Avec AFP

Les scientifiques de la Nasa s’apprêtent à récupérer un morceau de l’astéroïde Bennu, qui se trouve dans une capsule qui doit atterrir dimanche dans le désert de l’Utah, aux États-Unis. La sonde Osiris-Rex doit relâcher dans l’espace la capsule contenant l’échantillon quatre heures avant son atterrissage, à plus de 100 000 km de la Terre. Une opération hautement délicate.

C’est la fin d’un voyage commencé il y a sept ans. Le plus gros échantillon d’astéroïde jamais collecté doit atterrir dimanche dans le désert de l’Utah, aux États-Unis. Il s’agit du tout premier morceau d’astéroïde récupéré par la Nasa.

La descente finale à travers l’atmosphère terrestre s’annonce périlleuse, mais l’agence spatiale américaine espère qu’elle se soldera par une arrivée en douceur, vers 9 h locales (15 h GMT), sur une zone militaire d’habitude utilisée pour tester des missiles.

Après son décollage en 2016, la sonde Osiris-Rex a prélevé en 2020 des cailloux et de la poussière sur l’astéroïde Bennu.

Quelque 250 grammes de matière (+ ou – 100 grammes), selon l’estimation de la Nasa, qui doivent “nous aider à mieux comprendre les types d’astéroïdes qui pourraient menacer la Terre”, et éclairer “le tout début de l’histoire de notre système solaire”, a souligné le patron de l’agence spatiale, Bill Nelson.

“Le retour de cet échantillon est vraiment historique”, a déclaré à l’AFP Amy Simon, scientifique à la Nasa. “Cela sera le plus gros échantillon que nous rapportons depuis les roches lunaires” du programme Apollo, conclu en 1972.

Mais avant d’accéder à la précieuse cargaison, la manœuvre à exécuter est “dangereuse”, reconnaît-elle. La sonde Osiris-Rex doit relâcher la capsule contenant l’échantillon quatre heures avant son atterrissage, à plus de 100 000 km de la Terre.

Durant les treize dernières minutes, cette capsule traversera l’atmosphère : elle y entrera à plus de 44 000 km/h, avec une température montant jusqu’à 2 700°C.

La chute, observée par des capteurs de l’armée, sera freinée par deux parachutes successifs, dont il est primordial qu’ils se déploient correctement pour éviter un “atterrissage brutal”.

Il pourrait être décidé au dernier moment de ne pas relâcher la capsule s’il apparaît que la zone visée (58 sur 14 km) sera manquée. La sonde irait alors faire le tour du Soleil, avant de retenter sa chance en 2025. Mais si sa livraison se passe bien, elle se mettra en route pour un autre astéroïde.

Boîte blanche et salle hermétique

Une fois la capsule au sol, une équipe équipée de gants et de masques ira s’assurer de son état, avant de la placer dans un filet, ensuite soulevé par un hélicoptère et emporté jusqu’à une “salle blanche” temporaire.

La capsule doit être exposée le moins longtemps possible au sable du désert américain, afin d’éviter toute contamination de l’échantillon qui pourrait fausser les analyses ultérieures.

Lundi, celui-ci sera envoyé par avion vers le centre spatial Johnson à Houston, au Texas. C’est là que la boîte sera ouverte, dans une autre salle hermétique. Le processus prendra des jours.

La Nasa prévoit une conférence de presse le 11 octobre pour dévoiler de premiers résultats.

La majorité de l’échantillon sera conservée pour être étudiée par des générations futures. Environ 25 % seront immédiatement utilisés pour des expériences, et une petite partie sera partagée avec le Japon et le Canada, partenaires de l’opération.

Le Japon avait-lui même donné à la Nasa quelques grains de l’astéroïde Ryugu, dont il avait rapporté 5,4 grammes en 2020, lors de la mission Hayabusa-2. En 2010, il avait rapporté une quantité microscopique d’un autre astéroïde.

Histoire de notre origine

Cette fois, l’échantillon de Bennu est “bien plus gros, donc nous allons pouvoir faire bien plus d’analyses”, a souligné Amy Simon.

Les astéroïdes sont composés des matériaux originels du système solaire, il y a 4,5 milliards d’années. Contrairement à la Terre, ils sont restés intacts.

Ils détiennent donc “des indices sur la façon dont le système solaire s’est formé et a évolué”, a déclaré lors d’une conférence de presse Melissa Morris, responsable du programme Osiris-Rex à la Nasa. “C’est l’histoire de notre propre origine.”

Une faible chance que Bennu frappe la Terre en 2182

En frappant notre planète, “nous pensons que les astéroïdes et les comètes ont apporté de la matière organique, potentiellement de l’eau, ayant aidé la vie à se développer sur Terre”, a expliqué Amy Simon.

Les scientifiques pensent que Bennu (500 mètres de diamètre) est riche en carbone, et contient des molécules d’eau enfermées dans des minéraux.

L’astéroïde a aussi surpris les scientifiques : sa surface s’était révélée moins dense que prévue durant la collecte de l’échantillon. Le bras de la sonde s’était enfoncé, un peu comme dans une piscine à boules.

Or mieux comprendre sa composition pourrait se révéler utile à l’avenir.

Il existe un faible risque (1 chance sur 2 700) que Bennu frappe la Terre en 2182, une collision qui serait catastrophique. Mais la Nasa a réussi l’année dernière à dévier la trajectoire d’un astéroïde en le percutant.

Avec AFP

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