Avec AFP

A Paris et dans plusieurs villes de France, des manifestants se sont rassemblées pour répondre par un concert de casseroles à l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron. Dans la capitale, l’intervention du Président a été suivie de manifs spontanées et de feux de poubelles.

Un concert de bruits et de reproches. Alors que l’Elysée espère tourner la page de la crise politique et sociale ouverte par l’adoption au forceps de la réforme des retraites, l’allocution télévisée prononcée lundi 17 avril par Emmanuel Macron a été accueillie par des manifestations bruyantes dans plusieurs villes de France et les critiques appuyées des syndicats comme des forces d’opposition.

Dans un communiqué commun diffusé lundi soir, l’intersyndicale a estimé que les propos du président de la République « démontrent qu’il n’a toujours pas compris la colère qui s’exprime dans le pays » et a de nouveau appelé à faire du « 1er-mai une journée de mobilisation massive, unitaire et populaire » contre la réforme des retraites.

« Cette allocution aurait pu être faite par ChatGPT. Il y avait un côté très désincarné », a ironisé sur LCI la cheffe de file de la CGT, Sophie Binet. « La CFDT, un jour ou l’autre, ira discuter des conditions de travail, des salaires. Mais on veut un minimum de décence dans cette relation-là. On ne répond pas quand on nous siffle », a tranché de son côté le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger.

Les réactions des principales figures des formations d’opposition ne sont guère plus enthousiastes. « J’accueille avec scepticisme ce long catalogue de vœux pieux qui n’apporte ni cap ni nouveauté, malgré des objectifs tout aussi louables qu’évidents »,a déclaré le président du parti Les Républicains Eric Ciotti, tandis que Marine Le Pen (Rassemblement national) a étrillé une « pratique déconnectée, solitaire et obtuse du pouvoir ». « Irréel Macron. Complètement hors de la réalité, assume le vol de deux ans de liberté. Les casseroles sonnent plus juste », a tweeté de son côté le chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

Outre les critiques des oppositions et des syndicats, l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron a en effet été accueillie lundi soir par des concerts de casseroles de manifestants entendus dans plusieurs villes de France. L’ONG altermondialiste Attac, qui avait lancé un appel à de telles « casserolades » devant les mairies, a recensé « plus de 300 rassemblements » en France.

A Paris, plusieurs rassemblements étaient programmés et les manifestants ont commencé peu avant 20 heures à faire du bruit en tapant sur des casseroles ou des poêles à l’aide de cuillers ou d’autres ustensiles. Plusieurs centaines de personnes se sont notamment réunies devant la mairie du 10e arrondissement, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse, un cortège qui s’est ensuite mis en mouvement dans la capitale. Les manifestants arboraient de nombreux drapeaux des partis LFI, NPA, PCF, EELV ou encore de l’organisation Attac ou de la CGT, et scandaient « Macron démission », ou « Paris soulève-toi ».

Ce rassemblement a ensuite laissé place à trois manifestations sauvages dans Paris, comptant au total quelque 2 000 manifestants, a annoncé la préfecture, qui avait recensé en fin de soirée 16 feux de poubelles, tous éteints.

La devanture d’un poste de police incendiée à Lyon

A Lyon, la situation était tendue, selon notre correspondant sur place Richard Schittly. Un début d’incendie volontaire a visé le poste de la police municipale du 1er arrondissement, lundi vers 21 h 15, lors d’une manifestation spontanée qui a dégénéré. Au même moment, à proximité, un groupe est entré par effraction dans la mairie de ce même arrondissement, dans laquelle des tags ont été peints sur les murs.

Un groupe d’environ deux cents individus a provoqué les forces de l’ordre tout au long de la soirée, en semant feux de poubelles et objets sur la chaussée. Des abribus ont été systématiquement détruits autour de la place de la Croix Rousse, dans le 4e arrondissement.

Les policiers sont intervenus à plusieurs reprises en utilisant du gaz lacrymogène. La préfecture de Lyon a diffusé un communiqué pour faire état de « plusieurs incendies volontaires » pour exprimer « son soutien aux forces de sécurité intérieure encore mobilisées pour mettre fin à cette manifestation sauvage ». Peu avant minuit, les forces de l’ordre ont encore fait usage de grenades lacrymogènes et de désencerclement pour disperser des groupes qui leur étaient hostiles.

Des barricades à Strasbourg

A Saint-Etienne, de petits groupes ont continué à déambuler dans le centre-ville après une manifestation d’environ 300 personnes, selon la préfecture, qui a fait état de tags, poubelles incendiées et bris de vitrines, notamment d’une agence bancaire. Des feux de poubelles ont aussi émaillé les déambulations de manifestants à Rennes et Caen. A Nantes et à Angers, des manifestations non déclarées ont également eu lieu après l’allocution.

A Strasbourg, après le concert de casseroles qui a duré environ une heure dans le centre-ville, quelques centaines de personnes ont improvisé des barricades au milieu des rues à l’aide de conteneurs à poubelles ou d’objets de chantier pour barrer la route à la police, a constaté l’AFP, et les forces de l’ordre ont fait à plusieurs reprises usage de gaz lacrymogènes.

Plusieurs centaines de manifestants se sont réunies sur le Vieux-Port de Marseille avant de se diriger vers l’hôtel de ville, certains scandant « Macron démission ». Des habitants ont soutenu les manifestants en tapant sur des casseroles depuis leur balcon.

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