A l’occasion de la commémoration de la journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre des journalistes . Charlie aimé Tchouemou a reçu en posture d’invité, ce journaliste et syndicaliste qu’on ne présente plus.

CAT: Bonjour m. Jean Patient Tsala

JPT: Bonjour

CAT: Ces dernières années, l’on a constaté l’augmentation, l’ampleur du nombre d’attaques contre la sécurité physique des journalistes et des professionnels des médias, ainsi qu’une hausse des incidents affectant la capacité à exercer leur métier d’expression, qu’est ce qui peut justifier selon vous cette situation?

JPT: Disons que ces 15 dernières années, beaucoup de journalistes ont été frappés de crimes, d’autres ont été poursuivis pour des actes pour lesquels ils seraient présumés coupables, certains se retrouvent aujourd’hui en prison, ça fait beaucoup au compteur. Il faut dire que, en analysant la situation on peut l’arrimer à une chose. Nos sociétés africaines, surtout celle camerounaise ont encore de la peine à s’arrimer à l’enjeu de la communication, de l’information c’est une réalité. Nous apprenons en Afrique à vivre avec l’information, ce qui ne veut pas dire que sous d’autres cieux, ce n’est pas le cas aussi. Beaucoup plus chez-nous où depuis les années 1990, il y a eu cette libéralisation du secteur de l’audiovisuel, mais aussi de la presse du secteur de façon globale, des libertés . La liberté d’expression est devenue une réalité, depuis que le discours de la Baule a été prononcé par le président français Mitterand. Vous souvenez, qui avait permis aux Etats africains francophones d’abord; d’accéder au multipartisme mais également de mettre en vitrine les libertés. En ces libertés, il se trouve donc que le temps d’adaptation, d’acclimatation de nos pays à la logique de l’information est difficile. Le contexte aidant, la précarité également ambiante font en sorte que beaucoup d’entreprises ne sont pas professionnels. La presse est abondamment manipulée; elle est utilisée pour désinformer, la plupart des cas. Celle qui réussit à faire convenablement son travail se trouve frappée par la précarité. Les journalistes sont exposés à tout danger, à tout manipulateur qui vient, à tout maître-chanteur, ce qui fait donc que , les plus fragiles s’exposent à cela. Malheureusement on se retrouve coincé, soit assassiné et quelques-uns deviennent des tireurs à gage.

CAT: Entre 2010 et 2023, de nombreuses violences ont été commises sur des journalistes, agressions, des attaques, des arrestations et des détentions arbitraires; des traitements inhumains et dégradants qui les sont infligés. On peut citer entre autre en 2010 Bibi Ngota, DP de Cameroon Express. En 2019, le journaliste Samuel Wazizi, l’assassinat odieux de Martinez Zogo en janvier de cette année. Face à cette situation, peut-on croire ou affirmer que la situation de la protection et la sécurité des journalistes se dégradent considérablement dans notre pays?

JPT : Tout de go, elle se dégrade. D’autant plus que vous avez cité un ensemble de noms, vous avez cité également, un ensemble de crimes en réalité qui n’ont jamais été punis. Donc, ça confère à dire que la protection des journalistes et autres acteurs des métiers de la communication n’est pas assurée. Qui doit assurer cette protection, c’est bel et bien l’Etat, parce que il y a des textes, il y a des lois. Je cite les textes de 1990 sur la communication sociale, mais également ceux de 2000, sur la libéralisation du secteur de l’audiovisuel; je peux également m’en référer, aux états-généraux de la presse de 2012. Je peux m’en référer à au tant d’évènements qui ont été menés et d’actions initiées par l’Etat, pour officialiser le travail des journalistes dans ce pays. Les journalistes ne sont pas suffisamment protégés, s’ils ne le sont pas, c’est une question à 10.000 FCFA, parce que, on a la peine à répondre à cela.

Interview menée par Charlie Aimée Tchouemo

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