Par Simon-Pierre OLAMA

Premier noir a occupé cette fonction au sein de l’agence onusienne. Le concerné y avait été nommé le 5 décembre 2021 par Audrey Azoulay.

C’est une prouesse à mettre à l’actif de la diplomatie camerounaise. La désignation en tant que tout premier africain au poste de directeur du centre du patrimoine mondial de l’Unesco de Lazare Eloundou Assomo n’est pas un fait du hasard.

Il avait exactement 17 ans, lorsqu’il a quitté le Cameroun pour suivre des études d’architecte et d’urbaniste en France. Une fois, celles-ci achevées, Lazare Eloundou Assomo a débuté sa carrière en tant que chercheur associé au Centre international de la construction en terre de l’école d’Architecture de Grenoble en 1996. Ses premiers pas professionnels l’ont conduit au pays de Nelson Mandela où il a réalisé des logements dans des townships.

Son travail fut d’ailleurs grandement salué par le père de la nation arc-en-ciel, qui lui fit l’honneur d’une belle visite, ce fut : « Une belle surprise, se souvient-il, et un moment qu’on oublie pas dans une vie. Il m’a invité à boire un thé . Par la suite, ce camerounais pure souche, a rejoint l’Unesco en 2003. Y étant, Lazare Assomo a contribué à la création du Fonds pour le patrimoine mondial africain et a coordonné plusieurs projets de restauration patrimoniaux en Afrique, notamment au Mozambique (la forteresse du site du patrimoine mondial d’Ilha), en Ouganda et au Mali. Il est auteur de l’ouvrage « Patrimoine mondial africain : une diversité remarquable », co-écrit avec Ishanlosen Odiaua et publié en 2012 par l’Unesco. Au Mali, entre 2013 et 2016, il a dirigé le bureau de l’Unesco à Bamako, avec pour mission de reconstruire, de réhabiliter et de resacraliser les mausolées de Tombouctou détruits par les jihadistes. Un vaste chantier entrepris avec les savoir-faire des différentes communautés, dans des conditions de sécurité difficiles. La réussite de ce chantier patrimonial de l’Unesco a valu à Lazare Eloundou Assomo d’être décoré de la médaille de Commandeur de l’ordre national du Mali, à titre étranger. Cette mission malienne aura permis pour la première fois de faire reconnaître la destruction du patrimoine mondial comme un crime de guerre. Pour la première fois, la mission de maintien de la paix au Mali a eu pour mandat de protéger la culture. Une victoire. La Convention du patrimoine mondial de l’Unesco a 50 ans. Et maintenant ? D’autre défis attendent le nouveau directeur du patrimoine mondial, qui occupait depuis 2018 le poste de directeur « Culture et situations d’urgence ». L’occasion déjà de se pencher sur plusieurs chantiers cruciaux : les conflits dévastateurs, les désastres et la restitution des biens culturels au titre de la Convention de 1970. Si la restitution de biens culturels s’opère d’État à État, beaucoup de sites du patrimoine mondial ont des musées qui vont accueillir des objets restitués. Concilier patrimoine et développement mais aussi s’adapter au réchauffement climatique s’ajoutent aujourd’hui à la longue liste des défis à relever. « On voit beaucoup d’incendies, d’inondations, l’avancée du désert menacent les sites », confie Lazare Eloundou Assomo. En 2022, la Convention pour le patrimoine mondial fêtera son demi- siècle. « Il ne s’agira pas uniquement de célébrer le nombre de sites inscrits sur la liste du patrimoine mondial », assure t’il, mais plutôt de s’interroger et de faire un bilan. Qu’a -t-on réussi à faire depuis cinquante ans ? Où en sommes- nous aujourd’hui ? Le patrimoine mondial a, plus que jamais, toute sa place pour favoriser la paix et la coopération par la culture. À Yaoundé depuis jeudi dernier, Lazare Eloundou Assomo a animé il y a qielques jours à l’université de Yaoundé 2 Soa un atelier sur le thème :” 50ème anniversaire de la convention de 1972: Patrimoine mondial, perspectives d’avenir pour l’Afrique”.

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