Avec Mathieu OLIVIER
Il a été le premier officier à défiler à la tête de l’armée camerounaise. Il a combattu les rebelles opposés à Ahmadou Ahidjo, déjoué une tentative de coup d’État contre Paul Biya et dirige désormais la Ligue de football professionnel. Rencontre avec le général Semengue.
Sous le soleil matinal de Yaoundé, un soldat en treillis garde l’entrée des lieux, à l’ombre d’une guérite en béton. Il reconnaît rapidement le véhicule qui nous amène, jette un œil à l’arrière, où nous nous trouvons, et fait signe d’ouvrir les portes. Non loin de là, quelques personnes sont déjà rassemblées. En tenue civile, elles commentent la cérémonie qui a eu lieu ici même la veille au soir, en l’honneur du général Pierre Semengue, le maître des lieux.
Le ministre de la Défense, Joseph Beti Assomo, avait fait le déplacement, tout comme le directeur général de la Sûreté nationale, Martin Mbarga Nguélé. À l’intérieur, le mobilier de réception n’a pas encore été remballé. Qu’importe : Pierre Semengue a l’habitude de recevoir en extérieur, à quelques mètres de son imposante demeure. À l’abri du soleil, des fauteuils sont disposés en cercle, sous une sorte de hutte de béton. Le général se contente d’une austère chaise de bois au dossier droit.
De Leclerc à Saint-Cyr
L’endroit a des allures de quartier général de campagne, si ce n’est que les bruits de bottes y sont remplacés par le chant des oiseaux. Disposée derrière une table de bois sans apparat, la chaise du patriarche – 88 ans – ne paraît pas confortable. Devant lui, des piles de dossiers, colonnes de papier derrière lesquelles sa silhouette disparaît presque. Ceux-ci semblent s’entasser, tels des souvenirs accumulés au fil des décennies, des ministres et de deux présidents, Ahmadou Ahidjo et Paul Biya.
Ce dernier, Pierre Semengue le connaît depuis longtemps. Ils ont étudié ensemble au lycée Leclerc, à deux pas de notre lieu de rendez-vous, au début des années 1950. Et c’est encore ensemble qu’ils ont pris le chemin de la France. « Lui est allé au lycée Louis-le-Grand. Moi à Janson-de-Sailly, dans le 16e arrondissement de Paris, grâce à la bourse que j’avais obtenue au Cameroun. C’était l’école des élites et des gens bien », explique-t-il.
Pierre Semengue se destine déjà à l’époque à une carrière militaire. Plus jeune, alors qu’il n’est encore qu’en cours élémentaire dans la région du Sud, d’où il est originaire, il s’est en effet mis à lire le dictionnaire Larousse acheté par son frère aîné, privilégiant les articles consacrés à la Seconde Guerre mondiale. « Les chefs militaires de la période sont devenus mes idoles, se souvient-il, comme le général Jean de Lattre de Tassigny. »
Philippe Leclerc de Hauteclocque n’a pas autant ses faveurs. « On m’avait expliqué qu’il était arrivé au Cameroun capitaine et qu’il s’était lui-même mis les galons pour commander. Je ne pouvais pas comprendre. Mais, bien sûr, il a fait des choses merveilleuses, et c’est lui qui a emmené toute l’Afrique de l’Ouest pendant la guerre », explique-t-il. Comme Jean de Lattre de Tassigny un demi-siècle avant lui, Pierre Semengue se met à rêver de Saint-Cyr, l’école des officiers français.
L’apparat… puis le combat
Le Camerounais y entre en octobre 1957, dans la même promotion que le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali. Il a 22 ans. « Je suis le premier Africain à y entrer sur concours, en tant que citoyen de l’Union française. Avant moi, il y avait eu un Sénégalais, mais qui était de nationalité française. J’étais parmi les meilleurs », glisse-t-il avec de la fierté dans la voix. Il poursuit ensuite sa formation à l’École d’application d’artillerie de Châlons-en-Champagne.
