Dans l’Adamaoua, région du septentrion camerounais, seuls les transhumances encadrées et les transports de bétails en camions homologués sont encore possibles la nuit. Une mesure pour lutter contre les vols de bovins devenus récurrents.
Dans l’Adamaoua, il n’est plus possible depuis début septembre de convoyer à pied des bovins de 19h à 6h du matin. Il est aussi interdit de transporter des carcasses de bœufs la nuit à moto, tricycles ou sur un véhicule improvisé.
Mohamadou Bachirou, président de l’Union départementale des éleveurs du Mayo-Banyo, un département voisin du Nigeria, est lui-même éleveur, fils d’éleveurs et petit-fils d’éleveurs. Il élève des vaches laitières et des vaches à viande. L’an passé, il s’est fait voler plusieurs bœufs. Aujourd’hui, il se satisfait de la mesure qui interdit les convois nocturnes de bétail dans l’Amadoua.
« On est obligés de créer des solidarités avec nos éleveurs qui sont au Nigeria. Dès qu’ils voient des animaux suspects, ils arrêtent, ils filment, ils nous envoient les images par WhatsApp. Et nous aussi, de ce côté de la frontière, nous faisons de même. Et on parvient quand même à bloquer certains voleurs. Si le gouverneur intervient pour bloquer ces mouvements nocturnes, vraiment, nous sommes contents », explique-t-il.
Au Cameroun, une vache se revend en moyenne 350 000 francs CFA, soit un peu moins de 550 euros. Le trafic de bétail volé, c’est toute une chaîne, qui va de celui qui vole la bête en passant par le convoyeur, l’intermédiaire qui fera office de boucher jusqu’au revendeur de viande. Et un constat s’est imposé pour Mohamadou Bachirou : dans son département, les vols ont toujours lieu la nuit. D’où la demande de faire interdire les mouvements de troupeaux la nuit.
« Nous aussi, ça nous donnera la force d’informer les vigiles, les chefs de village que maintenant, ils peuvent appréhender les mouvements nocturnes. Parce que les éleveurs eux-mêmes n’ont pas besoin de déplacer les animaux la nuit. Toute personne qui chercherait à déplacer l’animal la nuit est suspecte. L’éleveur, s’il veut déplacer les animaux, il y a la journée ! », ajoute-t-il.
Selon le président de l’Union départementale des éleveurs du Mayo-Banyo, un travail avec les autorités administratives, religieuses et traditionnelles était déjà en cours depuis plusieurs mois. Il espère qu’avec la décision du gouverneur de l’Adamaoua, les vols se feront de plus en plus rares.
AVEC RFI