Avec AFP et Arlette MINSILI

CHOIX. Dans un contexte de vives tensions, le pays le plus peuplé d’Afrique s’apprête à choisir son président, lors d’une compétition acharnée entre trois candidats.

Entre pénuries et risques de violences, les Nigérians s’apprêtent à élire samedi le prochain président du pays le plus peuplé d’Afrique lors d’un scrutin qui s’annonce tendu et dont l’issue reste incertaine.

Pour la première fois depuis le retour à la démocratie en 1999, le Nigeria pourrait connaître une présidentielle à deux tours, alors que la popularité croissante d’un candidat outsider et une pénurie de billets de banque sont venues chambouler la campagne.

À 80 ans, le président Muhammadu Buhari se retire après deux mandats marqués par une explosion de l’insécurité et de la pauvreté dans ce pays où 60 % de la population a moins de 25 ans.

Quelque 93 millions d’électeurs sont appelés dans 176 000 bureaux de vote pour élire son successeur parmi 18 candidats, ainsi que des députés et des sénateurs. Un rendez-vous crucial alors que le Nigeria devrait devenir en 2050 le troisième pays le plus peuplé au monde et que l’Afrique de l’Ouest est menacée par un fort recul démocratique et la propagation de violences djihadistes.

Sur les 18 candidats, dont une femme, qui briguent la présidence, seuls trois profils semblent se détacher et présenter de réelles chances de succéder au président sortant Muhammadu Buhari, 80 ans, au bilan jugé catastrophique.

Atiku Abubakar, éternel candidat à la présidence du Nigeria

Atiku Abubakar

Parmi eux : Atiku Abubakar, 76 ans, représentant du principal parti d’opposition, le Parti démocratique populaire (PDP). Cet ancien vice-président (1999-2007) tente sa chance pour la sixième fois. Seul favori à être originaire du nord, il espère rafler de nombreux votes dans cette région stratégique.

Bola Tinubu, le « Parrain » de Lagos

Bola Tinubu

Bola Tinubu, 70 ans, est également en lice pour le compte du parti au pouvoir, le Congrès des progressistes (APC). Cet ancien gouverneur de Lagos (1999-2007) est surnommé le « Parrain » du fait de son immense influence en politique. Lors de sa campagne, ce Yoruba (ethnie majoritaire dans le Sud-Ouest) de confession musulmane n’a cessé de répéter qu’il est le seul à même de pouvoir redresser le Nigeria, vantant son bilan à Lagos. Richissime homme d’affaires, il a gravi tous les échelons politiques au gré d’accusations de corruption sans jamais être condamné.

Peter Obi, la troisième force

Peter Obi

Et un outsider semble sortir du lot ces derniers mois. Peter Obi, 61 ans, est le candidat du Parti travailliste (LP). Cet ancien gouverneur de l’Anambra (Sud-Est) se présente comme le candidat du changement et est ultrapopulaire chez la jeunesse urbaine. Peter Obi, un Igbo du Sud-Est – réputé pour son intégrité et sa bonne gouvernance – s’est mué au fil des mois en candidat crédible à l’élection présidentielle au Nigeria, face à l’establishment vieillissant du géant ouest-africain. « Pendant des décennies, la classe politique nigériane, en collaboration avec d’autres élites, a été incroyablement corrompue et imprudente dans la gestion du pays. Il est temps de changer », a insisté celui dont la candidature semblait il y a encore quelques mois se résumer à un phénomène sur les réseaux sociaux dans une tribune mi-février pour l’hebdomadaire britannique The Economist.

De quoi attirer les électeurs désabusés et les jeunes après huit années marquées par des crises successives et une insécurité aujourd’hui quasi généralisée. Des trois favoris, il est d’ailleurs le seul chrétien face à deux musulmans, ce qui pourrait lui rapporter des voix. Ses priorités, le redressement économique et la lutte contre l’insécurité, ne le différencient guère.

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