Le courrier du cameroun (avec AFP)
Des bombardements d’une ampleur inégalée depuis des mois ont frappé plusieurs villes d’Ukraine, dont Kiev lundi 10 octobre. Volodymyr Zelensky accuse le Kremlin de vouloir « détruire le système énergétique » du pays, Paris dénonce « un crime de guerre ». Vladimir Poutine assume et menace de répliques « sévères ».
Une série de bombardements d’une ampleur inégalée depuis des mois vise, lundi 10 octobre, de nombreuses villes d’Ukraine dont Kiev, faisant « des morts », selon le président Volodymyr Zelensky. La police a compté au moins cinq morts et douze blessés, selon un premier bilan, tandis que l’armée ukrainienne affirme que la Russie a lancé 75 missiles sur l’Ukraine.
Cinq fortes détonations ont été entendues lundi matin dans le centre de la capitale. Elles ont eu lieu vers 8 h 15 heure locale (7 h 15 à Paris). De nombreuses ambulances dans le centre-ville se dirigent vers les lieux des explosions. La dernière frappe sur Kiev avait eu lieu le 26 juin.
Outre la capitale, des frappes ont notamment été rapportées à Lviv, dans l’Ouest, très loin de la ligne de front, ainsi qu’à Dnipro (Centre) et Zaporijjia (Sud). « Ils essaient de nous détruire tous, de nous effacer de la surface de la Terre », a dénoncé Volodymyr Zelensky, accusant également la Russie de vouloir « détruire le système énergétique » du pays, alors que des coupures de courant et d’eau chaude ont été constatées à Lviv.
L’Europe a condamné ces frappes. Josep Borrell, le Haut représentant de l’UE pour la politique étrangère, s’est dit « profondément choqué » par les attaques russes contre des civils. Londres a dénoncé de son côté des bombardements « inacceptables », tandis que la Moldavie a assuré que des missiles russes ayant visé l’Ukraine avaient violé son espace aérien.
Le président ukrainien a également évoqué sur Twitter un échange téléphonique en urgence avec Emmanuel Macron, ainsi qu’avec le chancelier allemand Olaf Scholz.
La ministre des affaires étrangères française a condamné « avec la plus grande fermeté les frappes russes indiscriminées de ce jour contre les villes ukrainiennes ». « Viser intentionnellement les populations civiles constitue un crime de guerre », a estimé Catherine Colonna dans un message publié sur son compte Twitter.
Vladimir Poutine assume les frappes et promet des répliques « sévères » en cas d’attaques ukrainiennes
Le président russe a indiqué lors d’une réunion de son Conseil de sécurité que la Russie avait lancé une campagne « massive » de bombardements de l’Ukraine en réplique à l’attaque « terroriste » ukrainienne qui a détruit une partie du pont de Crimée.
Le président russe a indiqué lors d’une réunion de son Conseil de sécurité que la Russie avait lancé une campagne « massive » de bombardements de l’Ukraine en réplique à l’attaque « terroriste » ukrainienne qui a détruit une partie du pont de Crimée.
« Sur proposition du ministère de la défense et en conformité avec le plan de l’état-major, des frappes massives avec des armes de haute précision de longue portée ont été menées contre l’infrastructure énergétique, militaire et de communication de l’Ukraine », a déclaré Vladimir Poutine. « L’objectif des frappes a été atteint. Toutes les cibles ont été touchées », s’est félicité dans un communiqué le ministère russe de la défense, quelques instants après.
En cas de nouvelles attaques ukrainiennes, Vladimir Poutine a promis des répliques « sévères ». « Si les tentatives d’attentats terroristes sur notre territoire se poursuivent, les réponses de la Russie seront sévères et leur ampleur correspondra au niveau des menaces posées, a-t-il averti. Personne ne doit avoir le moindre doute. »
Le numéro deux du conseil de sécurité de la Russie et ex-président Dmitri Medvedev a assuré que les frappes massives n’étaient qu’un « premier épisode », appelant au « démantèlement total » du pouvoir politique ukrainien.
Des frappes russes font jusqu’à 17 morts à Zaporijjia
Volodymyr Zelensky a également qualifié les militaires russes de « terroristes », après des frappes, dimanche, sur des immeubles d’habitation de Zaporijjia, ville du sud de l’Ukraine, qui ont fait entre 12 et 17 morts selon les bilans, trois jours après de précédents bombardements qui y avaient fait 17 morts.
Selon l’armée de l’air ukrainienne, quatre missiles de croisière, deux missiles tirés depuis des avions de chasse et d’autres missiles de type antiaérien ont été utilisés contre la ville. L’armée russe a affirmé dimanche avoir mené des frappes avec des « armes de haute précision » contre des unités de « mercenaires étrangers » dans la région.
► La centrale nucléaire de Zaporijjia reconnectée au réseau
Non loin de là, la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande d’Europe, a été reconnectée au réseau électrique dimanche. La veille, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) avait annoncé que l’installation avait perdu sa dernière source d’alimentation électrique externe en raison de nouveaux bombardements. L’installation s’appuyait alors sur des générateurs d’urgence pour fournir le courant dont elle a besoin pour assurer certaines fonctions de sécurité, dont le refroidissement de ses six réacteurs, tous à l’arrêt.
► Une résolution de l’ONU pour condamner l’annexion
À New York, l’Assemblée générale de l’ONU se penche à partir de lundi sur une résolution condamnant les annexions russes, les Occidentaux espérant prouver l’isolement de la Russie sur la scène internationale.
Le projet de texte condamne les annexions « illégales » des régions ukrainiennes de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson après des « soi-disant référendums » et souligne que ces actions n’ont « aucune validité » au regard du droit international.