Avec AFP
À quatre mois et demi de la présidentielle américaine, Joe Biden a annoncé mardi des mesures de régularisation dont pourraient bénéficier des centaines de milliers de personnes, et qui ont été immédiatement condamnées par les partisans de son rival Donald Trump.
Le projet de régularisations provoque une levée de boucliers chez les républicains. Joe Biden a annoncé, mardi 18 juin, des mesures devant faciliter l’obtention de titres de séjour pour les conjoints ou conjointes de citoyens américains qui vivent aux États-Unis sans avoir de papiers en règle, et accélérer les procédures de visa pour les jeunes diplômés, a fait savoir la Maison Blanche.
“Nous pouvons à la fois sécuriser la frontière (avec le Mexique) et fournir des voies légales d’immigration”, a dit le président américain. Le démocrate de 81 ans en a profité pour critiquer son prédécesseur, l’accusant d’alimenter les “peurs” des Américains et jugeant “scandaleux” de dire, comme le milliardaire républicain de 78 ans l’a fait, que les migrants étaient des “animaux” qui “empoisonnent le sang” du pays.
Donald Trump, en campagne dans le Wisconsin (nord), a lui assuré que s’il était élu en novembre, ce “projet d’amnistie illégal (serait) déchiré et jeté dès le premier jour”, pendant que ses partisans clamaient, à l’intention des migrants en situation irrégulière, “Virons-les ! Virons-les !”.
L’immigration est un sujet majeur de la campagne pour les élections présidentielle et législatives de novembre aux États-Unis. C’est aussi un thème politiquement délicat pour le président démocrate, régulièrement accusé de laxisme en la matière par celui qu’il affrontera lors de l’élection de novembre, son prédécesseur républicain Donald Trump, à la rhétorique anti-immigration très virulente.
Joe Biden a récemment annoncé un très net durcissement de sa politique migratoire, pour faire face aux arrivées à la frontière avec le Mexique. Mais le démocrate de 81 ans, soucieux de se distinguer de son prédécesseur, vante dans le même temps les bienfaits d’une immigration régulée et “humaine”, passant par des mesures telles que celles annoncées mardi.
Le gouvernement américain va faciliter la délivrance de permis de séjour permanent – la fameuse “carte verte” – et de permis de travail aux conjoints et conjointes immigrés de citoyens américains et à leurs enfants.
Les personnes résidant depuis au moins dix ans aux États-Unis, et mariées à un citoyen ou une citoyenne américaine, pourront à l’avenir engager une démarche de régularisation sans devoir quitter au préalable le territoire américain, comme c’était jusqu’ici le cas.
Selon les calculs de l’administration Biden, les personnes qui seront éligibles résident en moyenne depuis 23 ans aux États-Unis. “Cette mesure va protéger environ un demi-million de conjoints et de conjointes de citoyens américains, et environ 50 000 enfants immigrés âgés de moins de 21 ans”, selon la Maison Blanche.
Une manœuvre “électoraliste”, selon les républicains
L’annonce a immédiatement suscité de vives critiques du Parti républicain. L’élue de la droite radicale Marjorie Taylor Greene a dénoncé une manœuvre “électoraliste”, tandis que le républicain Josh Brecheen, qui représente l’État de l’Oklahoma, a estimé que “d’un coup de crayon, le président Biden protégeait 550 000 illégaux de l’expulsion” dans l’espoir de “récolter les voix” des membres des familles concernées en novembre.
Joe Biden veut par ailleurs accélérer la procédure de visas de travail pour certains immigrés ayant obtenu un diplôme de l’enseignement supérieur aux États-Unis et ayant reçu une offre d’emploi dans le pays.
Cette décision s’appliquera en particulier aux bénéficiaires d’un programme protégeant les mineurs immigrés, mis en place en 2012 quand Barack Obama était président et dont Joe Biden va célébrer le douzième anniversaire mardi à la Maison Blanche.
L’équipe de campagne du démocrate s’est d’ailleurs appuyée sur cet anniversaire pour diffuser une vidéo dans laquelle des bénéficiaires de ce programme, connus aux États-Unis sous le nom de “Dreamers”, attaquent en anglais et en espagnol les positions anti-immigration de Donald Trump.
L’ancien président républicain veut organiser, en cas de retour à la Maison Blanche, des expulsions massives d’immigrés en situation irrégulière. Il a accusé les migrants d'”empoisonner le sang” du pays et d’y faire flamber la criminalité, sans étayer ces affirmations par des chiffres.
Avec AFP