Avec Jean-Collins OYONO-ENGUELE
Paul Biya , que vous brandissez , à la face du monde , comme un grand homme d’État au parcours prodigieux demeurera à jamais une figure controversée , dans un Cameroun tourmenté , oscillant entre démesure et décadence . Vous ne pourrez jamais le nier : Paul Biya a hérité du trône dans un contexte de paix et de prospérité ! Malheureusement , son long règne , pénible et douloureux , pour les esprits éclairés et progressistes , comme moi , a marqué un tournant vers l’autocratie et l’excentricité.
LETTRE À JEAN NKUETE
Monsieur le Ministre d’État ,
Je suis ahuri et outré par votre déclaration par laquelle vous avez osé affirmer l’antériorité de la future élection présidentielle sur les élections législatives et municipales . Je ressens vos propos insensés , qui s’apparentent à une véritable déclaration de guerre , tantôt comme un coup de poignard dans mon dos , tantôt comme un coup de massue sur ma tête .
Monsieur le Ministre d’État , je commence par attirer votre attention sur cette leçon salutaire de Martin Luther King Junior : ‘ If you want peace , work for justice ! ‘ . En regardant dans la même direction , le Cardinal Christian Tumi nous a légué cette éternelle leçon , en guise d’héritage : ‘ There really can be no peace without justice ; there can be no justice without truth and there can be no truth unless someone rises up to tell you the truth ‘. Qui plus est , notre homonyme commun de la Bible , auteur de l’Apocalypse , a clairement dit : ” Vous connaîtrez la vérité et la vérité vous affranchira” .
Monsieur le Ministre d’État , Charles Secondat , Baron de la Brède et de Montesquieu , disait : ” Il n’y a point de plus cruelle tyrannie que celle que l’on exerce à l’ombre des lois et avec les couleurs de la justice” . Henry de Montherlant , quant à lui , a écrit : ” Quand la bêtise gouverne , l’intelligence est un délit” . Monsieur le Ministre d’État , à la lumière de ces deux savants préceptes , non seulement , vous êtes un fervent adepte de la tyrannie , mais surtout , vous êtes l’étalon le plus abouti de l’idiotie . Monsieur le Ministre d’État , je me serais suicidé , si j’avais eu un père comme vous ! Être votre fils aurait été , pour moi , la pire des malédictions ! Fort heureusement , vous êtes aux antipodes de mon regretté père , Jean Joliot Enguelé , Médecin de formation , qui eut le mérite et l’honneur d’être l’un des plus brillants étudiants de l’Université Libre de Bruxelles , en Belgique , et de la très huppée Université Pierre et Marie Curie , en France !
Monsieur le Ministre d’État , voici , dans les lignes qui suivent , le portrait sans fard de celui qui vous exhorte à tourner le sublime au ridicule , au point d’apparaître , vous-même , comme une précieuse ridicule !
Paul Biya , que vous brandissez , à la face du monde , comme un grand homme d’État au parcours prodigieux demeurera à jamais une figure controversée , dans un Cameroun tourmenté , oscillant entre démesure et décadence . Vous ne pourrez jamais le nier : Paul Biya a hérité du trône dans un contexte de paix et de prospérité ! Malheureusement , son long règne , pénible et douloureux , pour les esprits éclairés et progressistes , comme moi , a marqué un tournant vers l’autocratie et l’excentricité . La gouvernance de celui que vous magnifiez , comme un grand homme d’État au parcours prodigieux , caractérisée par des purges politiques et l’une des gestions les plus désastreuses de la fortune publique , que l’Afrique n’ait jamais connue , a contribué à éroder les fondements de la République et à désagréger les fibres du tissu social . Aujourd’hui , ce Cameroun , si uni et si paisible , hier , est en lambeaux …
Formé au prestigieux Lycée Louis le Grand et à l’Ecole Nationale de la France d’Outre-Mer , celui dont vous faites l’apologie , comme un grand homme d’État au parcours prodigieux , avait , au retour de l’hexagone , le potentiel nécessaire et suffisant , pour s’imposer comme un dirigeant profondément compétent et intègre . Sa formation , axée sur la philosophie , la science politique et l’administration civile , aurait dû lui permettre d’assumer la charge suprême , avec la même dignité et le même dévouement que son illustre prédécesseur qui , faut-il le souligner , ne cesse de se retourner dans sa tombe , au petit cimetière de Yoff , à Dakar , au Sénégal .
