Avec AFP
Le souverain pontife est arrivé lundi en milieu de journée à Dili, la capitale du Timor oriental, pays à majorité catholique voisin de l’Indonésie. Cette visite historique de trois jours suscite déjà une ferveur hors norme.
Après sa visite en Papouasie-Nouvelle-Guinée, le pape François est arrivé, lundi 9 septembre, au Timor oriental, où il a été accueilli par une foule immense et démonstrative massée le long des routes de Dili, capitale de ce pays à majorité catholique où sa visite suscite une ferveur hors normes.
Le souverain pontife a atterri à 14 h 20 locales (5 h 20 GMT) à Dili pour la troisième étape de sa tournée marathon en Asie-Pacifique, la plus longue et lointaine de son pontificat, qui se poursuivra mercredi à Singapour et s’achèvera vendredi.
Le pape, apparu en bonne forme malgré un rythme effréné depuis une semaine et qui a reçu une écharpe en signe de bienvenue, a été accueilli par le président Jose Ramos-Horta à l’aéroport, fermé aux vols civils pour trois jours.
François a ensuite été acclamé sur son parcours par des dizaines de milliers de personnes portant des drapeaux et parapluies officiels aux couleurs jaune et blanc du Vatican et frappés des blasons des deux États et du logo de la visite.
À Dili, ville coincée entre les montagnes et les eaux turquoise du détroit d’Ombai, où les autorités avaient nettoyé les routes et relogé les SDF, on pouvait entendre des cris au passage du souverain pontife, alors que beaucoup portaient un t-shirt à l’effigie du pape.
L’histoire du plus jeune pays d’Asie du Sud-Est, une démocratie naissante de 1,3 million d’habitants, a été marquée par des siècles de colonisation portugaise, 24 ans d’occupation indonésienne (1975-1999) et un référendum soutenu par les Nations unies.
De lundi à mercredi, le pays – converti au catholicisme par des missionnaires au XVIe siècle – connaîtra sa première visite papale depuis son indépendance en 2002, avec pour principal temps fort une messe en plein air où 700 000 fidèles sont attendus.
Pas de visite papale depuis 35 ans
Lundi matin, lors d’une dernière rencontre avec quelque 10 000 jeunes de Papouasie-Nouvelle-Guinée au stade de Port Moresby, le pape a invité la foule a prier pour lui.
“Mon métier n’est pas facile !”, a-t-il lancé en plaisantant, avant d’ajouter, en guise d’encouragement : “Dans la vie, tout le monde peut chuter […], mais l’important est de ne pas rester à terre.”
Il s’est ensuite envolé pour Dili, où il est attendu autour de 14 h (9 h GMT). Dans la soirée, il s’exprimera devant les autorités au palais présidentiel.
La dernière visite papale remonte à Jean-Paul II en 1989, alors que le pays était encore sous occupation indonésienne.
Depuis l’indépendance du pays au sortir d’une occupation sanglante qui a fait plus de 200 000 morts, les dirigeants de la “Génération des 75” sont considérés comme des héros de l’indépendance, à commencer par le président José Ramos-Horta, lauréat du prix Nobel.
Une ferveur hors norme
Dans ce pays pauvre où 98 % de la population est catholique, la visite de François suscite un enthousiasme immense.
“J’espère que par cette visite, le pape François apportera un message de paix”, a déclaré Francisco Amaral da Silva, un professeur de 58 ans.
François rencontrera entre autres des jésuites, des enfants handicapés et des fidèles catholiques.
Les fidèles de l’Indonésie voisine traverseront même la frontière pour l’occasion : un bureau local de l’immigration dans les Petites îles de la Sonde orientale a annoncé qu’un millier de personnes feraient le déplacement.
Malgré son poids dans la société, le catholicisme n’est pas la religion d’État et le pays compte de petites communautés de protestants et de musulmans sunnites.
Il figure parmi les pays les plus pauvres du monde, fortement dépendant des revenus du pétrole et du gaz, qui, selon les experts, pourraient s’épuiser d’ici quelques années.
Évocation de la pédocriminalité dans l’Église ?
François pourrait aborder les questions économiques ou les problèmes sociaux auxquels le pays est confronté, à commencer par les violations des droits humains.
Le “Timor Leste” souffre aussi d’une corruption endémique, de graves violences sexistes, de violences domestiques envers les personnes handicapées et le travail des enfants reste monnaie courante.
Mais le chef des 1,3 milliard de catholiques se retrouvera surtout confronté au douloureux dossier de la pédocriminalité dans l’Église, lui qui a promis une “tolérance zéro” sur la question.
Le cas le plus emblématique est celui de Mgr Belo, un évêque lauréat du prix Nobel en 1996 pour son rôle dans l’indépendance, accusé de violences sexuelles sur de jeunes garçons pendant une vingtaine d’années et secrètement sanctionné par le Vatican en 2020.
Des groupes de défense des droits humains ont fait pression pour que le pape s’exprime sur le sujet et présente ses excuses aux victimes. Il pourrait l’évoquer dans l’un de ses discours, mais son programme officiel ne prévoit jusqu’ici aucune rencontre avec des victimes.
Malgré le rythme effréné de ce voyage, François, qui a connu ces dernières années des problèmes de santé, est apparu souriant et en bonne forme, ne semblant gêné ni par la chaleur, ni par l’important décalage horaire.
Avec AFP