Par Calvin DJOUARI

L’affaire Martinez Zogo a renvoyé tous les camerounais à l’école du droit. C’est normal. Chaque jour qui passe, elle devient une énigme. Beaucoup de questions restent à élucider. Qui a tué Martinez Zogo ? Après le droit, on a regardé son appareil, c’est-à-dire, l’institution qui recommande son écrire et sa lecture, puisqu’elle prend le pas sur le droit, on a demandé à cette institution de trancher l’affaire. 

L’affaire Martinez Zogo a renvoyé tous les camerounais à l’école du droit. C’est normal. Chaque jour qui passe, elle devient une énigme. Beaucoup de questions restent à élucider. Qui a tué Martinez Zogo ? Après le droit, on a regardé son appareil, c’est-à-dire, l’institution qui recommande son écrire et sa lecture, puisqu’elle prend le pas sur le droit, on a demandé à cette institution de trancher l’affaire. 

C’est-à-dire d’inculper et de juger, pour mettre fin à des spectacles atroces qu’on a vus dans notre pays.  Le crime perpétué sur Martinez Zogo était si affreux qu’il a relégué l’homme camerounais au stade de la bête. La revendication faite par la population a eu pour porte-parole les journalistes de tout bord. On a vu la vraie force de nos médias au Cameroun. 

Toutes ces étapes montrent la préoccupation des camerounais pour leur pays. On ne peut plus revenir sur des commentaires ordinaires, qui furent abondants. Nous irons côté jardin à la recherche de quelques fleurs d’une rhétorique quotidienne, toujours avec prudence, car jusqu’à ce jour, il n’y a aucune personne à qui on peut apporter des fleurs dans cette affaire pour avoir bien travaillé.

Depuis quelques jours Amougou Belinga est déféré. Les enquêtes se poursuivent. Nous avons tous vu l’importance du simple langage d’un homme de la rue doté d’un bon sens ordinaire qui est capable de contribuer et d’appeler l’attention sur l’importance de rendre la justice.

Cette affaire, qui suscite tant d’émotions, mérite toujours qu’on se renseigne sur l’homme Amougou. C’était un homme généreux, c’est   connu, je dirai même un donneur universel. Tous les hommes riches sont susceptibles de l’être. Mais comme tous les fêtards, ils sont sans états d’âme lorsqu’ils veulent faire périr l’adversaire ou l’ennemi qui pénètrent mal sur leur terrain. Avec les nombreux témoignages reçus çà et là, j’ai compris que c’est un homme qui a causé beaucoup de torts à des nombreux Camerounais. Mais ce n’est pas aussi pour cette raison qu’on devrait l’accusé sur tous les faits. Moi, j’ai toujours crié vengeance, si tout est établi que c’est lui, il vaut mieux que la peine de mort soit rétablie uniquement pour lui.

L’affaire Martinez Zogo est l’aboutissement d’un long cycle qui a commencé avec l’affaire de 50 homos, dont certaines personnes sont mortes et d’autres ont négocié le silence. Amougou Belinga connait les camerounais et le camerounais le connaissent désormais. Arrêtons-nous là. Revenons sur le crime.

J’aimerais commencer par raconter cette anecdote vécue dans mon enfance.

Chez nous les Baboutés, lorsqu’on accusait quelqu’un d’un crime, et que la rumeur s’amplifiait. On invitait, le présumé à boire le cadi. Sorte de potion traditionnelle que ce dernier devra absorber le bon matin devant tout le village. Et avant de boire, le maître de cérémonie invoquait les esprits maléfiques à punir de mort si c’était lui le coupable, ou à vomir en cas d’innocence. J’étais tout petit, lorsque j’ai assisté en 1974 à l’une des cérémonies du cadi. Celle-ci m’avait profondément marqué l’esprit. Celui qu’on avait accusé de sorcellerie cette année-là avait vomi le liquide blanchâtre. Il était innocenté.

