Avec AFP

L’université Columbia à New York, d’où est parti un mouvement pro-palestinien sur des campus aux États-Unis, a commencé lundi à “suspendre (administrativement) des étudiants” qui refusent de quitter un campement installé depuis dix jours sur le campus. La présidente de la faculté avait lancé un ultimatum aux étudiants. 

La nouvelle vague du mouvement d’étudiants et de militants contre la guerre que conduit Israël contre le Hamas dans la bande de Gaza a gagné nombre d’établissements aux États-Unis. L’université Columbia à New York, d’où est parti ce mouvement, a commencé, lundi 29 avril au soir, à sanctionner des étudiants qui refusent de quitter, “sauf par la force”, un campement installé depuis dix jours.

“Nous avons commencé à suspendre (administrativement) des étudiants, dans le cadre de cette nouvelle étape pour assurer la sécurité de notre campus”, a annoncé à la presse le vice-président chargé de la communication de Columbia, Ben Chang.

Au lendemain d’un week-end relativement calme sur le campus, où est installé un “village” de tentes, la présidente de Columbia Minouche Shafik a lancé lundi un ultimatum expirant à 18 h GMT. Elle a exhorté 200 occupants d’un campement à partir, à la suite de l’échec de cinq jours de négociations pour une solution à l’amiable.

Ces étudiants et militants pro-palestiniens exigeant que Columbia, université privée, coupe les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, avaient alors appelé à “protéger le campement”.

Des dizaines de jeunes ont défilé, le visage caché par des masques sanitaires, marchant autour du campus en tapant des mains et en chantant “Libérez la Palestine”, selon une journaliste de l’AFP qui a dénombré une cinquantaine de personnes restantes dans le petit campement dans une atmosphère détendue et sans présence policière.

Columbia avait assuré vendredi qu’elle ne ferait pas appel à la police de New York pour évacuer les tentes.

Mais pour Joseph Howley, professeur à Columbia, l’ultimatum lancé par la présidente Shafik équivaut à “céder aux pressions politiques externes”.

Des étudiants juifs dans les rangs des mobilisations

La vague de protestation s’étend dans les universités américaines depuis dix jours. Le mouvement est parti de Columbia où cent personnes avaient été interpellées le 18 avril.

Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde, rappelant des événements similaires aux États-Unis lors de la guerre du Vietnam.

D’un côté, des étudiants et enseignants accusent leurs universités de chercher à censurer la libre expression politique, de l’autre plusieurs personnalités, dont des élus républicains, estiment que les militants attisent l’antisémitisme.

Des étudiants juifs ont rejoint les rangs des mobilisations pro-palestiniennes.

“Nombre de nos étudiants juifs, et d’autres, ressentent ces dernières semaines une ambiance intolérable. Beaucoup ont quitté le campus et c’est une tragédie”, a dit dans son communiqué la présidente de Columbia.

Minouche Shafik a en outre affirmé que l’université ne se désengagerait pas de ses investissements en Israël.

Des camps démantelés et des étudiants interpellés

Mais le chef des républicains à la Chambre des représentants, Mike Johnson, a dénoncé sur X un “campus dépassé par des étudiants antisémites” et appelé Minouche Shafik à démissionner.

Dimanche, la Maison Blanche a appelé les manifestations de soutien à Gaza à rester “pacifiques” et condamné “les propos antisémites”. La porte-parole du président Joe Biden, Karine Jean-Pierre, a rappelé lundi que “la liberté d’expression devait se faire dans le cadre de la loi et du droit”.

Au cours du week-end, plus de 350 personnes ont été interpellées dans plusieurs universités à travers le pays et le campement de Boston a été démantelé.

À l’université du Texas à Austin, un campement a aussi été démantelé et quelques personnes interpellées. Lundi, la police a utilisé des bombes lacrymogènes au poivre face aux manifestants. “Aucun campement ne sera autorisé”, a déclaré le gouverneur conservateur du Texas, Greg Abbott sur les réseaux sociaux.

L’avocat Paul Quinzi, qui défend à Austin des personnes détenues, a dit à l’AFP estimer “à au moins 80 le nombre d’arrestations” qui “continuent”.

Avec AFP

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