Avec AFP
Un mois après la fin de l’opération « Barkhane » au Mali, et alors que la base des forces spéciales françaises au Burkina Faso a été la cible des manifestants lors du coup d’Etat, le ministère des armées progresse lentement sur la révision de sa présence sur le continent.
Le coup d’Etat qui secoue le Burkina Faso depuis le 30 septembre est un nouveau coup de semonce pour Paris, un peu plus d’un mois après le départ du dernier soldat français du Mali.
Alors que le Burkina Faso était depuis plusieurs années la base des forces spéciales françaises au Sahel, le camp de Kamboinsin, partagé avec l’armée burkinabée, a été l’un des principaux lieux de rassemblement des manifestants. Même si le ministère des armées reste muet, à ce stade, sur le sort de cette implantation capitale pour sa lutte contre le terrorisme au Sahel, cette alerte rend plus urgente la redéfinition par la France de sa présence militaire en Afrique, dossier miné sur lequel progresse à tâtons l’Hôtel de Brienne.
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A la veille du 14 juillet, Emmanuel Macron avait indiqué vouloir « repenser, d’ici à l’automne », l’ensemble des dispositifs militaires français en Afrique. Depuis, ce travail délicat a bel et bien démarré. Mais il progresse à pas lents, et ce n’est pas avant la fin de l’année, voire début 2023, à l’occasion des débats parlementaires sur la future loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030, qu’il pourrait aboutir. « Le cahier des charges » a été élaboré cet été, assure au Monde le ministre des armées, Sébastien Lecornu, « l’éventail des propositions françaises » est progressivement présenté aux pays partenaires, ajoute-t-il. Au ministère, on assume désormais une attitude plus contractuelle avec l’Afrique. A l’heure où la compétition entre puissances est considérée comme faisant partie du quotidien sur le continent, la France a elle aussi une « offre », défend-on. En juillet, M. Lecornu y a, à ce titre, réalisé une tournée. D’abord au Niger et en Côte d’Ivoire avec la ministre des affaires étrangères, Catherine Colonna, puis au Cameroun, au Bénin et en Guinée-Bissau, aux côtés du chef de l’Etat. En Algérie, enfin, du 25 au 27 août, là encore aux côtés d’Emmanuel Macron. Nouveau traité de défense Dernier de ces déplacements : Djibouti, le 15 septembre. Lors de cette visite en solo sur cette emprise stratégique – la plus grande base militaire française à l’étranger avec quelque 1 500 hommes – située dans le golfe d’Aden, non loin de l’accès à la mer Rouge, Sébastien Lecornu dit avoir fait plusieurs propositions aux autorités djiboutiennes. Un nouveau traité de défense – l’actuel date de 2011 – pourrait voir le jour début 2024 avec une révision de la clause de sécurité entre Paris et Djibouti, qui engage la France à fournir de l’assistance militaire en cas « d’agression armée ». Un projet de création d’« académie militaire interarmées » susciterait aussi l’intérêt du gouvernement djiboutien.