Avec AFP

Les premiers résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis, les “midterms”, commencent à tomber. Les républicains auraient pour le moment une certaine longueur d’avance à la Chambre des représentants. Au Sénat, ce sont les démocrates qui conservent un petit avantage. Joe Biden semble avoir limité la casse aux élections américaines de mi-mandat. Reste à voir dans quelle mesure cela suffira à lui donner un nouvel élan, jusqu’en 2024 voire au-delà.

On prédisait une claque aux démocrates, mais pour le moment, ils sont loin d’avoir subi la vague rouge républicaine annoncée.

Avec 199 sièges à la Chambre des représentants pour les républicains, contre 168 pour les démocrates, selon des résultats donnés par l’agence Associated Press, ce mercredi 9 novembre au matin, c’est tout de même une petite victoire pour le parti d’opposition.

Au Sénat, les démocrates gardent en revanche une légère avance, avec 48 sièges contre 47 pour les républicains. 

Joe Biden qui pendant sa campagne n’avait cessé de durcir le ton contre les républicains “extrêmes” ralliés à son prédécesseur Donald Trump, a enchaîné, pendant la soirée électorale, les coups de fil avec les démocrates ayant remporté certaines courses, que ce soit pour des postes de gouverneurs, à la Chambre des représentants ou au Sénat.

Y compris des gens que j’ai rencontrés cette année”, a-t-il tweeté, avec une photo de lui au téléphone, en col roulé et casquette sur la tête, comme pour s’attribuer un peu du mérite de ces victoires.

Ses équipes en tous cas étaient “tout étourdies et enchantées”, a dit l’ancienne porte-parole de Joe Biden, Jen Psaki, devenue commentatrice sur la chaîne MSNBC, après avoir contacté ses anciens collègues.

Phase délicate

Si les dernières tendances se confirment – à savoir que les démocrates ne concèderaient aux républicains qu’une courte majorité à la Chambre des représentants, tandis que le suspense persiste sur le Sénat – Joe Biden ferait mentir des sondages qui le donnaient, avec son parti, lourdement perdant.

Et il pourrait, malgré une inflation galopante, une cote de confiance anémique et les attaques violentes de Donald Trump, se trouver mieux loti que les derniers présidents démocrates, Barack Obama et Bill Clinton, qui avaient bu le bouillon lors des “midterms”.

Mais Joe Biden n’en aborde pas moins une phase délicate. Dans une Amérique où les divisions partisanes sont plus profondes que jamais, pourra-t-il, avec sa longue expérience de sénateur, et ses convictions profondément centristes, créer du consensus avec les républicains?

Rien n’est moins sûr, et il pourrait faire face à une longue paralysie parlementaire, avec des empoignades sans fin autour de projets de législation mort-nés.
Reste aussi à savoir dans quelle mesure le parti conservateur, qui promettait une stratégie parlementaire agressive, restera sur cette ligne.

Avoir la majorité, même de peu, à la Chambre, offre un pouvoir conséquent en matière de supervision et la droite avait promis d’en user pour lancer nombre d’enquêtes contre Joe Biden, son bilan et son entourage. 

L’une de ses représentantes les plus virulentes, Marjorie Taylor Greene, réélue à la Chambre, a déjà promis par exemple de s’en prendre à Hunter Biden. Le plus jeune fils du président, au passé tourmenté marqué par les addictions, est depuis toujours une vulnérabilité du président. 

Le “Grand Old Party” lui reproche d’avoir utilisé le capital politique de son père pour faire des affaires avec la Chine et l’Ukraine. 

Les yeux rivés sur 2024


“Je mènerai le combat pour assurer que mon parti n’échoue surtout pas”, a écrit cette fidèle de Donald Trump dans un communiqué. 

Majoritaire à la Chambre, le parti républicain disposerait aussi de moyens de pression budgétaire. Il pourrait agiter la menace d’un “shutdown” – une paralysie de l’administration fédérale – voire d’un défaut de paiement de la première puissance mondiale.

Et il faudra de toute façon encore un certain temps avant que ne se décante le résultat au Sénat, doté de compétences étendues.
Au-delà, la grande question pour Joe Biden, et pour les démocrates, est celle de la présidentielle de 2024.

Le président américain a jusqu’ici toujours dit avoir l’intention de se représenter. Il n’avait pas d’autre choix, sous peine de perdre immédiatement tout capital politique.
Mais la perspective n’enchante guère l’opinion publique, ni même les démocrates, bien conscients de l’âge du président, qui fêtera dans quelques jours son 80ème anniversaire. 

Donald Trump a laissé entendre qu’il pourrait annoncer sa candidature le 15 novembre en Floride. 

Son grand rival démocrate sera loin, lui qui part vendredi pour un marathon diplomatique l’emmenant à la COP27 en Egypte, au Cambodge pour un sommet de l’Asean, puis en Indonésie pour le sommet du G20. 

Impossible, pour l’heure, de savoir si Joe Biden fera avant son départ la lumière sur ses intentions pour 2024.

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