Comédiens, chanteurs, responsables politiques, peintres, stylistes… De nombreuses personnalités françaises et internationales sont décédées au cours de cette année. Retour en images et en mots sur ces hommes et femmes au parcours exceptionnel (par ordre chronologique de leur décès). 

  • Sidney Poitier 

“Nous avons perdu une icône, un héros, un mentor, un combattant, et un trésor national”, a réagi le vice-Premier ministre des Bahamas, Chester Cooper, à l’annonce de la mort de l’acteur américain Sidney Poitier, décédé le 7 janvier à l’âge de 94 ans. D’origine haïtienne, le jeune Sidney Poitier grandit sur l’île Cat aux Bahamas, rêvant de cinéma et de gloire. Et commence bientôt à caresser son rêve. D’abord en suivant gratuitement des cours de comédie à l’American Negro Theater – gratuitement, en échange de services de machiniste. Puis devant les caméras de Broadway, où il décroche son premier rôle au cinéma en 1950 dans “La porte s’ouvre”, de Joseph L. Mankiewicz, film qui aborde le thème du racisme. Artiste engagé dans la lutte contre les préjugés et l’exclusion, le comédien, solaire et magnétique, devient le premier acteur noir à remporter un Oscar pour son interprétation dans “Le Lys des champs”. Avec plus de quarante films à son actif tournés en tant qu’acteur et sept long-métrages en tant que réalisateur, Sidney Poitier inscrit son nom dans la légende. Consécration ultime en 2002, il reçoit un nouvel Oscar d’honneur, cette fois pour “ses performances extraordinaires, sa dignité, son style et son intelligence”. 

L’acteur Sidney Poitier lors de la soirée des Oscars Vanity Fair 2014 à West Hollywood, en Californie, le 2 mars 2014 © Danny Moloshok, Reuters
  • Gaspard Ulliel 

Regard bleu acier, silhouette longiligne et élégante, le discret comédien et mannequin français Gaspard Ulliel est mort à 37 ans, le 19 janvier 2022. Né le 25 novembre 1984 à Boulogne-Billancourt, ce passionné de cinéma commence sa carrière à l’âge de 11 ans dans un épisode de la mini-série “Une femme en blanc”, aux côtés de Sandrine Bonnaire. Après les cours Florent, l’étoile montante du cinéma français alterne cinéma d’auteur et succès populaires. Ses interprétations justes et sincères lui valent deux César : d’abord celui du meilleur espoir masculin en 2005 pour son rôle dans “Un long dimanche de fiançailles”, puis celle du meilleur acteur en 2017 dans “Juste la fin du monde”. Tantôt “Jacquou le Croquant”, tantôt “Saint Laurent”, sa grâce naturelle lui ouvre les portes du mannequinat. Le parcours prometteur de l’égérie de Chanel s’arrête au croisement de deux pistes de ski de la Rosière, en Savoie. Un choc pour le cinéma français. Il laisse plus de trente films à la postérité.

Gaspard Ulliel lors du 68e Festival International de cinéma de Berlin, le 17 février 2018. © Axel Schmidt, Reuters
  • Thierry Mugler 

L’exubérant couturier français Thierry Mugler, qui a régné sur la mode des années 1970 aux années 2000, est décédé le 23 janvier 2022 de “mort naturelle”, à son domicile à Vincennes. Artiste touche à tout, c’est dans le milieu de la danse classique que le jeune Thierry fait ses débuts. De ses premiers entrechats d’adolescent exécutés pour le ballet de l’opéra du Rhin, il file pour la capitale à 20 ans à la recherche d’un engagement dans un corps de ballet. Ce sont pourtant ses talents de stylistes et ses tenues excentriques qui lui permettent de se distinguer. Avant-gardiste, il surprend avec un style moderne, sexy, tout en s’appropriant les codes stylistiques des divas hollywoodiennes des années 1950, à grand renfort de corsets et de poitrines dégagées. Amoureux des corps, il aime mettre en scène ses créations dans de véritables superproductions. Pour le dixième anniversaire de sa maison, en 1984, il organise la première présentation de mode publique en Europe, au Zénith, devant 6 000 personnes, à la manière d’un concert de rock. Le trublion de la mode habille les plus grands. Beyoncé, le clan Kardashian ou encore Lady Gaga ne jurent que par ses tenues fantasmagoriques et sulfureuses. Celui que l’on surnomme le “créateur de choc” laisse à 73 ans des milliers de fashionistas inconsolables.  

