Par Wilfried EKANGA

À votre avis, pourquoi je fais si peu de vidéos ces derniers temps ? Pourquoi je préfère écrire des textes (et de surcroît interminables et complexes) ? La réponse est simple : parce que je cherche à DÉCOURAGER les amuseurs publics en aventure sur ma plateforme. Ceux qui sont sur Facebook « juste pour se distraire ». Car je ne veux pas être une star. Je ne veux pas des milliers de « followers » qui vont cliquer sur « j’aime » parce qu’ils ont vu une photo accrocheuse où je fais semblant d’être riche, mais qui ensuite ne m’auront servi à rien, et à qui je n’aurai servi à rien.

LA FIN D’UN LONG RÊVE !

À votre avis, pourquoi je fais si peu de vidéos ces derniers temps ? Pourquoi je préfère écrire des textes (et de surcroît interminables et complexes) ? La réponse est simple : parce que je cherche à DÉCOURAGER les amuseurs publics en aventure sur ma plateforme. Ceux qui sont sur Facebook « juste pour se distraire ». Car je ne veux pas être une star. Je ne veux pas des milliers de « followers » qui vont cliquer sur « j’aime » parce qu’ils ont vu une photo accrocheuse où je fais semblant d’être riche, mais qui ensuite ne m’auront servi à rien, et à qui je n’aurai servi à rien. Je veux des gens qui cliquent sur mon profil en étant déjà conscients qu’ils vont souffrir parce qu’une grosse lecture les attend. Puisqu’en effet, ma page n’est pas une page de distraction, mais de souffrance.

De ce fait, ceux qui n’aiment pas la lecture m’évitent comme le Covid-19, et c’est très bien ainsi. Car mon but est de filtrer la qualité en me débarrassant de la quantité. Cet endroit est pour les gens qui savent pourquoi ils payent leur connexion internet chaque mois, et qui n’ont aucune envie de la gaspiller dans la pitrerie du buzz des millionnaires fictifs. Si tu as du temps pour regarder un Live de 3 heures sur « Comment réussir sa partouze ? » et que tu trouves que 4 minutes de lecture c’est trop long, alors tu t’es trompé de quartier. Je connais une ou deux pages d’« influenceuses » chez qui tu trouveras ton bonheur. Car ici, on ne s’amuse pas, on pleure. Nous venons d’un pays rempli de tragédies, et il n’y a pour l’instant aucune raison de trop s’amuser. Vous remarquerez d’ailleurs que même quand je vous fais rire, c’est dans la douleur. Par exemple lorsque je vous dis que la Chorale Saintes Moustiques vient de composer un nouveau cantique pour Amougou Belinga dans sa cellule. En littérature, cela s’appelle de « l’humour noir.»

Il vaut mieux être suivi par une armée de 10 lions que par une cohorte de 100 moutons. C’est un fait scientifique.

ENTRE TORCHON ET SERVIETTE

Fort heureusement, à côté des gens ennuyeux comme nous, il y a la catégorie des gens intéressants : ceux que vous appelez précisément – et bêtement – « influenceurs ». Vos « stars », pour ainsi dire. Ceux-là ont un autre objectif, beaucoup plus immédiat : vous donner envie d’être ce qu’ils sont (ou plutôt qu’ils prétendent être). Faire naître en vous le désir de leur ressembler (ou plutôt de ressembler à ce qu’ils vous font voir d’eux). Vous pousser à les aduler, à les vénérer, et à les prendre pour des personnes extraordinaires dont le quotidien n’est que chambres de luxe, restaurants en plein air, barbecues haut de gamme, lunettes de soleil, océans bleu turquoise et relations torrides. Ces personnes qui ne vous disent jamais comment elles s’y sont prises pour obtenir ce train de vie haletant, et comment elles parviennent à le maintenir. Ce sont ces gens-là qui sont suivis par des millions de fans, et qui accumulent un nombre de vues astronomique sur les réseaux sociaux. Car c’est ce qui justifie leur existence.

Donc si vous avez acheté votre connexion juste pour vous distraire, allez vous distraire sur leurs plateformes. Une chose est certaine, vous ne vous ennuierez pas du tout ! Là où l’on s’ennuie, c’est sur des pages comme celle-ci.

