Par Le courrier du cameroun

Enseignante à la retraite et pair-éducateur à la maison des diabétiques du Cameroun, Mme Laurentine Ambomo nous a accordé un entretien.

Interview – Mme Laurentine AMBOMO épouse MBILA, enseignante à la retraite, diabétique et pair éducateur à la maison des diabétiques du Cameroun.

Depuis combien de temps êtes-vous à la maison des diabétiques ?

Je suis à la maison des diabétiques avant même son ouverture officielle en 2007. Madame MVOM tenait des séminaires alors qu’elle était encore à l’hôpital général de Douala, je ne ratais aucune de ces occasions tous les deuxièmes et les derniers mardis du mois.

Croyez-vous  ces tradi praticiens et thérapeutes qui prétendent guérir le diabète ?

Sûrement pas ! J’ai d’ailleurs tourné dans un téléfilm où un tradi praticien prétend pouvoir traiter le diabète en 3 jours. Or, on vit avec cette maladie toute la vie et on n’en guérie pas. Ce sont ces tradi praticiens qui ruinent et tuent la majorité des malades. Pendant qu’ils perdent leur temps chez ces charlatans en espérant une guérison, les complications surviennent et beaucoup arrivent tardivement à l’hôpital. En ce qui me concerne, je vis avec le diabète depuis 21 ans.

Comment êtes-vous arrivée à la maison des diabétiques ?

Avant que je ne sois dépistée, j’ai traîné le diabète pendant deux ans sans le savoir. Le matin, je sortais avec un bidon d’eau de 5 litres, avant 10 heures je l’avais déjà terminé. Avant le dépistage proprement dit, on m’avait prévenue que j’étais prédisposée au diabète parce que ma mère l’était aussi. Pour en venir à votre question, quand on m’a dépistée, je me suis inscrite dans un groupe de malades et à cette époque-là, Mme MVOM venait de Douala les jeudis. Quand elle est venue, elle nous a expliquée qu’on pourrait vivre longtemps avec cette maladie, à condition de respecter le protocole. Elle nous avait justement parlé de ce papa qui traînait le diabète puis 43 ans.

Quand avez-vous été dépisté?

 On m’avait dépisté le diabète un certain 15 septembre 2003 à l’hôpital central de Yaoundé.

Qu’est-ce qui a changé dans votre vie quotidienne depuis que vous êtes à la maison des diabétiques ?

Beaucoup de choses ont changé dans ma vie de tous les jours. Avant d’arriver ici, je buvais la petite Guinness, quand on m’a dépistée et que je suis arrivée ici, on m’a dit la bière c’est croix rouge, juste un petit verre. Je bois également un peu de vin rouge, du bon vin rouge, mais en mangeant.

Qu’est-ce que vous rencontrez comme problèmes ici à la maison des diabétiques ?

Nous faisons face à beaucoup de problèmes d’ordre financier. Il y a des personnes qui arrivent ici très démunies, c’est Madame MVOM qui s’en occupe, quelques-uns prennent des produits et sont incapables de payer. Je suis toujours peinée d’entendre notre bienfaitrice Mme MVOM pleurant à chaudes larmes, qu’elle a demandé des subventions à gauche et à droite, sans succès. Il lui arrive même parfois de dire qu’il est préférable pour elle de fermer, plutôt que de continuer à souffrir avec nous, comme c’est actuellement le cas.

S’il vous était donné d’adresser un message aux pouvoirs publics ?

 Nous prions le gouvernement, à travers lequel le ministère de la santé publique : Primo de nous construire une maison des diabétiques, parce que le loyer coûte excessivement cher ;  secundo de nous octroyer une subvention annuelle, un financement permanent même 10 millions de FCFA. Ceci nous permettra évidemment, d’organiser des opérations de dépistage dans les villes du Cameroun voire dans l’arrière-pays; d’éduquer et de prendre en charge les malades. Sans cette subvention annuelle, je crains fort que la maison des diabétiques ne ferme ses portes dans les prochaines années. Pour le mot de la fin, nous exhortons les médias et les hommes de médias à venir le plus souvent, à la maison des diabétiques, d’autant plus qu’on a comme l’impression qu’ils ne nous assistent pas.

Propos recueillis par Yves Junior NGANGUE

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