Par Wilfried EWANE

Ils sont commissaires divisionnaires ou administrateurs civils. Du pionnier Jean Marie Evina Edjo’o jusqu’au secrétaire d’État chargé de la sécurité intérieure Jean Fochivé ; ces hauts commis de la république ont marqué d’une empreinte indélébile l’histoire de ce corps d’élite.

Jean-Marie Evina Edjo’o (1960 – 1962): Le dinosaure

Il fut porté à la tête de la police camerounaise à l’aube des indépendances. Natif de l’ancienne province du Centre- Sud, Jean Marie Evina Edjo’o assuma les fonctions de directeur de la sûreté nationale pendant deux ans.

Paul Pondi (1962- 1972): Le vieux briscard

Il a conservé jusqu’à très récemment le record de longévité à la tête de la police. L’ancien ambassadeur du Cameroun aux États-Unis ( nommé par Paul Biya) qui fut pendant plusieurs années, doyen du corps diplomatique accrédité à Washington, fut chargé de nombreuses missions secrètes par Ahmadou Ahidjo, lors des assisses de Foumban. Ce natif de Ngog Mapubi dans le département du Nyong et Kellé est considéré à juste titre comme l’un des pères fondateurs de la police et un artisan de l’unification du Cameroun.

Samuel Enam Mba (1972- 1976): Sur les pas de Evina Edjo’o…

Administrateur civil, originaire de l’ancienne province du Centre-Sud; il est réputé avoir piloté avec maestria, sous la houlette du premier président ; les missions secrètes amorcées par son prédécesseur Paul Pondi, relativement à l’unification et à la réunification des deux camerouns.

Samuel Ngbwa (1976- 1983): Le mouton noir de Biya Paul

Si Ahmadou Ahidjo avait pris en compte son bulletin de renseignements ; Paul Biya ne serait jamais devenu président de la république du Cameroun. En 1982, Samuel Ngbwa avait à la demande d’Ahmadou Ahidjo commis une note d’information à charge. En effet, l’ancien patron de la police deconseillait vivement au père des indépendances de faire de Paul Biya, son successeur constitutionnel, au motif que l’ex premier ministre était quelqu’un de peu fiable.

Martin Mbarga Nguelé (1983- 1984, 2011… : Le plus vieux flic encore en fonction

Directeur des renseignements généraux en 1982, Paul Biya lui doit pratiquement son accession à la magistrature suprême. À l’opposé de son ex patron Samuel Ngbwa ; le commissaire divisionnaire Martin Mbarga Nguelé avait commis une note d’information favorable à l’ancien premier ministre. C’est pour le récompenser, que l’actuel Dgsn avait été muté comme ambassadeur au lendemain du coup d’État avorté du 06 Avril 1984. Sa longévité de 12 ans à la tête de la police camerounaise y tiendrait également.

Denis Ekani (1985- 1989): Le réformateur

Administrateur civil de formation, docteur en droit et avocat ; Denis Ekani fut aussi Directeur général de l’organisation africaine de la propriété intellectuelle. Il reste d’abord perçu dans ses fonctions de patron de la police ; comme un grand réformateur.

Gilbert Andze Tsoungui (1989- 1990): La fidélité chevillée au corps

Limogé de la grande muette, Gilbert Andzé Tsoungui fut parmi les premières personnalités neutralisées par les mutins au petit matin du 06 Avril 1984. Patron de la police, pendant douze mois, ce ponte du régime de Yaoundé est considéré par des observateurs avertis du landerneau politique, comme celui là même ; qui avait inversé les résultats de la présidentielle d’octobre 1992 au profit de Paul Biya ; arrivé troisième du scrutin derrière les candidats Ni John Fru Ndi du Sdf et Maïgari Bello Bouba de l’undp. Des indiscrétions font savoir que le passage de cet administrateur civil chevronné à l’immeuble siège de la police sis au lieu dit carrefour Nlongkak à Yaoundé ; visait surtout à le préparer aux hautes fonctions futures.

François Roger Nang (1990- 1991): L’éphémère chef de corps…

Nul ne se souvient plus, du passage de cet éphémère délégué général à la sûreté nationale à la tête de la police. Réputé timoré et indécis ; cet Administrateur civil n’a pas tenu, dans ses fonctions, au-delà de douze mois.

Jean Fochivé (1991- 1996): L’épouvantail

Le retour aux affaires de l’ancien patron de la police politique d’Ahmadou Ahidjo fit l’effet d’une onde de choc, dans les rangs de l’opposition camerounaise pendant les années dites de braise. Sans son apport , il va sans dire que Paul Biya ne serait peut-être plus au pouvoir de nos jours. Nommé secrétaire d’État chargé de la sécurité intérieure (Sesi) en 1991; l’ex chef du contre-espionnage devint délégué général à la sûreté nationale de 1992 à 1996.

Luc Loé (1996- 1997): erreur de casting

L’ex gouverneur de la province du littoral était arrivé à la tête de la police camerounaise suite à une erreur de casting. Paul Biya avait plutôt jeté son dévolu sur l’ex gouverneur de la province du Nord-ouest Bell Luc René; mais l’ancien secrétaire général de la présidence de la république avait à la dernière minute ; préféré faire appel à Luc Loé.

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