Par Dr Aminou MAL ADJI en service à ESA

Je suis Dr. Aminou Mal Adji de l’ESA. Avec tout le respect que je dois au Ministre, je ne peux rester sans rien dire sur ce sujet car cela fait presque 3 ans que j’y travaille sur ce sujet du spatial au Cameroun.

Je suis de la diaspora Camerounaise et j’ai l’expertise et le réseau nécessaires pour faire un bon travail au Cameroun dans ce domaine, si on veut bien m’écouter. Oui, il nous faut de bonnes routes, de l’électricité, l’accès à l’eau potable, des hôpitaux et des écoles, pas de discussion là dessus.

Honnêtement, je suis d’accord avec la Ministre, car quand il s’agit de la science, il ne devrait pas s’agir de priorités par rapport à nos infrastructures, si non on ne fait rien pour avancer dans le domaine scientifique. Par contre, il y a assez de sujets de critiques à faire, par exemple sur la construction des divers stades de football, là où les grandes dépenses ont été faites, par centaines de milliards de fcfa. Mais là n’est pas le sujet, ce qui n’est rien d’autre qu’une déviation de nos problèmes de gouvernance.

Avec mes plus de 30 ans d’expérience dans le spatial, à «European Space Agency (ESA) » ou en Français ‘Agence Spatiale Européenne’, je n’ai jamais vu un si gros contrat attribué de gré à gré à une société quelconque. En fait, ce que personnellement je reproche à cette décision, c’est d’avoir choisi de gré à gré une société de BTP qui n’a aucune expertise dans ce domaine du spatial et qui donc sous-traite une boîte française et une autre société Camerounaise en informatique, 2 sociétés sous-traitantes qui n’ont pas tant d’expertise que ça….ceci pour faire une étude de faisabilité du spatial au Cameroun, surfacturée à hauteur d’un facteur 4 selon ma propre estimation.

C’est excessivement trop cher. Même pour l’Europe ou les USA, on ne dépense pas tant d’argent de gré à gré pour une étude de faisabilité ! Le même genre d’études de faisabilité est accordé en Egypte par le gouvernement Égyptien, suite à une offre publique, avec une somme 4 fois moins élevée. J’ai fait partie du groupe de travail sur ce sujet au niveau du MINPOSTEL.

Nous avions sorti un livre blanc. Personnellement, je n’ai jamais vu ni de cahier des charges, ni les spécifications de ce travail d’études de faisabilité. Dans tout pays bien géré, des documents de ce genre devraient être accessibles publiquement (offre publique transparente). Et puis, humblement, avec cette somme de 2 milliards de fcfa, j’aurais construit directement un premier nano-satellite Camerounais y compris sa mise en orbite, son segment sol et la formation des ingénieurs dans ce domaine. Car c’est de cela qu’il devrait s’agir et c’est de là qu’on doit tenir compte de l’autodétermination du pays, pas en demandant une expertise extérieure. La feuille de route que j’avais proposée à ce sujet aurait largement suffi. A mon humble avis, il n’y a vraiment pas besoin de cette étude de faisabilité.

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