D’abord intégré à l’armée française avec le grade de sous-lieutenant, il est surtout suivi de près depuis Yaoundé, où le jeune État camerounais a accédé à l’indépendance au début de 1960. Le président Ahmadou Ahidjo le nomme capitaine de l’armée camerounaise par décret en octobre, mais Pierre Semengue ne prend possession de ses galons que deux mois plus tard, le 23 décembre. Le début d’une longue carrière.
« On m’a demandé de préparer le commandement des festivités du 1er janvier 1961 », explique le général, qui devient à cette date le premier Camerounais à défiler à la tête de l’armée de son pays indépendant. « J’ai été félicité par Ahidjo. J’en garde le souvenir d’un homme comblé », se souvient l’officier. Au-delà de ce rôle symbolique, Pierre Semengue est nommé adjoint du chef du bureau de liaisons opérationnelles – l’état-major –, le Français Victor Blanc.
« Je n’y suis pas resté longtemps. Le 6 janvier 1961, un poste militaire a été attaqué par des rebelles de l’Union des populations du Cameroun (UPC), dans la Sanaga maritime. J’ai demandé à être de l’expédition envoyée en renfort. Elle était commandée par un officier de gendarmerie, et j’ai été désigné pour être son adjoint », raconte-t-il. C’est son premier contact avec l’UPC, mais aussi avec l’armée camerounaise en opération.
« J’ai vu ce qu’était l’armée camerounaise… »
« Je me souviens qu’un soir l’un des membres du bataillon a voulu faire un méchoui, donc un feu, sans prendre suffisamment de précautions. Ils ont été attaqués, et il y a eu deux morts », raconte le général. Un autre jour, en expédition avec une patrouille, il tombe avec elle sur un groupe de rebelles et ordonne de ne pas tirer pour faire des prisonniers et les interroger. Mais ses hommes ouvrent le feu. Les balles fusent… et les adversaires s’enfuient.
« J’ai vu ce qu’était l’armée camerounaise », résume-t-il. Pierre Semengue demande à être affecté dans cet Ouest en proie à la rébellion de l’UPC, qui tente de renverser Ahmadou Ahidjo et son régime jugé trop proche des Français. Le ministre des Forces armées, Jean-Baptiste Mabaya, n’y est guère favorable, réticent à envoyer son officier le plus gradé sur ce front meurtrier où la France conduit depuis 1957 une opération dite « de pacification ». Mais le futur général a de la ressource.
Il prend contact avec l’une de ses connaissances, Charles Onana Awana, ministre des Finances et du Plan. Ce très proche d’Ahidjo débloque la situation et, le 5 avril 1961, Pierre Semengue est affecté à Édéa. « C’est le début de la contre-guérilla pour moi », assure l’intéressé. En poste dans la Sanaga maritime puis muté dans l’Ouest en 1964, il est nommé commandant de l’armée de terre en avril 1965, après une nouvelle année de stage en France.
« L’armée française avait appris en Indochine. Les Français étaient en avance sur tous les Occidentaux dans la contre-guérilla. Nous avons été formés à partir de cela, et c’est ce qui nous a permis de vaincre par la suite la rébellion camerounaise », affirme-t-il. Il ajoute : « L’UPC a aussi eu la malchance d’avoir contre elle quelqu’un – moi – qui connaissait la forêt, y avait grandi et savait comment on peut l’utiliser pour surprendre, se cacher, se nourrir… »
Guerre fratricide
« La Sanaga maritime, c’était la forêt, comme une grande partie de l’Ouest. Le reste, c’était la savane, mais j’avais un adjoint qui faisait le travail dans cet environnement-là », explique le général. Son objectif à l’époque : « séparer les populations des rebelles ». « Il fallait une pression de tous les instants, se souvient-il. La première difficulté a été de différencier les populations des combattants de l’UPC et d’isoler ces derniers, mais nous y sommes parvenus. »
Nombre de voix se sont élevées depuis pour dénoncer les exactions de l’armée camerounaise et de ses alliés – la mission militaire française ne sera dissoute qu’en décembre 1964 –, et les victimes de la guerre contre l’UPC et l’Armée de libération nationale du Kamerun (ALNK), qui a débuté en 1955 et va durer quinze ans, se comptent par dizaines de milliers au bas mot. Mais Pierre Semengue préfère souligner ses réussites.
