Avec Roselyne ALIMA et AFP

Les circonstances ne permettent pas pour l’heure de déterminer l’origine des deux tirs de missiles tombés mardi en territoire polonais, a déclaré, mercredi 16 novembre, Emmanuel Macron lors du sommet du G20 à Bali.

Au lendemain de la chute d’un missile de « fabrication russe », en Pologne, pays membre de l’OTAN, la prudence est de mise, concernant les circonstances de cet incident. Objectif? Eviter toute escalade dans le conflit.

La chute d’un missile en Pologne, membre de l’OTAN, dont l’origine est encore à déterminer a secoué le G20, mardi 15 novembre, alors que les dirigeants du monde entier sont réunis à Bali, pour tenter de surmonter certaines divisions face à la guerre en Ukraine. 

Aussitôt l’information rendue publique, les dirigeants du monde entier se sont réunis en urgence, durant une heure, à Bali, et ont apporté leur « plein soutien » à la Pologne dans un communiqué. À quelques petites nuances près, tous semblent d’accord pour éviter toute escalade dans ce conflit et font primer une grande prudence quant à ces évènements. 

Pour Zelensky, il s’agit d’un message de la Russie envoyé au G20, pas pour Macron

La frappe d’un missile en Pologne « n’est rien d’autre qu’un message de la Russie adressé au sommet du G20 », a déclaré mercredi le président ukrainien Volodymyr Zelensky par visioconférence devant les dirigeants du groupe réunis à Bali. Il y a « un Etat terroriste parmi vous, contre lequel il faut se défendre », a-t-il averti, désignant la Russie, selon le texte vu par l’AFP du discours prononcé lors de la dernière session du sommet.

Une analyse que ne partage pas Emmanuel Macron. Depuis le sommet du G20 à Bali, le chef de l’Etat a convenu qu’il y avait « une intensification des tirs russes sur l’Ukraine depuis la contre-offensive dans le Donbass » mais il n’est « pas sûr que ce soit une provocation à l’égard du G20 ». « Le fait que cela se passe durant le G20 ne doit en rien changer dans notre volonté de bâtir la paix et ramener tout le monde autour de la table. Nous, la France, discuterons avec l’Ukraine mais aussi avec la Russie. Nous devons tout faire pour aider l’Ukraine à résister », a dit Emmanuel Macron.

Concernant l’enquête en cours, « les circonstances ne permettent pas d’attribuer ces tirs. Les premiers travaux ont été transmis par les USA, nos services travaillent en coopération avec la Pologne, les USA et les britanniques. Quand ces évènements seront clarifiés, nous communiquerons », a affirmé le chef de l’Etat. 

Grande prudence en Europe sur l’origine de ce missile 

Pour l’heure, la prudence est de mise en Europe, comme l’est le chef de l’Etat. Les dirigeants du G20 ont décidé de « rester en contact étroit pour déterminer des prochaines étapes en fonction de l’enquête ». « Compte-tenu des enjeux, il est logique qu’on aborde la question avec la plus grande prudence », a souligné la présidence française, soulignant que « beaucoup de pays disposent du même type d’armement » dans la région et en rappelant que « les risques d’escalade sont importants ». 

Le chancelier allemand Olaf Scholz a mis en garde contre toute « conclusion hâtive » après la chute meurtrière en Pologne d’un missile probablement de fabrication russe selon Varsovie. Lors d’un point presse au sommet du G20, retransmis par la chaîne allemande NTV, Olaf Scholz a déclaré: « dans une affaire aussi grave, il faut se garder de toute conclusion hâtive sur le déroulement des faits avant une enquête soigneuse », actuellement toujours en cours.

« Naturellement, nous avons échangé les informations actuelles de nos services de sécurité (respectifs) pour allier nos possibilités d’enquêtes », a-t-il dit après une rencontre avec les pays de l’Otan présents au G20. « Tout cela ne serait pas arrivé sans la guerre russe contre l’Ukraine et sans les missiles qui ont été lancés sur les infrastructures ukrainiennes », a-t-il constaté.

La ministre belge de la Défense Ludivine Dedonder a elle déclaré dans un communiqué que l’explosion en Pologne serait due aux « systèmes ukrainiens de défense antiaérienne, utilisés pour contrer des missiles russes »« Les investigations se poursuivent, actuellement rien n’indique qu’il s’agisse d’une attaque délibérée », a ajouté la ministre. Les dirigeants du G20 ont exprimé leur solidarité avec la Pologne mais aussi appelé à la prudence en attendant le résultat d’une enquête. « Important que tous les faits soient établis », a tweeté le chef de l’Otan Jens Stoltenberg.

Alors que l’enquête semble toujours en cours, le président américain Joe Biden a jugé « improbable » que le missile qui a frappé la Pologne ait été tiré depuis la Russie. Comme Rishi Sunak, Premier ministre britannique, il a condamné plus largement, la guerre en Ukraine. 

L’appel au calme de la Chine 

Nombre des pays du Sud, tels la Chine et l’Inde, silencieux sur la frappe en Pologne, se refusent à condamner Moscou et préfèrent appeler les deux parties à négocier. Néanmoins, la Chine a appelé l’ensemble des acteurs au « calme » après les informations faisant état de la chute meurtrière en Pologne d’un missile de fabrication russe et le placement en état d’alerte de l’armée polonaise. « Dans la situation actuelle, toutes les parties concernées doivent rester calmes et faire preuve de retenue afin d’éviter une escalade », a déclaré lors d’un point presse régulier Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. « La position de la Chine sur la question ukrainienne est la même depuis le début et elle est claire: la priorité absolue est de mener un dialogue et des négociations afin de résoudre la crise de manière pacifique. »

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays est membre de l’Otan, a dit de son côté « respecter » les démentis russes et insisté sur les propos de Joe Biden sur l’origine du tir: « Il ne serait pas correct de prendre des décisions hâtives ».

La Russie assure n’avoir « rien à voir » avec l’incident 

La Russie a dit n’avoir « rien à voir » dans l’incident, assurant mercredi que le missile avait « sans équivoque » été tiré par un système de défense S-300 des forces ukrainiennes. « Les frappes de haute précision n’ont été menées que sur le territoire de l’Ukraine à une distance supérieure à 35 kilomètres de la frontière ukraino-polonaise », a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué.

Les débris retrouvés en Pologne « ont été identifiés de manière catégorique par des spécialistes russes (…) comme un élément d’un missile guidé antiaérien des systèmes de défense antiaérienne S-300 des forces armées ukrainiennes », a-t-il ajouté.

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