Par Tiphaine ATANGANA, avec RFI

Considéré comme un fervent partisan de la lutte armée, Capo Daniel se dit également désormais favorable à des négociations pour l’autonomie des régions anglophones.

Capo Daniel était une des voix radicales de la galaxie des séparatistes anglophones, revendiquant la lutte armée sans concession contre les forces gouvernementales de Yaoundé. Toujours en exil, l’ex-porte-parole des « Ambazonia Defence Forces » a signé, samedi 4 mai, une déclaration appelant à « mettre fin aux hostilités contre l’État » pour « des négociations directes ». Il ne revendique plus l’indépendance, mais l’autonomie des deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.

Au nom de sa nouvelle plateforme Peoples Rights Advocacy Platform créée, il y a un an et demi, après son départ du mouvement ADF, Capo Daniel, de son vrai nom Emmanuel Ngong, préfère désormais « l’approche non-violente dans le combat pour l’auto-détermination […]. Nous appelons nos forces à garder leurs armes uniquement pour se défendre jusqu’à ce que des négociations aient lieu avec Yaoundé », a-t-il déclaré.

Joint par téléphone, Capo Daniel affirme avoir fait plusieurs constats. Il affirme notamment qu’après plus de sept ans de conflit, les populations sont épuisées, la cause anglophone n’a pas suscité de sympathie conséquente à l’international, les divisions au sein de la mouvance séparatiste n’ont pas permis de coordonner une action décisive contre l’armée camerounaise et, sans dialogue, il n’y aura pas de retour possible pour les exilés ou de libération des prisonniers.

Auparavant défenseur d’une ligne dure pour l’indépendance de ce que les séparatistes appellent l’Ambazonie, Capo Daniel plaide maintenant pour un transfert de compétences via des amendements constitutionnels.

« En plus, nous approchons d’une année électorale au Cameroun, c’est le moment d’attirer l’attention de la communauté internationale »ajoute-t-il.  Lui qui confirme avoir participé aux discussions de 2022 facilitées par le Canada souhaite voir la communauté internationale à nouveau soutenir un processus de négociations.

Une galaxie séparatiste trop fragmenté pour avoir un effet

Cet appel peut-il avoir un impact sur le terrain, à court terme ? Des observateurs en doutent, car la galaxie séparatiste est fragmentée, les groupes armés divisés et les intérêts entremêlés. Cependant, une voix de la société civile anglophone, l’avocat Nkongho Felix Agbor Balla qui dirige le Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique (CHRDA), veut y voir un « un pas dans la bonne direction ».

« Capo Daniel n’a peut-être plus l’influence qu’il avait auparavant, mais je me réjouis de chaque voix qui rejoint le camp des modérés pour appeler à une résolution pacifique du conflit », reconnaît le directeur du Centre pour les droits de l’homme et la démocratie en Afrique.

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