L’armée- la tribu, la France, l’église, le mouvement Born again  et les réseaux ésotériques tels que l’ordre de Malte, la Rose-croix AMORC et la Franc-maçonnerie ont permis à l’actuel chef de l’Etat du Cameroun d’asseoir, de consolider voire de conserver le pouvoir depuis bientôt quarante  ans.

Par Yves Junior Ngangue

Lorsqu’il accéda au Palais d’Etoudi  le 06 Novembre 1982, personne ne vendait chèrement la peau de cet ancien séminariste à la voix enraillée et un tantinet pusillanime de 49 ans. Né à Mvomeka’a un bled de la forêt équatoriale (Sud-Cameroun) et  jusque-là inconnu de la  majorité de ses compatriotes, ce diplômé de l’Institut d’Etudes politiques (IEP) de Paris,  recommandé  depuis  la capitale française  par Louis Paul Aujoulat,  avait fait l’essentiel de sa carrière au sein de l’appareil d’Etat, tour à tour : Chargé de mission à la présidence de la République, Directeur de cabinet du Ministre de l’éducation nationale, SGPR, DCC,  Premier Ministre… Paul Biya était donc tout sauf un homme de pouvoir au sens propre du terme. Après avoir échappé à plusieurs tentatives de renversements dont la plus emblématique reste  le fameux coup d’Etat du 6  Avril 1984 ; le successeur d’Ahmadou Ahidjo tient encore pourtant,   presque 40  ans plus tard, fermement le gouvernail du navire Cameroun.

S’il y est parvenu, c’est en grande partie parce que l’homme s’est attelé à bâtir un système bien à lui,  constitué essentiellement du  dytique armée et tribula Franceles églises avec pour tête de pont l’église catholique romaine, le mouvement pentecôtiste (Born again)  et les réseaux ésotériques (Rose-croix, Franc-maçonnerie, Ordre de Malte, etc).

Fomenté par les affidés de son prédécesseur et par quelques officiers supérieurs originaires du septentrion -après le fameux putsch -Paul Biya s’est naturellement refermé autour des siens. Avec la nomination de trois nouveaux généraux et le limogeage de  Maïkano Abdoulaye au profit de Gilbert Andzé Tsoungui qui devint le nouveau  ministre des forces armées, le rescapé procéda à une épuration systématique de la grande muette, en y expurgeant des officiers supérieurs originaires du grand Nord  et réputés proches d’Ahidjo. Pour sonner définitivement le glas des putschs et consolider son pouvoir, le ministère des forces armées changea de dénomination, le titulaire du strapontin devenant un simple ministre délégué, Paul Biya lui-même étant in-fine, le véritable commandant en chef des forces armées. Bien plus, le successeur d’Ahmadou Ahidjo s’arrangea à ce que tous les ministres en charge des questions  de  défense,  soient du Centre-Sud. Jusqu’à Joseph Beti Assomo, seuls trois non ressortissants de l’aire Fang-béti ont présidé aux destinées de la grande muette depuis l’accession du sphinx à la magistrature suprême, il s’agit notamment de : feu Sadou Daoudou, d’Amadou Ali et surtout de  Laurent Esso.

Pour assurer sa sécurité personnelle, le successeur d’Ahidjo se retourna vers l’armée la plus puissante du monde, les marines américains; qui la sous-traitèrent à un  colonel retraité de Tsahal, le nommé Avi Sirvan. Aussi, l’ancienne garde Républicaine fut rebaptisée Garde Présidentielle. Selon une règle tacite précise un exégète du renouveau, les ressortissants du Centre-Sud- Est  y furent enrôlés prioritairement et envoyés en formation en Israël pour les premiers contingents de recrues.

A côté du Général Pierre Semengué qui conserva son fauteuil de chef d’Etat-major des armées (à cause de son appartenance au clan), des colonels Asso Emane Benoît et René Claude Meka ; Paul Biya arriva à la conclusion que s’il voulait consolider son pouvoir, il aurait besoin de nombreux officiers supérieurs originaires de l’aire Fang-beti.  Tout en veillant donc systématiquement à l’admission de nombreux jeunes originaires du Centre, du Sud voire de l’Est,  dans les écoles militaires supérieures à l’instar de l’EMIA – la portion congrue fut accordée aux ressortissants de  ces trois anciennes provinces lors de tous les recrutements des hommes de rang. En 2020, sur les  65 000 éléments que comptent  les armées de terre, de l’air et  la marine ;  les Fang-béti  sont la communauté la plus mieux représentée.

Excepté l’armée, au sein de la territoriale et du gouvernement, le clan du Président Biya  compte actuellement 37 préfets sur 58,  200 sous-préfets sur 300 ;  34 ministres sur 63 et cinq gouverneurs de région  sur les  dix qui sont en fonction au Cameroun. Après l’armée et la tribu, la France  apparait au deuxième palier ;   dans la stratégie de conservation du pouvoir du sphinx  d’Etoudi. Nonobstant la signature, il y a quelques semaines,  d’un accord militaire avec la Russie,  l’hexagone est au cœur de la diplomatie de Paul Biya qui  sait sur le bout des doigts,  qu’il lui  doit tout. Arrivé au pouvoir par le truchement des réseaux Foccart, le père du renouveau s’y est maintenu presque grâce au quai d’Orsay et à l’Elysée, depuis les soubresauts qui ont accompagné la présidentielle d’octobre 1992 où le candidat du SDF, « l’anglophone »   Ni John Fru Ndi avait officieusement été déclaré vainqueur.  Néanmoins, selon plusieurs sources concordantes, Paris s’était vigoureusement opposé à toute éventualité de transfert du pouvoir à cet opposant.