Quelques mois , après sa prestation de serment , le 6 Novembre 1982 , à 10 heures , devant le Président de l’Assemblée Nationale , Salomon Tandem Muna , se réveilla brusquement en lui la passion dévorante pour les ors et les fastes de la République ! Il s’en trouva littéralement obsédé , quelques années plus tard . Sans doute , celui que vous décrivez , comme un grand homme d’État au parcours prodigieux , voulait-il s’identifier aux dieux de la mythologie grecque tant et si bien qu’il finit par fouler aux pieds la ligne de démarcation entre le divin et le mortel , entre le sacré et le temporel . Cette affreuse confusion entre le rôle de Chef d’État et celui de demi-dieu a atteint son paroxysme , lorsque tous les citoyens , inféodés à sa formation politique , décidèrent , comme un seul homme , d’accrocher , de manière ostentatoire , sa mythique effigie aux murs de tous les bureaux de la République …Le Cameroun venait de basculer dans le primitivisme !
Par cet acte de vanité sans précédent , le peuple fut marqué d’une empreinte indélébile . Monsieur le Ministre d’État , en s’élevant au-dessus des lois humaines et des irrévocables décrets de DIEU , celui que vous vénérez , comme un grand homme d’État au parcours prodigieux , a défié l’ordre cosmique et social de notre pays . C’est ainsi qu’il sema , lui-même , les graines d’un chaos qui résonnera certainement bien au-delà de son règne .
Monsieur le Ministre d’État , la vérité est très dure et parfois cruelle , cependant , la vérité est intimement attachée au prénom Jean que vous portez . Monsieur le Ministre d’État , vous ne pourrez jamais me démentir : c’est avec l’intrigue et la ruse que celui dont vous exaltez les talents , comme un grand homme d’État au parcours prodigieux , a gravi les marches du pouvoir jusqu’à se hisser à la tête de l’Union Nationale Camerounaise dont il changea la dénomination , le 24 Mars 1985 , à Bamenda . Atteint de la phobie du coup d’État et aidé par sa redoutable police politique , il a fait de sa paranoïa un terrifiant instrument de pouvoir , pour le plus grand malheur des opposants , mais aussi de millions de Camerounais qui ont dû se résigner au désespoir et à la misère . Possédé par la volonté de puissance , cuirassé contre la pitié et rompu à une vie de roueries , Paul Biya , qui nourrit le peuple d’illusions et de fantasmes , a toujours vu en chaque homme brillant un obstacle qu’il faut dégager ou un ennemi qu’il faut éclipser . Tout , du point de vue de Paul Biya , n’est que suspicion , basse manœuvre et stratagème , comme en témoigne ce report , jusque-là insoupçonné , des élections législatives et municipales qui , du reste , résonne comme un véritable coup d’État .
Dans le but de renforcer sa popularité auprès des masses populaires incultes qu’il a pris soin d’affamer , celui que vous acclamez , comme un grand homme d’État au parcours prodigieux , a institué le culte de la personnalité , avec des poèmes à sa gloire et des parades en son honneur . Évidemment , il n’y a que des esprits vulgaires pour s’émerveiller devant la vulgarité .
Afin de s’imposer aux yeux de tous comme un dieu vivant , des grands procès , aux allures d’inquisition , ont été organisés , sous le fallacieux prétexte d’une opération d’assainissement des finances publiques . C’est ainsi que , pour asseoir son pouvoir absolu , des personnalités jugées dérangeantes et d’éventuels rivaux politiques ont fait l’objet d’interpellations spectaculaires qui , avec des dossiers truqués , des preuves falsifiées , des aveux extorqués , des audiences tapageuses , se sont soldés , dans la grande majorité des cas , par l’embastillement , au point d’abrutir tout un peuple qui s’est retrouvé plongé dans la stupeur .
Monsieur le Ministre d’État , c’est ce maléfique régime , dont vous vous vantez d’être l’une des figures de proue , qui a inventé les anathèmes visant à diaboliser les opposants et l’idée que les beaux esprits , comme les nôtres , sont des hérétiques , à défaut d’être les pires ennemis de la patrie . Monsieur le Ministre d’État , qu’avez-vous l’intention de dire ou de démontrer aux Camerounais , au cours des 7 prochaines années , après avoir lamentablement échoué , pendant 42 ans ? Monsieur le Ministre d’État , n’avez-vous donc jamais appris qu’un imbécile à 40 ans est un imbécile pour toujours ? Toujours est-il qu’un savant anglais a fait cette observation : ‘ Who proves too much proves nothing ‘.
