Claudia Sheinbaum est la nouvelle présidente du Mexique. La candidate de la gauche, portée par la popularité du chef de l’Etat sortant, Andres Manuel Lopez Obrador, a remporté, dimanche 2 juin, l’élection présidentielle. Selon les premiers résultats officiels de l’Institut national électoral (INE), l’ancienne maire de Mexico totalise entre 58 % et 60 % des voix, loin devant sa rivale de l’opposition, l’ex-sénatrice de droite Xochitl Galvez, créditée de 26 % à 28 % des voix pour cette élection à un tour, a annoncé la présidente de l’INE, Guadalupe Taddei Zavala. Le centriste Jorge Alvarez Maynez a obtenu entre 9 % et 10 % des voix.

« Je ne vais pas vous décevoir », a promis Claudia Sheinbaum dans ses premières déclarations à une chaîne de télévision. « Je vais devenir la première femme présidente du Mexique », a-t-elle ensuite ajouté devant ses partisans, annonçant que son Mouvement de régénération nationale (Morena)avait remporté la « majorité qualifiée » au Congrès.

« Il y a quelques minutes, j’ai appelé Claudia Sheinbaum pour reconnaître les résultats de l’élection », a déclaré pour sa part la candidate de l’opposition, Mme Galvez, dans un discours devant des sympathisants dans un hôtel de Mexico.

Elle n’a pas voté pour elle-même

C’est « un jour historique. Je me sens très contente » , avait déclaré à la presse Mme Sheinbaum après avoir voté dans le sud de Mexico, la capitale de ce pays où près de 100 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes. Elle a confié qu’elle n’avait pas voté pour elle-même à la présidentielle, mais pour une pionnière de la gauche mexicaine, Ifigenia Martinez, 93 ans, en hommage à sa lutte. Au Mexique, les bulletins de vote prévoient une case vide permettant de voter pour des candidats non enregistrés. « Vive la démocratie ! », a conclu Mme Sheinbaum qui, à 61 ans, prend la tête d’un pays gangrené par le narcotrafic et où les Nations unies (ONU) décomptent une dizaine de féminicides par jour.

« Sortez sans crainte » pour voter, avait lancé, de son côté, l’ex-sénatrice Xochitl Galvez. Deux personnes ont pourtant été tuées dans deux attaques contre des bureaux de vote, dimanche dans l’Etat de Puebla dans le centre du pays, a dit une source de sécurité du gouvernement local. Un candidat aux élections locales avait déjà été tué dans ce même Etat vendredi. Un autre candidat à un mandat mineur a été tué dans la nuit quelques heures avant l’ouverture des bureaux de vote dans l’Ouest, d’après le parquet. Au moins vingt-cinq candidats ont été assassinés pendant la campagne, d’après le comptage de l’Agence France-Presse arrêté samedi.

Une femme politique aguerrie

Claudia Sheinbaum est une politique aguerrie. « Chez moi, on parlait politique matin, midi et soir », a-t-elle confié dans une biographie, Claudia Sheinbaum : presidenta. Sa mère, Annie Pardo, biologiste, a été expulsée de l’université en 1968 pour sa participation au mouvement qui voulait secouer la « dictature parfaite » du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), hégémonique de 1929 à 2000.

Dans le melting-pot mexicain très inégalitaire, Claudia Sheinbaum, petite-fille de juifs d’Europe, reprend le slogan du président sortant, « les pauvres d’abord », adressé entre autres aux communautés autochtones discriminées. « Je viens d’une famille juive et je suis fière de mes grands-parents et de mes parents », écrivait-elle le 12 janvier 2009 dans le journal La Jornada pour dire son « horreur des images des bombardements d’Israël à Gaza » lors d’une précédente opération militaire.

Brillante étudiante, Claudia Sheinbaum mène de front dans les années 1980 ses études à l’Université nationale autonome du Mexique, et un engagement au sein du Conseil étudiant universitaire contre une réforme de l’université. Docteure en ingénierie énergétique, elle a également effectué un séjour académique en Californie, qui lui permet de bien parler anglais, à la différence du président sortant.

Elle contribue aux travaux du GIEC

Claudia Sheinbaum fait son entrée en politique avec le président actuel, Andres Manuel Lopez Obrador, maire de Mexico de 2000 à 2005. Il lui a confié le portefeuille de l’environnement, stratégique dans la mégapole aux 9 millions d’habitants. La jeune élue est à l’origine de la construction du second étage du « périphérique » pour désengorger l’une des autoroutes urbaines qui traversent Mexico. Elle a également lancé les couloirs de bus et des pistes cyclables.

De retour à l’université en 2006, la scientifique mexicaine a contribué aux travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui recevra le prix Nobel de la paix en 2007. Son thème d’expertise : l’atténuation du changement climatique.

Elle fut maire de Tlalpan, dans le sud de Mexico, de 2015 à 2017, puis maire de la capitale mexicaine de 2018 à 2023. Mme Sheinbaum se félicite d’y avoir réduit l’insécurité « grâce à une stratégie intégrale de traitement des causes, plus et mieux de police, du renseignement, des enquêtes et de la coordination ». Présidente, elle sera confrontée à la violence liée au narcotrafic, qui mine le Mexique. Un autre défi de taille.

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