Avec Jeune Afrique

L’ancien président français a plaidé auprès du chef de l’État camerounais pour que soit libéré pour raisons de santé l’ex-secrétaire général de la présidence, emprisonné à Yaoundé depuis 2012.

À la mi-janvier, François Hollande a adressé une lettre au président camerounais Paul Biya via l’ambassadeur de France à Yaoundé, Thierry Marchand. Dans ce courrier, l’ancien président français plaide en faveur de la remise en liberté de Marafa Hamidou Yaya, pour raisons de santé. Toujours selon nos sources, cette initiative fait suite à deux entretiens accordés par Hollande dans ses bureaux parisiens à la famille du dignitaire emprisonné, d’abord en octobre 2023, puis à nouveau en janvier 2024.

Certificat médical

Les proches de cet ancien secrétaire général de la présidence avaient alors demandé à François Hollande son soutien, sur la base d’un certificat médical établi le 4 décembre 2023 par le professeur Antoine Labbé du centre hospitalier national d’ophtalmologie des Quinze-Vingts et qu’ils ont présenté à l’ex-chef d’État lors de leur seconde entrevue.

Le spécialiste y confirme plusieurs rapports médicaux antérieurs, diagnostiquant à Marafa Hamidou Yaya un glaucome bilatéral « extrêmement sévère », qui lui a déjà fait perdre totalement la vue de l’œil droit.

« Il est évident qu’en l’absence de prise en charge, compte tenu de cette pression intraoculaire très élevée, Monsieur Marafa Hamidou Yaya risque de perdre totalement la vision de son œil restant », prévient le praticien hospitalier. « Malheureusement, les pertes visuelles liées au glaucome ne sont pas récupérables et donc, l’absence de prise en charge entraînerait la cécité », conclut le document.

Ramifications politiques

En s’engageant ainsi pour « Marafa », François Hollande met le doigt sur un dossier judiciaire aux inextricables ramifications politiques. Ce baron du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC, au pouvoir), qui attribue sa disgrâce au fait d’avoir déconseillé à Paul Biya de se représenter à l’élection présidentielle de 2004, fut condamné en 2012 à 25 ans de prison pour « complicité intellectuelle » dans l’affaire Albatros, portant sur l’achat avorté d’un avion présidentiel.

L’ingénieur en pétrochimie originaire du Nord, qui a toujours clamé son innocence, est emprisonné depuis douze ans au secrétariat d’État à la Défense, à Yaoundé. Le Département d’État américain, l’Internationale socialiste et plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, réclament sa libération. Le 2 juin 2016, le Groupe de travail sur la détention arbitraire, rattaché aux Nations unies, a émis un avis où il qualifiait cette détention de « violation du droit international » et demandait au gouvernement non seulement de libérer immédiatement Marafa Hamidou Yaya, mais aussi de le dédommager pour le préjudice subi.

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