Par Christophe MVONGO

Avec l’arrestation de plusieurs proches du patron de Telesud à l’immeuble Ekang, siège social de ses entreprises au quartier Warda jeudi, l’avenir du commanditaire désigné de l’assassinat de Martinez Zogo s’écrit désormais en pointillés.

Les dernières nouvelles ne sont pas bonnes, pour le self-made-man Jean Pierre Amougou Belinga depuis son interpellation lundi dernier aux aurores.

Dénoncé par le lieutenant colonel Justin Danwe Directeur des opérations à la direction générale de la recherche extérieure (Dgre), comme étant le commanditaire de l’assassinat de Martinez Zogo ; l’enfant terrible de Nkoumadzap s’apprête à passer ce vendredi, sa cinquième nuit de garde à vue au groupement territorial de gendarmerie du centre à Yaoundé.

Homme de réseaux

Rien ne prédisposait pourtant cet autodidacte, fils de cultivateur né le 20 février 1965 à être sous les feux des projecteurs. Pur produit de la presse privée, l’ancien factotum de Georges Gilbert Baongla a su capitaliser son immense carnet d’adresses ainsi que quelques accointances au sein du sérail, pour se faire une place au soleil. L’anecdote débuta véritablement en 1995, date de création du journal éponyme, avec son compagnon de route Jean Claude Fouda Abega. Quelques années plus tard, un magazine international, Satellite FM et la chaîne de télévision Vision 4 verrons successivement le jour jusqu’en 2008. Pour diversifier ses affaires, le patron des médias lorgna vers la production d’eaux minérales à travers la marque Pura; le projet fit choux blanc. Tour à tour, prestataire de services dans plusieurs ministères et filleul affirmé de Laurent Esso, un apparatchik du pouvoir de Yaoundé ; rien de semblait arrêter l’ascension fulgurante de Jean Pierre Amougou Belinga qui épousa en secondes noces, dans les conditions tumultueuses; la magistrate Bakweri Sarah Limunga Itambi, ex épouse Monono.

Achat de Telesud avec un chèque de l’Etat du Cameroun

Depuis lors, l’homme d’affaires arpente les ors de quelques palais présidentiels africains, où il est aperçu aux côtés des chefs d’État : de Malabo à Bangui, de Lomé à Banjul, rien ne semblait freiner son ascension. Même pas, les présuppositions de blanchiment de capitaux qui l’accablaient.

L’acquisition dans les conditions pour le moins suspectes de la chaîne Telesud à Paris avec un chèque de 1,878,171,89€ tiré à l’ordre de Christophe Ketchankeu le payeur auprès de l’ambassade du Cameroun en France avait fait couler beaucoup d’encre et de salive. Tout comme l’ouverture dans la foulée, de l’établissement de microfinance (Vision Finance), suivi par l’Institut supérieur des sciences, arts et métiers (Issam) et surtout in fine, par la dernière née du groupe, Vision Assurance furent portés sur les fonts baptismaux. En 2021, ce polygame qui s’assume comme tel, épousa en troisième noces, la présentatrice employée à Vision 4, Mélissa Nsoe, fille du colonel Raymond Thomas Étoundi Nsoe, ex commandant de la garde présidentielle (GP) retraité. À la tête d’une fortune estimée à quelques centaines de milliards de francs Cfa. C’est une dénonciation de l’agence nationale de l’investigation financière (Anif) qui fut à l’origine des déboires de Jean Pierre Amougou Belinga. C’est elle, qui avait d’ailleurs prêté le flanc au tonitruant redressement fiscal d’une dizaine de milliards de francs Cfa, qui s’acheva en feuilleton politico- judiciaire.

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