Avec AFP

Le candidat de droite Daniel Noboa a remporté, dimanche, le second tour de l’élection présidentielle en Équateur, devenant ainsi le plus jeune président de l’histoire du pays. Il a promis de se mettre “immédiatement au travail” pour ramener “la paix” dans un pays ravagé par la violence du narcotrafic.

À 35 ans, l’homme d’affaires Daniel Noboa devient le plus jeune président de l’histoire moderne de l’Équateur. Il a remporté, dimanche 15 octobre, le second tour de l’élection présidentielle avec 52,10 % des voix, a annoncé le Conseil national électoral (CNE).

Avec 47,90 % des voix à son adversaire de gauche Luisa Gonzalez, et “plus de 90 % des votes validés à l’échelle nationale, le CNE considère ces résultats comme irréversibles et que l’Équateur a virtuellement élu Daniel Noboa comme président”, a déclaré la présidente de cette instance, Diana Atamaint.

“Demain, nous commencerons à travailler pour ce nouvel Équateur (…) pour reconstruire un pays qui a été gravement touché par la violence, la corruption et la haine”, a commenté le président élu. “À partir de demain, l’espoir commence à travailler”, a-t-il promis, remerciant “Dieu, ma femme, mes parents et toutes les personnes qui ont fait partie d’un projet politique nouveau, jeune, improbable, dont l’objectif était de redonner le sourire au pays”.

Comme inlassablement répété durant sa campagne, il s’est une nouvelle fois “engagé à redonner la paix à un pays, à redonner l’éducation, des emplois aux nombreuses personnes qui en cherchent, de donner la paix aux familles qui ne peuvent pas sortir dans la rue”.

De son côté, Luisa Gonzalez, dauphine de l’ex-président Rafael Correa, a reconnu sa défaite et félicité son adversaire. “En démocratie, nous n’avons jamais appelé à brûler une ville et nous n’avons jamais crié à la fraude”, a-t-elle ajouté.

Une participation massive

Le scrutin s’est déroulé sans incident majeur, selon Diana Atamaint, qui a célébré “une fête démocratique”. Le taux de participation est de 82,33 %, a-t-elle annoncé, un “chiffre dans les taux de participation historiques des dernières élections”.

Des irrégularités ont été détectées et solutionnées à temps dans la province de Sucumbios (nord-est, frontalière de la Colombie), une personne ayant été arrêtée en flagrant délit de remplir 14 bulletins, selon la mission électorale de l’Organisation des États américains (OEA), qui, hormis cet incident mineur, a fait état d’une “forte participation” et d’une élection “calme”.

Ce scrutin marque une lourde défaite pour le corréisme, principale force politique en Équateur depuis une quinzaine d’années, alors que l’ombre de l’ex-président Correa (en exil car condamné pour corruption dans son pays) a plané sur le vote.

Luisa Gonzalez était arrivée le 20 août en tête du premier tour avec 34 % des voix. Benjamin de l’élection, Daniel Noboa avait créé la surprise en prenant la deuxième place (23 %) d’une campagne marquée par l’assassinat de l’un des principaux candidats, Fernando Villaviciencio, un ex-journaliste au discours anti-corruption.

Cette élection s’est déroulée “dans un climat d’insécurité et de violence politique imposé par les bandes liées au crime organisé international”, a résumé dimanche la presse locale.

L’incarnation de l’élite politique équatorienne

Daniel Noboa a grandi dans les coulisses des campagnes électorales de son père, Alvaro Noboa, qui a fait fortune dans l’exportation de bananes et s’est présenté en vain cinq fois à la présidentielle, notamment contre Rafael Correa en 2006.

Marié et père de deux enfants, ce prospère homme d’affaires a étudié dans les meilleures universités américaines avant d’intégrer l’empire familial, la Noboa Corporation.

Il a promis “une main ferme” contre les groupes criminels. Il propose pour cela la “militarisation des ports et des frontières, de protéger les voies stratégiques d’exportation et de commerce”, ou encore de développer la “vigilance citoyenne”.

Daniel Noboa se dit de “centre gauche”, mais ce néo-libéral incarne l’élite politique équatorienne issue du monde de l’entreprise privée et proche de la droite. Son programme de 76 pages contient quatre volets, “social, économique, institutionnel et environnemental”, et se fonde sur une “stratégie intégrale” pour s’attaquer “aux causes profondes de la faible croissance économique et les niveaux élevés de criminalité”, deux défis liés selon lui.

L’homme à la maigre expérience de deux ans comme député n’aura que bien peu de temps pour tenir ses promesses. Il gouvernera jusqu’au début 2025, terme du mandat du président conservateur sortant Guillermo Lasso qui avait choisi d’appeler à des élections anticipées pour éviter sa destitution sur fond d’accusations de corruption.

Daniel Noboa aura aussi fort à faire pour obtenir une majorité à l’Assemblée nationale, particulièrement fragmentée, où il ne dispose que de 13 députés, contre 48 pour le parti corréiste, sur un total de 137 sièges.

Avec AFP

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