avons entre autres, la tauromachie traditionnelle qui n’a rien à voir avec celle des blancs et qui met en scène un maître boucher et un taureau. Tout au long de la séquence ou alors des séquences, le maître boucher essayera de dompter l’animal. Rassurez-vous, ce n’est pas donné au premier venu, il faut faire montre de dextérité et surtout, avoir un certain savoir-faire, pour y parvenir.

Souleman Issa GARBA, maintenant que nous arrivons au terme de notre entretien, quels sont vos projets immédiats ou futurs ?

J’ai plusieurs tapuscrits dans mes tiroirs. Je voudrais par exemple finaliser mon projet consistant à écrire un dictionnaire lexical des langues camerounaises. J’ai un autre visant à écrire l’histoire des Haoussa dans le monde. J’ai également en projet la production en sept tomes des pensées philosophiques et sociologiques. Sans oublier moult recueils de poèmes. S’agissant de la réalisation, je voudrai réaliser des films documentaires sur les Haoussa du cameroun et un autre sur la mémoire des cinéastes camerounais.

Propos recueillis par Yves Junior NGANGUE

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