Le couturier français Thierry Mugler lors de la présentation de son exposition “Couturissime” au Musée des beaux-arts de Montréal, le 26 février 2019. © Martin Ouellet-Diotte, AFP
  • Jean-Louis Trintignant 

C’est à l’âge de 91 ans que ce roc du cinéma français à la voix grave et au charme enveloppant a rejoint le Panthéon du cinéma, le 17 juin 2022 à Collias, dans le Gard. Ce fils d’industriel élevé à la dure choisit les planches pour combattre sa timidité. Le jeune Jean-Louis monte ensuite à Paris suivre les cours de comédie de Charles Dullin ; sa présence magnétique et la finesse de son jeu font le reste. Pendant un demi-siècle, Jean-Louis Trintignant s’est naturellement imposé au théâtre et au cinéma jusqu’à devenir un acteur incontournable de sa génération. Le comédien auréolé des plus prestigieuses récompenses entre véritablement dans l’histoire du cinéma grâce au film “Un homme et une femme”, de Claude Lelouch, qui reçoit la Palme d’or à Cannes en 1966. L’homme aux 160 rôles reçoit en 2013 un dernier un César du meilleur acteur pour “Amour” de Michael Haneke, film lui aussi récompensé de la Palme d’or. Le destin tragique de sa fille Marie Trintignant, morte sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat, plonge l’acteur de nature mélancolique dans un profond désarroi. Atteint d’un cancer de la prostate qu’il refuse de soigner, il s’éteint “paisiblement, de vieillesse” chez lui, dans le Gard, “entouré de ses proches”, confie son épouse à la presse. 

  • Sidney Poitier 

“Nous avons perdu une icône, un héros, un mentor, un combattant, et un trésor national”, a réagi le vice-Premier ministre des Bahamas, Chester Cooper, à l’annonce de la mort de l’acteur américain Sidney Poitier, décédé le 7 janvier à l’âge de 94 ans. D’origine haïtienne, le jeune Sidney Poitier grandit sur l’île Cat aux Bahamas, rêvant de cinéma et de gloire. Et commence bientôt à caresser son rêve. D’abord en suivant gratuitement des cours de comédie à l’American Negro Theater – gratuitement, en échange de services de machiniste. Puis devant les caméras de Broadway, où il décroche son premier rôle au cinéma en 1950 dans “La porte s’ouvre”, de Joseph L. Mankiewicz, film qui aborde le thème du racisme. Artiste engagé dans la lutte contre les préjugés et l’exclusion, le comédien, solaire et magnétique, devient le premier acteur noir à remporter un Oscar pour son interprétation dans “Le Lys des champs”. Avec plus de quarante films à son actif tournés en tant qu’acteur et sept long-métrages en tant que réalisateur, Sidney Poitier inscrit son nom dans la légende. Consécration ultime en 2002, il reçoit un nouvel Oscar d’honneur, cette fois pour “ses performances extraordinaires, sa dignité, son style et son intelligence”. 

L’acteur Sidney Poitier lors de la soirée des Oscars Vanity Fair 2014 à West Hollywood, en Californie, le 2 mars 2014 © Danny Moloshok, Reuters
  • Gaspard Ulliel 

Regard bleu acier, silhouette longiligne et élégante, le discret comédien et mannequin français Gaspard Ulliel est mort à 37 ans, le 19 janvier 2022. Né le 25 novembre 1984 à Boulogne-Billancourt, ce passionné de cinéma commence sa carrière à l’âge de 11 ans dans un épisode de la mini-série “Une femme en blanc”, aux côtés de Sandrine Bonnaire. Après les cours Florent, l’étoile montante du cinéma français alterne cinéma d’auteur et succès populaires. Ses interprétations justes et sincères lui valent deux César : d’abord celui du meilleur espoir masculin en 2005 pour son rôle dans “Un long dimanche de fiançailles”, puis celle du meilleur acteur en 2017 dans “Juste la fin du monde”. Tantôt “Jacquou le Croquant”, tantôt “Saint Laurent”, sa grâce naturelle lui ouvre les portes du mannequinat. Le parcours prometteur de l’égérie de Chanel s’arrête au croisement de deux pistes de ski de la Rosière, en Savoie. Un choc pour le cinéma français. Il laisse plus de trente films à la postérité.

