Avec RFI

Les Forces de défense de l’Ambazonie parlent d’un « événement malheureux » et exprime ses regrets, déclarant que le journaliste Anye Ndé Nsoh, tué dimanche 7 mai dans la capitale régionale du Nord-Ouest anglophone, au Cameroun, n’était pas la cible visée initialement par l’opération.

Anye Ndé Nsoh aurait été victime d’une « erreur sur la personne » visée : c’est ce que déclare dans une vidéo Capo Daniel, leader en exil des Forces de défense de l’Ambazonie, un des mouvements séparatistes des régions anglophones du Cameroun.

Capo Daniel affirme que c’est une unité des Forces de défense ambazoniennes qui a mené l’opération dimanche 7 mai au soir dans le centre de Bamenda. L’objectif était de s’en prendre à un commandant militaire habitué du bar à l’extérieur duquel le journaliste a été tué. Le leader séparatiste exprime ses regrets, sa compassion à l’égard des proches et assure que son mouvement s’est engagé à considérer les journalistes comme devant être protégés.

Des journalistes qui travaillent dans la peur

En réaction, une trentaine de journalistes rassemblés à Bamenda portait des pancartes avec écrit notamment des « Une erreur d’identité ? C’est inacceptable ! », « Justice pour Anye »  ou encore « Arrêtez la guerre ». Sur de grandes feuilles de papier, les journalistes comme Arnold Kwamo ont inscrit leur fatigue d’exercer sous pression. « On travaille dans la peur. Rien que vous déplacer avec votre caméra ou votre trépied, on vous traite comme si vous aviez une arme. Des collègues sont partis il y a longtemps. Nos familles nous demandent pourquoi on reste. Mais si on part tous, qui va raconter ce qu’il se passe ? » 

Même questionnement pour Kebila Junior qui travaillait avec Anye Nde Nsoh à la radio Dream FM. « À Bamenda, cela peut être A qui vous cherche ou bien B. C’est très dur de faire notre travail. On essaie juste d’informer le public sur ce qu’il se passe ici et en dehors de Bamenda. C’est seulement notre travail. Je ne vois pas pourquoi ils nous cherchent, pourquoi ils nous tirent dessus, pourquoi ils nous tuent, je ne sais pas pourquoi. »

Enquête en cours

Au niveau des autorités départementales, le préfet de la Mezam annonce des investigations et demande à la population de collaborer. De son côté, le Comité international pour la protection des journalistes (CPJ) appelle les autorités du Cameroun à une enquête minutieuse avec des poursuites contre les auteurs et demande que ce meurtre ne soit pas utilisé à des fins de propagande. La CPJ rappelle que les journalistes dans les régions anglophones exercent sous la pression des combattants séparatistes et des forces gouvernementales.

Anye Nde Nsoh avait 26 ans. Il était à la tête du bureau régional du journal The Advocate, couvrait l’actualité sportive et travaillait aussi pour plusieurs radios, notamment City FM, Dream FM. Selon le syndicat anglophone, Camasej, l’attaque a été menée par deux hommes armés. Anye Nde Nsoh a alors été touché à la poitrine et il est mort avant d’avoir été conduit à l’hôpital.

Angela Quintal, coordinatrice du programme Afrique du CPJ rappelle que « les journalistes dans les régions anglophones du Cameroun se trouvent sous la pression des forces gouvernementales et des combattants séparatistes. Chaque camp doit respecter les droits des journalistes à exercer leur travail librement et doit assurer leur sécurité ». 

Depuis 2017, les deux régions à majorité anglophone du Cameroun, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest, sont endeuillées par les violences entre forces gouvernementales et groupes armés séparatistes. 

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