Par Wilfried EKANGA

« SATAN AVEC NOUS »

Çaadirr, ce sadique de Sadi

Le ministre de la Communication de Paul Biya est comme son vieux président : il ne communique pas. Et comme son mentor de 90 ans, les rares fois où il ouvre la bouche, le ratio d’inepties qui en sortent vous permet de comprendre pourquoi il ne communiquait pas. On dit que lorsque ce que tu t’apprêtes à dire est plus bête que le silence, choisis le silence.

Mais après avoir attendu quatre (04) jours dans un silence de cadavre depuis le kidnapping de Martinez Zogo par un groupe de cannibales en cagoule, René Emmanuel Sadi – l’homme qui tient pourtant des conférences de presse à 23 heures contre les opposants politiques au régime sauvage qu’il défend – est enfin sorti de sa termitière… pour nous pondre le communiqué le plus idiot de l’histoire, tous pays confondus ! Mais au-delà de la débilité de ce papier-toilette, ce qui nous glace véritablement le sang, c’est son degré de cynisme !

Car dans cette serpillière sans queue ni tête, René Sadi ne condamne pas l’acte, ni n’annonce les sanctions sévères qui devront s’appliquer sur les auteurs de ce kidnapping barbare – qui s’est pourtant déroulé au vu et au su d’une équipe de gendarmes amorphes et en jupes -, ni ne dénonce le fait que ces animaux se soient substitués à l’État pour se faire justice à eux-mêmes en enlevant un citoyen, et que si quelqu’un à des choses à reprocher à Zogo, c’est aux autorités compétentes de s’en saisir après dépôt d’une plainte, et de déterminer, au bout d’un procès équitable et impartial, si l’accusé est coupable ou non. C’est comme ça que ça marche… dans un pays.

Mais dans un soupçon de pays où des milliardaires – en argent du contribuable – achètent des consciences à de misérables affamés pour exécuter la sale besogne à leur place et régler leurs comptes à plus faible, voilà tout un ministre de la Communication, dépourvu de toute rationalité et de toute compassion humaine, qui préfère vous expliquer qu’en fin de compte, Martinez l’a bien cherché ! Il aurait dû respecter la « déontologie journalistique », le nouveau terme à la mode. Et par « déontologie », il faut comprendre : il aurait dû faire le chien-chien comme les « journalistes » de Vision 4, la chaîne la plus sale et la plus tribaliste d’Afrique depuis la RTLM au Rwanda en 1994.

Zogo aurait dû dire que Amougou Belinga est très beau, très humble, que sa fortune ne provient pas des lignes sombres du ministère des finances, et qu’il n’a pas près de 180 entreprises fictives. Mais puisqu’il a osé dénoncer des faits, (c’est-à-dire appeler un bandit un bandit), il mérite ce qui lui est arrivé. Voilà le résumé du lugubre communiqué, ni plus ni moins !

Car dans un État voyou où la loi a disparu et où des vauriens sont célébrés comme des modèles et obtiennent un pouvoir immense par copinage et par affinités villageoises, on crucifie la victime plutôt que le vampire. C’est celà, le paradigme de la norme inversée dont je parle tous les jours dans mes textes. René Sadi, c’est le type de sorcier du village qui vous fait comprendre que si votre fille a été violée cette nuit, c’est parce qu’elle portait une robe moulante. Le violeur n’a rien fait. « Elle partait d’abord chercher quoi dehors en pleine nuit avec cette robe ?»

C’est cette mentalité démoniaque que ce sinistre gouvernement a inculquée à des millions de Camerounais, y compris ceux qui me lisent. La peur d’être tués a perverti vos esprits, alors vous préférez déverser vos frustrations sur ceux qui, comme vous, subissent, au lieu de vous aligner contre les seuls vrais criminels, que vous connaissez pourtant fort bien ! Les seuls vrais bandits, les seuls vrais Microbes, le seul vrai Gang de Malfrats, ce sont ceux que vous appelez « Excellence »

On vous l’explique en quelle langue ?!!

EKANGA EKANGA CLAUDE WILFRIED

(Le 31 décembre, Paul Biya vous a dit que les prévaricateurs de la fortune publique répondront de leurs actes. Deux semaines après, un journaliste est capturé pour avoir dénoncé un prévaricateur de la fortune publique. Est-ce que vous réalisez enfin à quel point il est stupide de confier son avenir à un sarcophage ambulant de 90 ans ? Ou bien il vous faut un deuxième Samuel Wazizi pour comprendre ?)

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