Mais je constate que tu continues de lire, et j’en suis fort heureux. Maintenant, observe bien l’image ci-dessous. C’est typiquement le genre de photos qui vous attirent chez vos chères « idoles ». Or, comme tu peux le constater, tout le monde peut faire ce type de photo et la mettre en ligne pour donner l’impression que sa vie est un rêve, et qu’il a le portefeuille bien garni. Alors, ne vous y trompez pas : dans nos téléphones nous disposons d’un album encore plus vaste que celui de vos « stars » en papier trempé, et si notre objectif était de vous rendre envieux d’une vie vaniteuse comme elles le font, il nous suffirait d’en publier des comme ça toutes les deux heures. Si je commençais par exemple à le faire aujourd’hui, mon nombre d’abonnés triplerait d’ici dimanche, et vous seriez persuadés que ma fortune rivalise avec celle de Kylian Mbappé. La seule raison pour laquelle nous ne le faisons pas, c’est que nous n’avons pas besoin de nous inventer des vies pour nous sentir exister.

Car c’est bien de cela qu’il s’agit : des vies inventées. Des mythes. Des légendes. Des mirages. À chaque fois que vous verrez quelqu’un afficher sa supposée richesse au quotidien sur les réseaux sociaux, sachez qu’il y a 98% de chances que ce soit une personne pauvre. Pauvre sur le plan matériel, mais aussi pauvre d’esprit, puisqu’elle se nourrit de l’illusion qu’elle crée auprès des adorateurs naïfs que vous êtes. Les riches, les vrais, ne font pas de bruits inutiles. C’est un autre fait scientifique. Pensez à quoi ressemble Mark Zuckerberg (propriétaire de Facebook, WhatsApp et Instagram), avec son éternel vêtement gris. À le voir, on peine à s’imaginer que l’homme pèse 85 milliards de dollars (selon le classement Forbes de mai 2023). C’est-à-dire qu’il est plus riche que le Produit Intérieur Brut du Cameroun !

De même que Kylian Mbappé, vêtu d’un simple t-shirt et d’un short, avec de longues chaussettes et une paire de baskets ordinaires à son arrivée au Cameroun, alors qu’il touche 46 millions d’euros par an. Vous voyez bien le paradoxe.

Renversez un tonneau vide, et le ramdam vous surprendra !

ÉPILOGUE – LA BALEINE NOYÉE

Et puisque tout ce qui est bâti sur du sable finit par s’effondrer, puisque les apparences meurent de leur propre vanité, vous constatez ces derniers temps que petit à petit le château de cartes s’écroule. Peu à peu les masques tombent, et ces « superstars » que vous avez magnifiées par le passé se révèlent n’être que de tristes illusionnistes, dont le quotidien réel est souvent encore plus misérable que le vôtre. Dans la fable du Corbeau et du Renard, Jean de la Fontaine précise que « tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute ». Autrement dit, c’est parce qu’il est facile de vous manipuler par ce type d’images que ces médiocres individus sont devenus à vos yeux des modèles à suivre. Or leur mythomanie et leur charlatanisme n’ont fait que détruire la société, en faisant croire aux jeunes (notamment aux jeunes filles) qu’on pouvait devenir millionnaire sans efforts, et sans jamais être dans son supposé lieu de travail.

( Ou en posant des ongles, ou en vendant des laits de toilettes, sans que l’on ne constate une consommation massive de ces produits par les gens autour de nous.)

On le voit pourtant, même les plus grandes structures de la planète connaissent des soucis commerciaux. Aujourd’hui, le consortium franco-néerlandais Air France-KLM est la première compagnie aérienne mondiale. Or en 2021, le groupe a enregistré une perte nette d’environ 4 milliards d’euros (c’est-à-dire 0 bénéfice, et solde négatif). La concurrence est si rude, notamment à cause des compagnies à bas prix (les fameux « low cost » tels que l’irlandais Ryanair ou l’anglais EasyJet) que Air-France-KLM s’est vu contrainte d’ouvrir elle aussi des filiales à prix réduits, à l’instar de “Hop !” et “Transavia”. Mais au Cameroun, des « entrepreneurs » dont vous ne voyez jamais l’entreprise, ni les produits, ni les employés, ni les données fiscales, ni les coûts de production, vous montrent des photos de voyages hebdomadaires en première classe, des sacs à main Gucci, et des séances de détente dans des saunas, des jacuzzis ou autres spas. Une vie que même le président de Singapore Airlines ne mène pas… Puisqu’il est justement au bureau toute la semaine, pour faire tourner sa compagnie !

Le produit le plus vendu au Cameroun est donc à l’heure actuelle… l’air ; le vent ; la fumée transparente.

Et le pays s’affirme à la fois comme premier producteur et premier consommateur mondial !

EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED

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