Monsieur le Ministre d’État , n’avez-vous jamais su qu’un vieillard , qui prend trop de temps , comme c’est votre cas et vos complices , vole le temps de la jeunesse ? Monsieur le Ministre d’État , oseriez-vous prétendre être parfaitement ignorant de cette salvatrice leçon de l’un de vos prédécesseurs au poste de Secrétaire Général du Comité Central du RDPC , le Pr. Ebenezer Djoh Mouelle : ” La monotonie est mortelle pour l’homme , même s’il s’agit de la monotonie d’une vie paradisiaque ” ? Monsieur le Ministre d’État , à votre avis , à qui ce cours magistral d’Ebenezer Njoh Mouelle s’adresse – t – il si ce n’est à vous-même et à celui que vous applaudissez comme un grand homme d’État au parcours prodigieux ? Monsieur le Ministre d’État , au cas où le Pr . Ebenezer Djoh Mouelle se serait arc-bouté , bec et ongles , sur le fauteuil de Secrétaire Général du Comité Central du RDPC , seriez-vous , aujourd’hui , en train de vous pavaner d’un département à l’autre , pour y déverser vos sempiternels mensonges ?
Monsieur le Ministre d’État , avez-vous vraiment des consciences , vous et vos compères ? Au cas où vous me repondriez par l’affirmatif , alors je vous poserais cette question : n’êtes-vous pas , Monsieur le Ministre d’État , choqué , dans le tréfonds de votre conscience par ce drôle de paradoxe ? Si l’on pose , par hypothèse , que Paul Biya est effectivement un grand homme d’État au parcours prodigieux , c’est-à-dire , qu’il a eu le temps de préserver la paix et d’apporter la démocratie et la prospérité au peuple camerounais , étant donné que son époustouflant parcours est une admirable succession de miracles , d’où vient-il encore qu’il veuille violer la loi , pour confisquer le pouvoir par tous les moyens ? À quoi tout ce brouhaha sert-il encore ? Le Président Paul Biya a-t-il , lui-même , l’intime conviction d’avoir accompli sa mission ? N’y a-t-il pas anicroche ? Pour poser le problème autrement , est-il possible qu’un élève , comme ce fut mon cas , en Juin 1984 , soit sacré Major départemental du BEPC du Dja-et-Lobo et , curieusement , 40 ans plus tard , en 2024 , il se retrouve toujours en troisième , dans la même classe , sur le même banc , avec les mêmes livres et avec les mêmes professeurs , en prétendant qu’il a toujours été le Meilleur Élève ? Monsieur le Ministre d’État , ne trouvez-vous pas qu’une attitude si irrationnelle frise tantôt le fétichisme , tantôt le charlatanisme , à défaut d’être du cabralisme pur et simple ?
Monsieur le Ministre d’État , nous sommes pourtant en plein Ramadan , pour ce qui est des Musulmans , et au coeur du Carême , pour ce qui est des Chrétiens . Monsieur le Ministre d’État , au lieu de continuer à souiller et à traîner dans la boue l’image du vieillard , en vous agitant autour d’un trône dont vous avez été indigne , il est grand temps , pour vous et tous vos acolytes , de demander sincèrement pardon à DIEU pour toutes les souffrances que vous avez infligées aux populations de notre pays ! Croyez-moi , il est suffisamment miséricordieux , pour vous pardonner , malgré votre cynisme et votre sadisme insupportables !
Monsieur le Ministre d’État , je vous le réitère avec solennité et gravité : cessez , vous et votre alter ego, de vous mentir à vous-mêmes et de vous moquer de vous-mêmes , sous le regard de DIEU ! Car , le temps , l’autre nom de ce DIEU , est un Juge impitoyable qui sait remettre chacun à sa vraie place !
Monsieur le Ministre d’État , il était une fois un Ministre d’État comme vous et originaire de la même région que vous …Il était connu sous le nom d’Augustin Kontchou Komegni . Tellement , il se complaisait dans le verbalisme démagogique … Tellement , il était fier de narguer ses compatriotes ..Son sport de prédilection consistait à tourner les opposants en dérision … Aujourd’hui , perclus de douleur , il est paralysé sur un fauteuil roulant …
Par Jean-Collins OYONO-ENGUELE
Chef de Parti politique
Président de la Renaissance Pour le Développement du Cameroun
Tél : 656 64 65 32 / 6 51 97 30 05