Avec Jeune Afrique

Le bureau de l’Assemblée nationale vient de prolonger de douze mois le mandat des députés et des conseillers municipaux camerounais. Un premier pas vers une modification du calendrier des élections et une disqualification de plusieurs candidats de l’opposition ?

Il y a quelques mois, le projet de loi sur la prorogation des mandats des députés et des conseillers municipaux reposait encore dans les tiroirs du secrétaire général à la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, comme l’avait révélé Jeune Afrique. Selon le calendrier électoral initial, les élections législatives et municipales devaient alors encore se tenir en février 2025, suivies de l’élection présidentielle en octobre de la même année.

Cependant, les stratèges de Paul Biya, réunis en mars dernier, ont décidé de modifier le code – en y introduisant plusieurs changements : rendre le vote obligatoire, changer les modalités des contentieux pré et post-électoraux, fixer la majorité électorale à 18 ans, augmenter le nombre de députés à l’Assemblée et proroger le mandat des députés – et potentiellement le calendrier électoral.

Ce vendredi 11 juillet, à 15 heures, comme convenu lors de la réunion de mars, le bureau de l’Assemblée nationale, consulté comme l’exige la Constitution, a en effet décidé de franchir une étape supplémentaire, en prorogeant officiellement le mandat des députés et des conseillers municipaux pour une durée de 12 mois. Une décision qui marque un premier pas vers des ajustements électoraux majeurs, puisqu’elle ouvre la voie à une organisation des élections législatives et locales toujours en 2025, mais après la présidentielle.

Péril annoncé pour Kamto et Libii

Ce premier pas soulève donc également des préoccupations quant à la possible disqualification de certains candidats de l’opposition, notamment Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) et principal opposant à Paul Biya. Ayant boycotté les dernières élections législatives et municipales, Maurice Kamto ne dispose en effet pas des élus nécessaires pour satisfaire aux exigences actuelles pour une candidature présidentielle.

Si la présidentielle devait avoir lieu avant les prochains scrutins locaux, il serait donc obligé d’en passer par le système des 300 parrainages, dans un pays globalement verrouillé par le RDPC. Sa candidature serait donc fortement remise en cause, tout comme celle de Cabral Libii, autre ancien participant à la présidentielle.

Bien que disposant d’élus au sein de l’Assemblée nationale, celui-ci pourrait aussi se voir écarté. Robert Kona, l’un des cadres fondateurs de son actuel parti, lui conteste en effet la présidence de la formation. Si Cabral Libii venait à perdre le contrôle de son parti, et donc ses élus, il se retrouverait donc dans la même position que Maurice Kamto et forcé, en cas d’inversion du calendrier électoral, de passer par le quasi impossible chemin des parrainages.

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