Avec Arlette MINSILI et AFP

Des dizaines de milliers de fidèles se sont réunis jeudi place Saint-Pierre à Rome pour assister aux obsèques de Benoît XVI. La cérémonie, présidée par le pape François, a été suivie d’une inhumation privée dans la crypte de la basilique où reposait Jean Paul II jusqu’à sa béatification en 2011.

Une cérémonie “solennelle mais sobre”, selon les mots du Vatican. Le pape François a rendu jeudi 5 janvier un ultime hommage à son prédécesseur Benoît XVI, décédé samedi à 95 ans, lors des funérailles du l’ancien pontife allemand dans le cadre solennel de la place Saint-Pierre, en présence de 50 000 fidèles auxquels se mêlaient chefs d’État et têtes couronnées.

“Benoît […] que ta joie soit parfaite en entendant la voix [de Dieu], définitivement et pour toujours !”, a lancé le pape lors de son homélie prononcée depuis l’autel dominant la gigantesque esplanade devant la basilique.

Entouré de cinq cardinaux, François, arrivé en chaise roulante, faisait face au simple cercueil de bois renfermant la dépouille de Benoît XVI, né Joseph Ratzinger, sur lequel a été placé un exemplaire des évangiles. La cérémonie, ponctuée de prières et de chants, a duré environ une heure vingt.

La messe, de rite latin et en plusieurs langues, était concélébrée par plus de 4 000 cardinaux, évêques et prêtres, mais son caractère exceptionnel résidait dans la présence d’un pape aux obsèques de son prédécesseur, une première dans l’histoire récente de l’Église.

À la fin de la cérémonie, le cercueil a été transporté à l’intérieur de la majestueuse basilique Saint-Pierre pour y être inhumé dans la crypte où reposait son prédécesseur, Jean Paul II, jusqu’à sa béatification en 2011, date à laquelle son cercueil a été déplacé.

Une banderole demandant un Benoît XVI “saint tout de suite”

Auparavant, le pape François, debout et appuyé sur une canne, a fait un signe de croix devant le cercueil, a brièvement touché celui-ci puis a incliné la tête en forme de dernier salut.

Dans la foule, un groupe de fidèles brandissait une banderole avec l’inscription en italien “Santo subito” (“Saint tout de suite”), un slogan scandé lors des funérailles de Jean Paul II pour demander sa canonisation immédiate.

Parmi les nombreux chefs d’État et de gouvernement présents dans l’assemblée figurait notamment le chancelier allemand, Olaf Scholz, compatriote du défunt pape. Les cloches ont retenti à 11 heures (10 heures GMT) dans plusieurs villes allemandes, dont le village natal de Benoît XVI en Bavière, Marktl.

Avant la cérémonie, les fidèles, parmi lesquels de nombreux prêtres et religieuses, avaient patiemment attendu pour passer les portiques de sécurité et entrer sur la place entourée de la colonnade du Bernin. Certains sont venus avec des drapeaux allemands et bavarois, mais aussi argentins. Des fidèles allemands brandissent une grande banderole disant “Merci Benoît !”

“Je considère Benoît XVI un peu comme mon père et donc je ne pouvais rater cette occasion de lui rendre hommage”, confiait à l’AFP Cristina, une Milanaise âgée de 59 ans arrivée à l’aube. 

Benedikt, un Allemand de 34 ans venu d’Aix-la-Chapelle, s’est dit très ému : “Nous sommes ici pour lui rendre hommage […]. Nous n’aurons plus de pape allemand.”

De lundi à mercredi, près de 200 000 fidèles étaient déjà venus à la basilique Saint-Pierre se recueillir devant la dépouille du théologien allemand, décédé samedi à 95 ans et dont la renonciation en 2013 avait surpris le monde entier.

La fin de dix ans de cohabitation

Conformément à la tradition, le cercueil en cyprès de Benoît XVI contient des pièces de monnaie et des médailles frappées pendant son pontificat, son pallium [vêtement liturgique] ainsi qu’un texte décrivant brièvement son pontificat, placé dans un cylindre métallique.

Un tel événement est une première dans l’histoire récente de l’Église catholique qui compte 1,3 milliard de fidèles dans le monde. En 1802, Pie VII avait célébré les obsèques de Pie VI, mort en exil en France trois ans plus tôt, mais ce dernier n’avait pas renoncé à sa charge.

En Allemagne, la conférence épiscopale a invité les églises du pays à faire retentir leurs cloches en hommage à l’intellectuel bavarois. L’Italie a pour sa part mis les drapeaux en berne sur les bâtiments publics, tandis que le Portugal a décrété une journée de deuil national.

La mort de Benoît XVI met un terme à dix ans de cohabitation entre deux hommes en blanc au Vatican, du jamais vu dans l’histoire deux fois millénaire de l’Église.

Brillant professeur de théologie, Joseph Ratzinger, intellectuel réservé, peu à l’aise avec les médias et les bains de foule, a été pendant un quart de siècle le strict gardien du dogme de l’Église à Rome, à la tête de la Congrégation pour la doctrine de la foi avant d’être élu pape en 2005.

Son pontificat a été marqué par de multiples crises, à l’image du scandale des Vatileaks en 2012, qui avait mis au jour un vaste réseau de corruption au Vatican.

Il avait été mis en cause début 2022 par un rapport en Allemagne sur sa gestion des violences sexuelles lorsqu’il était archevêque de Munich. Il était alors sorti de son silence pour demander “pardon” mais avait assuré n’avoir jamais couvert de pédocriminel.

Avec AFP

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