Un autre fait, plus tragique cette fois, mettait en scène, un certain John accusé d’avoir assassiné un papa du village tout simplement parce qu’il avait eu une violente altercation à la veille avec ce dernier. John qui était un homme du nord-ouest, était arrivé dans notre village pour chercher du travail dans les champs de cacao. Il était à son premier jour. Étant entré dans une buvette pour acheter la bière locale, il avait malencontreusement versé le verre d’un client visiblement en état d’ivresse qui s’était acharné sur lui en lui ruant des coups de points. 

Mais John n’avait pas répliqué. Il avait encaissé les coups, et pour calmer son vis-à-vis, il lui avait proposé de réparer son incident en achetant un autre verre de bière. Son adversaire avait refusé et John est sorti de la buvette et poursuivit son voyage dans un autre non loin.  Mais seulement, il était loin d’imaginer ce qui se passera après lui. Le lendemain, on avait découvert que son adversaire était mort rué de coups sur son lit. John, qui était à son premier jour dans le village, ne connaissait même pas où celui-ci habitait. Mais il sera désigné comme le coupable. Le village n’étant pas à l’époque, un environnement scientifique, il n’y aura d’autres visages que celui de John, qui, pourtant avait quitté le village le même jour. J’ai vu John ramené et ligoté, la main derrière le dos et tenu par le chasseur Tackpa comme un animal qu’on venait de prendre dans un piège. Il avait le visage tuméfié, ses bourreaux avaient fait un bon score sur lui avant de le ramener au village. Je me souviens qu’il avait été si touché qu’il ne parvenait même pas à saisir son zizi pour se soulager. C’était l’été des coups des poings côté camerounais. Je dis bien nous sommes en 1974.


Tout petit, j’ai vécu cette scène de près. Ce fut le premier fait troublant de ma vie. Je me souviens que lorsqu’on amenait John à Bafia lieu où il devait être jugé, il avait dit à tout le village, « ouvrez les yeux et cherchez le tueur parmi vous, je n’y suis pour rien. » On ne l’a même pas regardé.



Le matin, lorsque j’allais au champ avec mon grand-père, il me fit une confidence. Que ce n’était pas John qui avait commis ce forfait, mais que c’était une personne que tout le village était également loin d’imaginer, mais il n’en dira pas plus. Il ne dira jamais rien. Chaque fois qu’on parlait de John dans la grande cour où tout le monde vient discourir après les champs, mon grand-père riait… mais un rire qui en disait long.

Cette petite anecdote me rappelle le drame que le Cameroun vient de connaître. J’ai écrit 8 articles sur l’affaire Zogo. Huit articles dans lesquels j’exprime ma vive émotion. Les gens ont crié vers les cieux, d’autres vers la terre, certains autres, sous les eaux, ou dans la forêt. Mais je ne peux finir cette rubrique sans retourner à la raison et dire après une longue analyse que : « même si Amougou Belinga avait pour ennemi juré Martinez Zogo, il lui était impossible d’assassiner le même soir, le journaliste qui l’avait vilipendé tout en sachant que l’opinion le désignerait comme coupable. C’est mon hypothèse, c’est pourquoi un de mes amis bien connu, a dit que si c’est lui, c’est qu’il est le criminel le plus idiot.

 Ce crime ressemble à un causé par d’autres et dont on a collé d’une manière ou d’une à sa peau. Je sais d’aventure que la femme qui veut en découdre avec son ex-mari physiquement demande toujours à un membre de la famille de l’accompagner. Elle peut avoir son idée que toi qui l’accompagnes ignore au point de te faire participer involontairement à un crime que tu n’avais pas prémédité.


Justin Danwe ressemble à ce genre de personne qu’on appelle des infiltrés. Ils sont très forts pour l’infiltration ; leur première attitude est toujours de te servir, si tu es pauvre, on te file de l’argent ; si tu es riche, on te file des informations, ou encore on te livre des grandes dames pour tes penchants libidineux. Les femmes sont également très douées pour l’infiltration, j’en ai moi-même connu beaucoup dans la vie ; elles sont toujours très belles, et s’intéressent à ton domaine. Généralement, on prend une personne dans son métier. 