« Au départ, c’étaient les Français qui commandaient, car il n’y avait pas de Camerounais en nombre et en qualité suffisants pour le faire. Mais cela a changé. Nous avons compris qu’il fallait mettre des Camerounais à la tête des troupes en contact avec les populations, explique-t-il. Cela nous a enlevé une grosse épine du pied. L’UPC ne pouvait plus dire que c’était la France qui faisait tout. » Camerounais contre Camerounais, la guerre devient encore un peu plus fratricide.
Accra, nid de rebelles
En 1965, Ahmadou Ahidjo envoie Pierre Semengue à Accra, au Ghana de Kwame Nkrumah, où nombre de chefs de l’UPC ont trouvé refuge. Pierre Semengue – accompagné du maître-espion Jean Fochivé – y retrouve une ex-camarade de classe, Marthe Moumié, dont le mari, Félix-Roland, un des chefs de la rébellion, a été assassiné cinq ans plus tôt à Genève. Il rencontre aussi Ngouo Woungly-Massaga, alias « Commandant Kissamba », le « frère de village » avec qui la rivalité durera des décennies.
« J’ai essayé de les persuader que leur camp n’avait aucune chance de l’emporter. Nous avions aussi, chez nous, des gens intelligents et bien formés. Je voulais qu’ils rentrent au Cameroun et viennent apporter leur aide pour changer le pays. Mais pour eux, nous étions des néocolonialistes. Ils ont refusé », résume-t-il. Le général a-t-il à un moment pensé être du mauvais côté et se battre pour le mauvais camp ? Tout à ses souvenirs, il ne répond pas.
L’activisme d’Ahmadou Ahidjo permet de gagner du terrain. Peu à peu, les upécistes sont priés de quitter leurs refuges, que ce soit au Ghana ou en Égypte. Dans ce dernier pays, le président camerounais a profité d’un séjour en 1962 pour visiter une usine d’armement et dialoguer avec son homologue, Gamal Abdel Nasser, proche des Soviétiques. Pierre Semengue fait alors partie de la délégation.
« Nous sommes allés visiter une manufacture d’armes. Je me souviens que trois Égyptiens ont fait une démonstration de pistolets-mitrailleurs. J’ai alors demandé à essayer et j’ai fait mieux qu’eux, à mon grand étonnement ! Nasser a pris l’arme et me l’a offerte », se souvient l’officier. Un an plus tard, en 1963, le président égyptien pousse l’un des leaders de l’UPC en exil, Castor Osendé Afana, à quitter Le Caire.
Ouandié et « la fin de la rébellion »
« Au fur et à mesure, la plupart des chefs rebelles se sont repliés au Congo-Brazzaville, où le régime du nouveau président, Alphonse Massamba-Débat, leur était plutôt favorable », explique Pierre Semengue. Certains n’avaient qu’une idée en tête : favoriser la mise en place de maquis qui attaqueraient le territoire camerounais par le sud. « C’est ce que Commandant Kissamba et Castor Osendé Afana souhaitaient. Mais cela n’a pas pris, car nous avions anticipé leurs manœuvres », résume-t-il.
La fin de l’histoire est plus macabre. Le 15 mars 1966, Osendé Afana, ancien vice-président de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France, est encerclé avec ses troupes dans une forêt de la frontière congolaise. Capturé par l’armée camerounaise, il est exécuté et décapité. Selon certains historiens, Pierre Semengue est alors envoyé sur place pour récupérer la tête de l’opposant et l’apporter à Ahmadou Ahidjo, à Yaoundé.
Le général a une autre version : « On m’a envoyé là-bas, non pour récupérer sa tête, mais pour décorer les hommes à l’origine de sa défaite. » Le Congo-Brazzaville devient peu à peu hostile aux rebelles sous la pression de Yaoundé, qui envoie même des troupes occuper une partie du territoire de son voisin. À la toute fin des années 1960, l’affaire semble réglée : Ngouo Woungly-Massaga et consorts fuient vers l’Algérie.