Gaspard Ulliel lors du 68e Festival International de cinéma de Berlin, le 17 février 2018. © Axel Schmidt, Reuters
  • Thierry Mugler 

L’exubérant couturier français Thierry Mugler, qui a régné sur la mode des années 1970 aux années 2000, est décédé le 23 janvier 2022 de “mort naturelle”, à son domicile à Vincennes. Artiste touche à tout, c’est dans le milieu de la danse classique que le jeune Thierry fait ses débuts. De ses premiers entrechats d’adolescent exécutés pour le ballet de l’opéra du Rhin, il file pour la capitale à 20 ans à la recherche d’un engagement dans un corps de ballet. Ce sont pourtant ses talents de stylistes et ses tenues excentriques qui lui permettent de se distinguer. Avant-gardiste, il surprend avec un style moderne, sexy, tout en s’appropriant les codes stylistiques des divas hollywoodiennes des années 1950, à grand renfort de corsets et de poitrines dégagées. Amoureux des corps, il aime mettre en scène ses créations dans de véritables superproductions. Pour le dixième anniversaire de sa maison, en 1984, il organise la première présentation de mode publique en Europe, au Zénith, devant 6 000 personnes, à la manière d’un concert de rock. Le trublion de la mode habille les plus grands. Beyoncé, le clan Kardashian ou encore Lady Gaga ne jurent que par ses tenues fantasmagoriques et sulfureuses. Celui que l’on surnomme le “créateur de choc” laisse à 73 ans des milliers de fashionistas inconsolables.  

Le couturier français Thierry Mugler lors de la présentation de son exposition “Couturissime” au Musée des beaux-arts de Montréal, le 26 février 2019. © Martin Ouellet-Diotte, AFP
  • Jean-Louis Trintignant 

C’est à l’âge de 91 ans que ce roc du cinéma français à la voix grave et au charme enveloppant a rejoint le Panthéon du cinéma, le 17 juin 2022 à Collias, dans le Gard. Ce fils d’industriel élevé à la dure choisit les planches pour combattre sa timidité. Le jeune Jean-Louis monte ensuite à Paris suivre les cours de comédie de Charles Dullin ; sa présence magnétique et la finesse de son jeu font le reste. Pendant un demi-siècle, Jean-Louis Trintignant s’est naturellement imposé au théâtre et au cinéma jusqu’à devenir un acteur incontournable de sa génération. Le comédien auréolé des plus prestigieuses récompenses entre véritablement dans l’histoire du cinéma grâce au film “Un homme et une femme”, de Claude Lelouch, qui reçoit la Palme d’or à Cannes en 1966. L’homme aux 160 rôles reçoit en 2013 un dernier un César du meilleur acteur pour “Amour” de Michael Haneke, film lui aussi récompensé de la Palme d’or. Le destin tragique de sa fille Marie Trintignant, morte sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat, plonge l’acteur de nature mélancolique dans un profond désarroi. Atteint d’un cancer de la prostate qu’il refuse de soigner, il s’éteint “paisiblement, de vieillesse” chez lui, dans le Gard, “entouré de ses proches”, confie son épouse à la presse. 

  • Mikhaïl Gorbatchev 

Figure majeure de l’histoire du XXe siècle, Mikhaïl Gorbatchev est mort à l’âge de 91 ans “à la suite d’une longue et grave maladie”, ont annoncé le 30 août les agences de presse russes. Né le 2 mars 1931 dans une famille de modestes paysans du Caucase, d’origine russe du côté de son père et ukrainienne du côté de sa mère, Gorbatchev emprunte le parcours classique d’apparatchik. Il gravit une à une les marches du pouvoir jusqu’à prendre le 11 mars 1985, à 54 ans, la tête d’un empire soviétique exsangue sur le plan économique et empêtré dans une guerre sans fin en Afghanistan. Le jeune chef d’État, reconnaissable à sa célèbre tâche de vin, instaure dès son arrivée au pouvoir le pluralisme politique, libéralise l’économie et signe des traités de désarmement avec les États-Unis. Lauréat du prix Nobel de la paix pour son rôle dans la fin de la guerre froide en 1990, il est aussi l’artisan de la chute du mur de Berlin. Adulé en Occident, il est aussi perçu dans son pays comme le fossoyeur de l’Union soviétique. Depuis son retrait de la vie politique en 1991, le dernier dirigeant de l’URSS vivait dans un quasi-anonymat en Russie. 

