Avec AFP

Après avoir été réélu à la tête de la Turquie, le président Recep Tayyip Erdogan a officiellement prêté serment, samedi à Ankara, pour un troisième mandat. Dans la soirée, il a annoncé la formation de son nouveau cabinet, profondément remanié notamment à la Défense, aux Affaires étrangères et à l’Économie.

Journée d’investiture pour Recep Tayyip Erdogan. Le président turc, reconduit dimanche à la tête du pays, a prêté serment samedi 3 juin à Ankara pour un nouveau mandat de cinq ans. Le chef de l’État a juré “d’assumer son devoir avec impartialité” devant les 600 députés élus le 14 mai.

Les députés du CHP (opposition), dont le candidat Kemal Kliçdaroglu a contraint pour la première fois Recep Tayyip Erdogan à un second tour de scrutin avant de s’incliner, sont restés assis quand l’assemblée s’est levée.

“En qualité de président, je jure de protéger l’existence et l’indépendance de l’État, l’intégrité de la patrie, la souveraineté inconditionnelle de la nation, l’État de droit (et) le principe d’une république laïque” telle que conçue par Atatürk, le “père des Turcs”, a déclaré le président, connu pour la défense de positions islamo-conservatrices.

Sous une pluie diluvienne, il s’est ensuite rendu au mausolée d’Atatürk sur une colline d’Ankara, d’où il a brièvement salué “une nouvelle ère”, s’engageant “à ramener les victimes du séisme chez elles dès que possible”.

Puis, il a regagné le fastueux palais présidentiel qu’il a fait construire sur une colline à l’écart du centre d’Ankara, où il a donné un dîner de gala.

Le secrétaire général de l’Otan présent

Près de 80 chefs d’État et ministres étrangers ont assisté aux cérémonies. Parmi eux, le président d’Azerbaïdjan Ilham Aliev, proche allié d’Erdogan, et les Premiers ministres de Hongrie, Viktor Orban et d’Arménie, Nikol Pachinian, qui furent parmi les premiers à le féliciter pour sa réélection après vingt ans de pouvoir.

Également notables, la présence du chef de l’État vénézuélien Nicolas Maduro et celle de nombreux chefs d’État africains – Congo, Rwanda, Somalie, Afrique du Sud – témoignant de la diplomatie active d’Ankara sur le continent.

Outre les présidents, la présence du secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg, confirmée par l’Alliance, jette un éclairage particulier sur les festivités. 

La Turquie, qui maintient son veto à l’entrée de la Suède dans l’Alliance atlantique depuis 13 mois, se fait courtiser pour accepter de le lever d’ici le sommet de l’Organisation à Vilnius, en juillet. 

“Message limpide à nos amis suédois ! Respectez vos engagements (…) et prenez des mesures concrètes dans la lutte contre le terrorisme. Le reste suivra”, avait tweeté jeudi soir le ministre des Affaires étrangères sortant, Mevlut Cavusoglu. 

Malgré une Constitution amendée et une nouvelle loi contre le terrorisme, Ankara reproche toujours à la Suède d’abriter des réfugiés kurdes qu’elle qualifie de “terroristes”. 

Un cabinet profondément remanié

Dans la soirée, après le dîner de gala, Recep Tayyip Erdogan s’est rendu au palais présidentiel de Cankaya, qu’occupait Mustafa Kemal, pour annoncer la composition de son nouveau gouvernement, profondément remanié notamment à la Défense, aux Affaires étrangères et à l’Économie.

Comme attendu, c’est un expert reconnu, Mehmet Simsek, ancien ministre des Finances (2009-2015) puis vice-Premier ministre chargé de l’Économie (jusqu’en 2018) qui reprend les rênes de l’Économie, l’une des priorités pour le pays.

Le nom de Mehmet Simsek, 56 ans, circulait avec insistance : ancien économiste à la banque américaine Merrill Lynch, il sera chargé de rétablir un peu d’orthodoxie dans la politique financière du pays afin de ramener la confiance des investisseurs.

Outre une inflation à plus de 40 % – et même 73 % sur l’année 2022 – la monnaie nationale est en chute libre à plus de 20,95 livres turques pour un dollar samedi, en dépit des milliards de dollars engloutis durant la campagne pour en retarder le naufrage.

Les principaux ministères régaliens sont également renouvelés : ainsi, Hakan Fidan, ancien chef du MIT, le service des renseignements turcs, prend la tête des Affaires étrangères en remplacement de Mevlut Cavusoglu.

À la Défense, Yasar Güler, chef d’état-major des Armées, succède à Hulusi Akar, ancien chef d’état-major qui occupait ce ministère depuis juillet 2018. Hulusi Akar était considéré comme l’artisan de la résistance au putsch raté de juillet 2016.

Seuls deux ministres, la Santé et la Culture, sont maintenus à leur poste.

Les conservateurs en bonne place

Recep Tayyip Erdogan, contraint pour la première fois à un deuxième tour, a obtenu 52,18 % des votes contre 47,82 % à son opposant, le social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu, selon les résultats officiels publiés jeudi, au terme d’une campagne amère qui laisse le pays polarisé entre les deux camps. 

Le parlement, élu le 14 mai en même temps que se tenait le premier tour de la présidentielle, a pris pour sa part ses quartiers vendredi à Ankara : le parti AKP du président et ses alliés y détiennent la majorité des 600 sièges. 

Les conservateurs y siègent en bonne place, tant du côté du gouvernement (avec le MHP, ultranationaliste) que de l’opposition, avec le Bon Parti, allié de circonstance pour la présidentielle à Kemal Kiliçdaroglu. 

Avec AFP 

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