Ce crime n’est pas un crime anodin, il a des origines lointaines qui préparent un avenir politique. Généralement, au Cameroun, pour qu’il y ait la paix, il y a toujours une personne qu’on élimine. Ce fut le cas de Félix Moumié. Le Cameroun… Toujours des faits tristement célèbres. C’est maître Tchoungang qui avait finalement raison dans son communiqué de presse… Lorsqu’il disait que « si on savait ce qui est dans ce dossier… » j’ai fini par le comprendre.

Nous sommes tellement naïfs dans la vie politique qu’on refuse de réfléchir sur les événements. Je ne peux pour l’instant accuser personne, je continue tout simplement, à pleurer l’homme qui est mort pour rien. On l’a très certainement utilisé, comme tant d’autres. Je suis quand même juriste, pour ne plus dire des choses avec légèreté. C’est un crime planifié qui voulait l’empreinte de certaines personnes pour la protection du futur et l’élimination politique, c’est l’avenir qui nous dira parce que  cette affaire n’est  peut-être pas fini.



Comme disait camus, rien d’humain ne doit nous être étranger. Même si on a devant nous un condamné à mort, il faut le tuer avec dignité. Ce que l’homme Amougou Belinga a subi ce dernier temps, pour une personne qui avait atteint ce niveau de vie, il faut savoir que ça dépasse la mort.  Lorsque j’apprends qu’il a des problèmes psychiques, je le comprends, il faut avoir été milliardaire et devenir un jour pauvre ou avoir la peur de le devenir, pour comprendre dans quel état d’esprit ce monsieur se trouve. Si on n’est pas solide dans le corps, l’âme s’envole. C’est le moment pour lui aussi de connaître le mal qu’il a souvent administré aux autres personnes. 


Les journalistes camerounais sont très futés, ils connaissent des choses, ils comprennent des choses, parmi eux il y a des policiers, il y a des choses qu’ils ne peuvent plus dire, parce que dans cette affaire, celui qui en dira trop, tombera.

La vérité dans cette affaire est lourde, on se la représente un peu, et même si on est un commentateur de génie, il est préférable de vivre en bonne intelligence.



Je n’insiste pas davantage sur ce drame qui intéresse le monde entier. J’ai souvent demandé à des journalistes camerounais arrêtés ou emprisonnés pourquoi diable, se croyaient-ils obligés de parler ainsi devant le monde entier des secrets qui les amener au champ de bataille ou pour finir bêtement dans les geôles ou dans la mort. Celui qui connaît notre pays, connait les morts, il peut en citer plein de cas non élucidé. Il y a eu des décès macabres, les têtes des dames tranchées, aucun coupable jusqu’à ce jour.


Dans l’affaire Belinga, on se réfère aux juges, mais, sachons que le juge n’est pas un dieu, ni un roi, il est un serviteur de la patrie, doté d’un parapluie, plein de déférence pour ses supérieurs hiérarchiques, et le reste de l’humanité. Il travaille avec courtoisie naturelle d’abord, ensuite par crainte d’être mal apprécié, lui-même peut ne pas avoir assez d’influence, pour faire avancer la vérité.  Le sang de Martinez n’est pas encore séché, dans cette affaire, il n’y aura pas égalité des rapports entre les parties, et chaque fois qu’on avance, l’affaire se dégonfle, mais que chacun sorte de là avec une bonne conscience, car ce crime dénigre le Cameroun, il y avait une nécessité de psychanalyser toutes les parties concernées, cette nécessité demeure.


Encore une fois, cet article n’est pas péremptoire, il s’agrémente des sentiments qui me sont propres et qui reposent sur des convictions intellectuelles, parfois subjectives. Après tout, j’écris pour ma lectrice personnelle, en tenant compte de ma propre objectivité qui n’est pas une asymptote oblique, mais qui prend souvent des allures romanesques et fictionnelles.

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