Le 9 juillet 1986, Mikhaïl Gorbatchev, alors secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique, salue la foule aux côtés du président français François Mitterrand, lors d’un voyage officiel en URSS. © Marcel Mochet, AFP
  • Élizabeth II 

Reine du Royaume-Uni et du Commonwealth, Élizabeth II rend son dernier souffle le 8 septembre dans son château de Balmoral à l’âge de 96 ans. Sa disparition affole les rédactions du monde entier. Rien ne prédestinait la jeune Élizabeth, née le 21 avril 1926, à monter sur le trône. Mais à 10 ans, sa vie bascule : son oncle, le roi Édouard VIII, abdique après moins d’un an de règne, laissant sa place à son frère, George VI, le père d’Élizabeth. Première dans la ligne de succession à la couronne, elle devient reine à 26 ans au décès de son père. Commence une longue succession de voyages protocolaires pour faire rayonner la couronne dans tout le Commonwealth. Elle visite 117 pays, rencontre 113 dirigeants et accueille quinze Premiers ministres britanniques. Elle a vu se succéder quatorze présidents américains et dix présidents français. Des millions de mains serrées, des milliers de rubans coupés, des centaines de discours prononcés devant des foules joyeuses à l’idée de l’apercevoir. Elle fait aussi l’objet de nombreuses critiques, notamment pour les dépenses somptuaires de ses résidences royales, et doit faire face aux déboires conjugaux de ses enfants. En 2015, après soixante-trois années de règne, Élizabeth II dépasse le record détenu par la reine Victoria, son arrière-arrière-grand-mère, et devient la monarque à la plus grande longévité. Figure incontournable du XXe siècle, elle célèbre en février 2022 son jubilé de platine pour ses 70 ans de règne. À son décès, dix jours de deuil national sont observés. L’occasion pour ses sujets et ses nombreux admirateurs du monde entier de se presser à Londres pour lui témoigner gratitude et respect.  

Jean-Luc Godard 

La voix grave et chuintante de Jean-Luc Godard s’est définitivement éteinte le 13 septembre 2022 à Rolle, en Suisse, à l’âge de 91 ans. Le cinéaste franco-suisse a eu recourt au suicide assisté, autorisé et encadré en Suisse, pour mettre fin à son épuisement. Deuxième d’une famille bourgeoise de quatre enfants, Jean-Luc Godard est né le 3 décembre 1930 à Paris. Il partage son enfance entre la capitale française et la Suisse. Son bac en poche – qu’il obtient au bout de la troisième tentative –, il mène une vie de bohème à Paris, délaissé par sa famille en raison de ses tendances à la cleptomanie. Très vite, le cinéma s’impose dans son existence. Entre l’écriture d’un scénario ou d’une critique de film, il fréquente la Cinémathèque de Paris et les ciné-clubs. Il côtoie les futurs grands noms de la réalisation : André Bazin, François Truffaut, Éric Rohmer et Claude Chabrol. Il réalise à son tour son premier film en 1960, “À bout de souffle”, avec Jean-Paul Belmondo. Un long-métrage qui révolutionne la grammaire cinématographique et inspire les réalisateurs internationaux.

  • Coolio 

La planète rap pleure le 28 septembre l’un de ses célèbres visages. Le rappeur et acteur américain Coolio décède à l’âge de 59 ans, victime d’un arrêt cardiaque à Los Angeles. D’abord membre du groupe WC and the Maad Circle, Coolio se lance dans une carrière solo en 1994. Son album “It Takes a Thief” contenant le tube “Fantastic Voyage” est acclamé par la critique et le public. Puis son titre et album “Gangsta’s Paradise”, bande originale du film “Esprit Rebelle”, est l’un des plus grands succès de l’histoire du rap. Numéro 1 des charts dans une dizaine de pays pendant plusieurs semaines, le titre à la rythmique entraînante et aux paroles poétiques vaut à son auteur un Grammy Award. Coolio est nommé six fois et récompensé à la National Academy of Recording Arts and Sciences. Son succès se tarit pourtant dans les années 2000. De rares participations à des émissions de télé-réalité ou des séries télévisées offrent d’ultimes apparitions à un public désormais plus restreint. En 2013, le chanteur a des déboires avec la justice, accusé notamment d’avoir frappé sa compagne. À l’aube de la soixantaine, l’artiste rejoint les rappeurs Tupac et Takeoff dans le “Gangsta’s Paradise”.

