Avec AFP
La Cour suprême du Sénégal a confirmé, dans la nuit de jeudi à vendredi, la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko pour diffamation, portant un nouveau coup à ses espoirs de participer à l’élection présidentielle qui se déroulera le mois prochain.
La peine compromet fortement la candidature d’Ousmane Sonko à la présidentielle du 25 février. La Cour suprême sénégalaise a confirmé, dans la nuit de jeudi 4 à vendredi 5 janvier, la condamnation de l’opposant à six mois de prison avec sursis pour diffamation.
L’annonce a été faite par le juge Abdourahmane Diouf et confirmée par deux avocats de l’opposant, candidat déclaré à la présidentielle et personnage central d’un bras de fer de plus de deux ans avec l’État qui a donné lieu à plusieurs épisodes de troubles meurtriers.
“On a confirmé la peine et les dommages et intérêts. Ousmane Sonko a perdu sur toute la ligne. Il est maintenant totalement interdit de participer à une élection”, a réagi l’avocat de l’État, El Hadji Diouf, après la décision.
Les avocats d’Ousmane Sonko ont esquivé la question concernant l’éligibilité de leur client. Le Conseil constitutionnel devrait trancher la question prochainement.
Ousmane Sonko, troisième lors de la présidentielle de 2019, est poursuivi par le ministre du Tourisme Mame Mbaye Niang pour “diffamation, injures et faux”.
Après plus de douze heures de débats, la Cour suprême a confirmé la peine donnée en appel de six mois de prison avec sursis et 200 millions de francs CFA (300 000 euros) de dommages et intérêts. La décision de la Cour suprême clôture cette affaire.
Le camp d’Ousmane Sonko avait retrouvé l’espoir en une candidature de leur chef de file après qu’un juge a ordonné mi-décembre sa réinscription sur les listes électorales, confirmant une décision rendue en octobre par le tribunal de Ziguinchor (Sud) qui avait été cassée par la Cour suprême.
Ousmane Sonko a été investi dimanche par sa coalition pour la présidentielle dans un lieu privé, à huis clos, après l’interdiction par les autorités du meeting public prévu samedi.
Des plans B
Malgré le refus de l’administration de délivrer à Ousmane Sonko les documents nécessaires, l’opposant a fait déposer son dossier de candidature au Conseil constitutionnel. Son mandataire doit passer vendredi devant la commission de contrôle des parrainages de la juridiction.
Mercredi, cet organe a validé le dossier d’Habib Sy, un candidat du même bord politique qu’Ousmane Sonko, qui a promis de se désister si le leader de sa formation peut se présenter.
Un autre plan B de sa formation dont le dossier a été examiné jeudi, Bassirou Diomaye Faye, doit régulariser sa situation concernant ses parrainages pour participer au scrutin.
“Ce procès est la balle de match. On est tenus par les délais”, avait déclaré à l’audience Me Cheikh Koureyssi Ba, l’un des conseils de l’opposant.
“Cette affaire est une opération de liquidation politique d’un adversaire, avec un chronogramme où on compte les jours pour dire que telle personne ne participera pas à l’élection présidentielle. Monsieur le président, j’espère que cette commande politique ne passera pas devant vous”, avait estimé Me Massokhna Kane en clôturant la plaidoirie des avocats d’Ousmane Sonko.
Emprisonné depuis fin juillet
Dans une autre procédure, Ousmane Sonko a été déclaré coupable le 1er juin dernier de “corruption de la jeunesse” et condamné à deux ans de prison ferme. L’opposant ne s’était pas présenté au procès et a été condamné par contumace.
L’homme de 49 ans est emprisonné depuis fin juillet sous d’autres chefs d’inculpation, dont appel à l’insurrection, et dénonce toutes ces affaires comme des complots visant à l’écarter de la présidentielle.
La personnalité d’Ousmane Sonko divise. Son discours souverainiste, panafricaniste et social, ses diatribes contre les élites, la corruption et l’emprise économique et politique exercée selon lui par l’ancienne puissance coloniale française, lui valent une forte adhésion parmi les jeunes.
Avec AFP et Reuters