Par Le courrier du cameroun
Infirmière diplômée d’État de formation, l’invitée de la Rédaction est également grâce à une bourse d’études, passée par les hôpitaux universitaires de Strasbourg en France, avant de décrocher un parchemin de formateur expert à la fédération internationale du diabète. Après avoir porté l’Association du diabète et des hypertendus sur les fonts baptismaux en 2009 sur fonds propres, la fondatrice de la maison des diabétiques pousse un cri du cœur aux âmes de bonne volonté et au gouvernement, dans un entretien exclusif.
Interview – Mme Angeline MVOM, Présidente Camerounaise de l’association des diabétiques et Hypertendus, Fondatrice de la maison des diabétiques
Bonjour, Présidente Angeline MVOM, Comment est née l’association des diabétiques et des hypertendus du Cameroun ?
C’est une très longue histoire. Laissez-moi commencer par le début. Ma maman était diabétique insulino- indépendante. Quand j’ai été reçue au baccalauréat, elle m’avait demandé ce que je voulais faire plus tard. Je lui ai répondu que je voulais devenir ingénieure agronome. Elle m’en a dissuadé en indiquant qu’elle souhaitait que je devienne médecin pour pouvoir m’occuper d’elle. C’est comme ça que j’avais présenté le concours des infirmières diplômées d’État, que j’ai brillamment réussi. Mutée à l’hôpital général de Douala, le français qui en était directeur avait constaté que je m’occupais bien des malades du diabète. C’est ainsi qu’il m’avait permis d’obtenir une bourse de formation pour les hôpitaux universitaires de Strasbourg en France. Ensuite, j’avais passée une autre formation des formateurs à Paris. Au terme d’une sélection effectuée par la fédération internationale du diabète, je suis devenue formateur expert. Un jour en France, alors que je visitais les stands lors d’un congrès à Paris, je suis tombée par surprise sur un stand où était mentionné (Maison des diabétiques). Tout de suite, il m’est venu à l’idée que je devrais faire la même chose, une fois rentrée au Cameroun. En 2009, j’avais été chargée par la fédération internationale du diabète de former les formateurs dans les pays d’Afrique de l’ouest francophone, ce sont les 5 millions de francs CFA que j’avais ramenés de cette mission qui m’ont permis de fonder la maison des diabétiques du Cameroun. J’espère avoir répondu à votre question.
Puisque nous y sommes, existe-t-il à date, un traitement curatif du diabète ?
Le diabète est une maladie chronique, c’est à dire une maladie qu’on porte toute la vie. Cependant, si on parvient à faire une greffe du pancréas et des reins, il est probable qu’on puisse guérir de la maladie. Parmi mes patientes, il y a justement une qui était diabétique insulinodépendante depuis l’âge de 10 ans. Elle est allée en France, après un séjour de plus de 20 ans, puisque ses reins étaient déjà touchés et qu’elle faisait déjà la dialyse, grâce à une âme de bonne volonté on lui a fait simultanément une grève des reins et du pancréas.
Est elle donc à ce jour guérie du diabète…
Elle ne prend plus le traitement mais il faut encore attendre puisque l’organisme peut rejeter ce qui a été fait. Croisons tout simplement les doigts pour que tout se passe bien.
Que répondrez-vous à ces tradi-praticiens et thérapeutes qui disent soigner le diabète au Cameroun…En un mot comme en mille, peut-on guérir de cette maladie ?
A priori, Je dis non ! Le diabète est une maladie chronique. Ça n’empêche que les recherches sont toujours en cours. À fortiori, Je pense que si un camerounais parvient à découvrir le produit qui guérira le diabète, les malades du monde entier convergeront vers le Cameroun pour trouver la guérison. Nos hôtels seront systématiquement bondés, notre pays s’enrichira. Dites vous bien que jusqu’aujourd’hui nous continuons à fêter l’anniversaire du médecin Canadien Banting qui avait découvert l’insuline en 1921. La journée du 14 novembre lui est entièrement consacrée, parce qu’on l’assimile encore à ce jour(Ndrl, le 14 novembre…) où le bon Dieu avait envoyé sur terre, cet homme qui a découvert l’insuline qui équilibre seulement le diabète. En définitive, nous ne barrons pas la route à la recherche. Que les chercheurs camerounais et d’autres continuent à rechercher. Un jour ne sait-on jamais !
S’il vous était demandé de présenter brièvement votre association, que diriez-vous….
Elle s’appelle Association Camerounaise des diabétiques et hypertendus, nous avons pour siège social la maison des diabétiques du Cameroun (ACADIAH-MDC). Nous sommes basés à Yaoundé à Tsinga avenue John Ngu Foncha descente Christ Roi et bientôt au quartier Logpom à Douala. Nous répondons au numéro 699856513.
L’association des diabétiques et hypertendus et la maison des diabétiques du Cameroun ( ACADIAH-MDC) compte combien de membres à ce jour…
Actuellement, nous avons sensiblement 700 membres actifs.
Que faites vous concrètement au sein de votre association…
Nous faisons un travail de prévention et de sensibilisation pour éviter les complications dégénératives du diabète et de l’hypertension aux malades vivant avec ces affections. Malheureusement , nous ne sommes pas soutenus pour le faire. J’organise par exemple, deux fois par mois, les séminaires d’éducation thérapeutique et diététique avec les patients, grosso modo nous faisons dans la: 1- Sensibilisation et dépistage 2- Contrôle des paramètres et écoute des patients 3- Éducation et Initiation à l’autogestion 4- Formation des éducateurs et pairs éducateurs 5- Organisation des séminaires 6- Encadrement des stagiaires 7- dépistage gratuit des complications : neuropathie et renopathie et cetera.
Recevez-vous un appui financier du gouvernement pour mieux mener vos activités ?
En 15 ans de fonctionnement, j’ai reçu une subvention de 800.000 FCFA du ministère de la santé publique du temps du ministre Mama Fouda. Je déplore le décès de feu Joseph Ndi Samba qui mettait de temps en temps la main dans la poche pour payer deux ou trois mois de baux et parfois l’ancien vice président de l’assemblée nationale MBAH Ndam, aujourd’hui disparu, qui était également l’un de nos membres actifs.
S’il vous était demandé d’énumérer vos problèmes au quotidien ?
Nous rencontrons beaucoup de problèmes au quotidien puisque nous fonctionnons sans subvention. Les diabétiques ont la volonté de se traiter mais c’est un pari difficile voire impossible faute d’argent. En dehors des frais destinés à l’acquisition des médicaments et des examens médicaux, quand il faut organiser les ateliers et qu’on leur demande de donner une contribution pour acheter les denrées alimentaires qu’ils viendront consommer c’est la croix et la bannière. Pourtant, j’écris régulièrement au ministère de la santé publique en leur faisant parvenir mon rapport d’activité, je l’ai fait en 2023. Ils ne m’ont jamais répondu. J’avais également adressée une correspondance au secrétaire exécutif des Synergies Africaines voire au Président de la République, toutes ces sollicitations sont à ce jour restées sans suite.
Propos recueillis par Yves Junior NGANGUE et décryptés par Mathilde EYENGA.