La guerre n’est toutefois pas terminée. Un des leaders de l’UPC, Ernest Ouandié, est en effet parvenu à rentrer au Cameroun et à y rejoindre les combattants de Joseph Ngandjeu, alias « Château dynamique ». « L’un des plus farouches ennemis que j’ai eu à combattre », affirme Pierre Semengue. Mais Ouandié est arrêté le 27 août 1970, alors que les services de renseignement français et camerounais ont mis sous surveillance l’un de ses proches, l’évêque Albert Ndongmo.
Le 5 janvier 1971, dans un procès mascarade, Ouandié est condamné à mort. Dix jours plus tard, il est fusillé à Bafoussam. « Il a refusé de demander sa grâce au président Ahidjo. Il voulait aller à la mort », se souvient le général. Quant à Albert Ndongmo, arrêté, condamné à mort, puis à la prison à vie après intervention d’Ahidjo, il est autorisé à s’exiler au Canada après des négociations avec le Vatican. « C’est ce qui a scellé la fin de la rébellion », juge Pierre Semengue.
La vraie fausse démission d’Ahidjo
Alors qu’une bonne partie du temps que nous a accordé le général est déjà écoulée, Pierre Semengue ne semble pas gêné par l’inconfort de sa chaise. Devant lui, les piles de dossiers n’ont pas bougé. Il n’en a pas besoin pour évoquer ses souvenirs. Ceux-ci le ramènent aux dernières années d’Ahmadou Ahidjo à la présidence. « J’ai été surpris, comme tout le monde, par sa démission, le 4 avril 1984. Ahidjo n’a pas laissé le temps aux gens de digérer », explique le général.
Celui-ci ajoute aussitôt : « Par la suite, on s’est aperçu qu’il n’avait pas vraiment démissionné. Il avait quitté la présidence mais voulait garder son parti politique. C’est là qu’il y a eu la brouille entre lui et Biya. » En 1983, des bruits insistants font état d’une attaque en préparation sur la personne du nouveau chef de l’État. « Biya devait être assassiné lors d’un match de football. On a pris les mesures et identifié un certain nombre de personnes. On a fait échouer le projet », assure Pierre Semengue.
Puis, en avril 1984, une autre tentative de coup d’État, menée par des officiers issus – comme Ahmadou Ahidjo – du nord du pays, manque de renverser le pouvoir. « Biya savait que quelque chose se préparait », explique le général. De fait, le président a été informé de rumeurs de coup d’État. Il a même prévenu son directeur de cabinet, Philippe Mataga, et quelques proches, espérant régler les choses dans la discrétion. En revanche, Pierre Semengue n’est pas tenu au courant.
« Il a cru qu’il parviendrait à régler le problème lui-même mais cela l’a dépassé », résume ce dernier. Prudent, Paul Biya a cependant mis sa famille à l’abri. Le 5 avril, sa femme, Jeanne-Irène, et son fils, Franck, sont emmenés à bord d’un hélicoptère piloté par le capitaine Joseph Feutcheu vers le palais présidentiel de Kribi, dans le département de l’Océan. Ils y passent la nuit et repartent tôt le lendemain pour se cacher en forêt.
À Yaoundé, les choses sont près de basculer. Plusieurs dignitaires sont arrêtés, tandis que les putschistes prennent d’assaut la résidence du général, la même où il nous reçoit aujourd’hui. « J’ai réussi à m’enfuir par derrière et à prendre un véhicule pour aller à l’aéroport puis sur la route de Mbalmayo. C’est de là que sont arrivés les renforts d’éléments loyalistes, qui nous ont permis de retourner la situation », explique-t-il.