La rappeur Coolio, le 31 mai 2022 à Las Vegas. © Ethan Miller, AFP
  • Jerry Lee Lewis 

“This man doesn’t play rock’n’roll. He is rock’n’roll!”, disait en 1995 le chanteur Bruce Springsteen à propos de Jerry Lee Lewis, décédé le 28 octobre 2022 dans l’État du Mississipi. Né le 29 septembre 1935 à Ferriday dans une famille pauvre de Louisiane, le jeune Jerry commence à jouer du piano à l’âge de 7 ans. Il donne son premier concert public alors qu’il n’est encore qu’adolescent. Très vite, le jeune homme au style énergique et survolté, tant au piano qu’au chant, électrise les foules. Frappant des poings ou de ses talons sur le clavier, jouant parfois debout, il se taille rapidement une réputation de “bad boy” du rock’n’roll. Provocateur jusqu’à l’outrance, il va jusqu’à mettre le feu à son piano à la fin d’un concert. La vie du “Killer”, comme on le surnomme, est aussi jalonnée de moments sombres. Dans l’ombre de la légende se dessinent en filigrane le meurtre de deux de ses épouses, sans que la star ne soit jamais inquiétée par la justice. Toxicomane, passionné d’armes à feu, l’icône du rockabilly semble intouchable. La preuve, il continue jusqu’à un âge avancé ses tournées aux quatre coins de la planète. Le monde de la musique l’auréole d’un Grammy pour l’ensemble de son œuvre.  

Jerry Lee Lewis lors du 19e concert annuel de bienfaisance de l’école Bridge à Mountain View, en Californie, le 29 octobre 2005. © Kimberly White, Reuters
  • Pierre Soulages 

Le maître de “l’outrenoir” est décédé le 25 octobre 2022 à Nîmes à l’âge de 102 ans. Pendant plus de 75 ans, le peintre à la longue silhouette noire comme ses toiles n’a cessé d’explorer les mystères de la couleur, traçant inlassablement des sillons pour en faire jaillir la lumière. Dès son plus jeune âge, Pierre Soulages est fasciné par les vieilles pierres et l’archéologie. À 12 ans, la visite de l’abbatiale Sainte-Foy de Conques avec sa classe se révèle décisive : le désir de devenir artiste est né. Dès 1947, le jeune peintre pose ses valises à Paris où il est remarqué par Francis Picabia qui l’encourage, ainsi que Fernand Léger. À l’époque, la peinture abstraite a le vent en poupe. Mais elle est rouge, jaune, bleue. Pierre Soulages, se démarque de ses condisciples : il choisit de travailler le noir avec du brou de noix, utilisé pour teinter le bois, et des brosses de peintre en bâtiment. Le jeune créateur en quête d’absolu prône un dénuement total des moyens pour atteindre l’essentiel. Sa technique détone, son esthétique plaît. Il s’attire la reconnaissance des plus prestigieuses institutions culturelles et du marché international de l’art. Dès les années 1950, ses tableaux entrent dans les plus prestigieux musées du monde comme le Guggenheim de New York ou la Tate Gallery de Londres. Il laisse à son décès une œuvre prolifique – plus de 1 550 toiles. Sa carrière est couronnée par l’ouverture d’un musée à Rodez en 2014 suite à une donation d’un ensemble de ses œuvres. Sa disparition sonne le glas de l’une des dernières grandes figures de l’art moderne. 

Le peintre français pose devant l’une de ses oeuvres à l’inauguration du musée Pierre Soulages, en mai 2014 à Rodez. © Philippe Wojazer, Reuters
  • Jiang Zemin 

La presse internationale le donnait pour mort en 2011 à la suite de rumeurs persistantes sur son état de santé. Jiang Zemin est réellement décédé onze ans plus tard d’une leucémie, à 96 ans, le 30 novembre 2022 à Shanghai. Ingénieur en électricité de formation, amoureux de musique classique et pianiste amateur, il se lance tardivement dans la politique. Il adhère au Parti communiste chinois (PCC) en 1946, tout en poursuivant sa carrière d’ingénieur. Ses talents de dirigeant le propulsent d’abord ministre puis maire de Shanghai entre 1985 et 1988. Son habilité à mettre pacifiquement fin aux manifestations dans sa ville de Shanghai, prémices des événements de la place Tiananmen en 1989, sans effusion de sang comme à Pékin, n’échappe à personne. Et surtout pas à Deng Xiaoping, alors président, qui lui offre le poste de secrétaire général du Parti communiste chinois entre 1989 et 2002, avant de l’introniser à sa succession. Jiang Zemin accède à la présidence chinoise en 1993, reprenant les rênes d’un pays marqué par les événements de Tiananmen. On aime railler sa démarche étriquée, ses lunettes démodées et ses expressions faciales. Mais pendant dix ans, il accompagne la transformation de la nation la plus peuplée du monde en une puissance mondiale. Lorsqu’il quitte le pouvoir en 2003, la Chine est devenue membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et remporte l’organisation des Jeux olympiques de Pékin 2008. Le pays est en passe de devenir une superpuissance.  

Avec AFP

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