« Cela s’est joué à très peu, se souvient-il. L’erreur des séditieux a été de laisser fonctionner le téléphone jusqu’à dix heures du matin. Cela nous a permis de préparer la contre-offensive. À partir de 13 heures, ils avaient perdu. » Paul Biya, retranché dans le bunker de son palais, voit les loyalistes de Pierre Semengue desserrer l’étau et lui redonner les clés du pays. « J’ai fait mon travail. Reprenez le vôtre », lance le général.
« Pas de vol » d’élection en 1992
Au sujet des années qui suivent, Pierre Semengue se montre moins prolixe. Comme si elles l’intéressaient moins. « Il a fallu accompagner le régime dans la démocratisation », résume-t-il. Le général acquiesce à peine lorsqu’on évoque la réforme de la garde républicaine, devenue présidentielle en 1985, et l’arrivée à Yaoundé de formateurs israéliens en remplacement des Français, jugés trop proches d’Ahmadou Ahidjo.
Il s’étend plus volontiers sur sa position quant à la conférence nationale souveraine, envisagée par Paul Biya puis transformée en 1991 en une « tripartite » restreinte. « Je n’étais pas d’accord pour qu’une conférence nationale souveraine ait lieu. Je considérais que c’était un coup d’État civil, et que l’armée aurait alors été en droit de perpétrer un putsch. J’ai menacé d’arrêter les participants. Heureusement, Biya a dit que la conférence n’était pas nécessaire et fait une tripartite », sourit-il.
« Est-ce que les conférences ont amélioré les choses dans les pays où elles se sont tenues et où il y a aujourd’hui beaucoup de coups d’État ? » interroge Pierre Semengue, qui assure avoir suivi la présidentielle de 1992 « de très près ». « Biya a gagné avec 40 %, devant John Fru Ndi (35 %) et Bello Bouba Maigari (15 %). Il n’y a pas eu vol. Si les opposants s’étaient mis d’accord et avaient présenté un seul candidat, ils auraient gagné, mais ils n’y sont pas parvenus », assure-t-il, balayant les accusations de l’opposition, qui considère que John Fru Ndi a remporté le scrutin.
Nous lui rappelons que de nombreux témoignages affirment que les Français sont intervenus – notamment auprès de Bello Bouba Maigari – pour favoriser la victoire du président sortant. Le général botte en touche et répète : « Il n’y a pas eu vol. » Au fil des années 1990, Pierre Semengue semble peu à peu être mis à distance de la politique et cantonné à son rôle de chef d’état-major des armées. Puis, en 2001, il est nommé contrôleur général des armées.
En conflit avec Eto’o
« Je pensais que ce poste serait important. Mais cela n’a pas été le cas », déplore le général. Était-ce le début d’une mise à l’écart ? L’intéressé n’acquiesce pas. Mais ne dément pas. En 2011, il est admis à la retraite. De ses trois passions – l’armée, l’Église et le football –, l’une appartient désormais au passé. Le pieux général a donc cherché à mettre son énergie au service du ballon rond, en prenant la tête de la Ligue de football professionnel en 2010. Mais les choses se sont compliquées.
L’instance qu’il dirige est aujourd’hui en conflit avec la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), présidée par Samuel Eto’o depuis 2021. À l’évocation du nom de l’attaquant, une lassitude semble poindre chez le général. « Je n’ai pas de problèmes avec Eto’o. J’ai même voulu l’aider. C’est lui qui a des problèmes avec sa fédération, qu’il entraîne je ne sais où », soupire-t-il. En septembre 2023, il a signé une lettre à la Fifa dénonçant les dérives de son cadet. La guerre, d’une autre forme que celles menées par le passé, est donc déclarée.
Notre entretien touche à sa fin. Pierre Semengue ne semble toujours pas trouver sa chaise inconfortable. Nous lui faisons remarquer que, quelques jours plus tôt, Paul Biya a célébré sa 41e année passée au sommet de l’État. « Je ne pouvais pas imaginer qu’il resterait aussi longtemps, d’autant que cela n’a pas été un long fleuve tranquille, sourit-il. Mais il y a une chose qu’il faut lui reconnaître : il a de la patience. » D’ailleurs, « je ne sais pas ce qu’il pense de l’avenir », conclut-il.