En dépit des rumeurs qui enflent au sujet de la perte d’influence du pays d’Emmanuel Macron au Cameroun, un internationaliste,  soutient mordicus, sous anonymat  qui n’en est rien. C’est en grande partie grâce au parapluie diplomatique de la France que la cause « ambazonnienne » resterait en dehors des sujets à débattre par le conseil de sécurité de l’ONU et qu’aucune poursuite, visant les dirigeants camerounais n’est à l’ordre du jour.

Conscient qu’on ne gouverne pas seulement avec les théories politiques de Rousseau et de Machiavel mais aussi avec les dieux, les hommes et les étoiles ; les églises avec en tête de pont l’église catholique romaine, le mouvement pentecôtiste,  mais surtout les réseaux ésotériques, tels que l’ordre de Malte, la Rose-croix et  la Franc-maçonnerie qui comptent de nombreux membres parmi les dignitaires du régime,  apparaissent au troisième et dernier palier dans la stratégie de conservation du pouvoir de l’actuel chef de l’Etat.

L’armée- tribu (Fang-béti) : Les véritables gardiens du temple

Sur les trente-deux généraux en activité au Cameroun, douze d’entre eux, dont le général de corps d’armée René Claude Meka,  chef d’Etat-major des armées,  sont originaires des régions du Centre-Sud. Forte de  65 000 hommes repartis  dans les armées de terre, de l’air et de la marine- la grande muette occupe une place de choix dans la stratégie de conservation du pouvoir de Paul Biya. Conscient qu’il n y a de bonnes lois que où il y a de bonnes armes, le successeur d’Ahmadou Ahidjo a concédé de nombreuses prérogatives  aux militaires après l’échec du coup d’Etat du 06 Avril : salaires exorbitants, avancements annuels, revalorisation des primes et cetera… S’il peut aujourd’hui compter sur l’armée pour défendre le Cameroun et surtout son pouvoir, c’est en grande partie à cause de la multiplication des recrutements opérés ces dernières décennies dans ses rangs, le sérieux de la formation confiée à l’ancien colonel israélien Avi Sirvan créateur du Bataillon d’intervention Rapide (BIR) et de la garde présidentielle – mais surtout à son continuateur,  le général Mayer Heres.

S’agissant de son pouvoir ;  tous les responsables dans la chaine du dispositif sécuritaire de Paul Biya sont  des Fang-bétis. Ses aides-de-camp : de Roger Motaze au chef d’escadron Ottou Meka Mike Davy (l’actuel titulaire de la fonction)  sont fils du clan.  Depuis le colonel Ebogo Titus, jusqu’au Lieutenant-colonel Raymond Beko’o Abondo (Le commandant de la Garde Présidentielle en poste)  en passant par les colonels feu Louis Paul Mengo et Raymond Etoundi Nsoe, le poste de commandant  de la garde présidentielle échoit presque toujours à  un ressortissant du Centre ou du Sud.

Ces dernières années, même la brigade du quartier général qui constitue le premier verrou sécuritaire de la capitale n’échappe pas à cette règle tacite. Les colonels  Melingui Nouma, Mbolo Jean-Baptiste  et Mpanz Ndjem Michel sont tous des  Fang-béti.

Dans la police, le chef de corps Martin Mbarga Nguelé ; toutes les têtes couronnées à l’instar de la stratégique  Direction des renseignements généraux ou encore la Direction de la surveillance du territoire n’échappent pas au contrôle de la tribu. Les services secrets et notamment la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE)  sont aux mains de Léopold Maxime Eko Eko. Seule la direction de la sécurité présidentielle où trône le général de division Ivo Desancio Yenwo, mais où la presque totalité de ses plus proches collaborateurs sont Fang-bétis, déroge à cette règle. En même temps, plusieurs institutions de premier plan, comme le conseil constitutionnel confié à l’incontournable Clément Atangana et le secrétariat du conseil supérieur de la magistrature à Abel Minko Minko,  épousent la coloration tribale Fang-béti.

Au gouvernement, plus précisément à la primature, le Premier Ministre Joseph Dion Ngute  est assisté par un SG- Séraphin Magloire Fouda – originaire du Centre-Sud…  chargé en réalité d’épier ses faits et gestes. Au parlement et en l’occurrence au Sénat, la désignation de  Michel Meva’a Meboutou SG du sénat, auprès de Niat Njifenji Marcel,  obéirait au même schéma stratégique.

En scrutant l’architecture du cabinet actuel, tous les strapontins stratégiques tels que les finances, la défense, la gendarmerie,  l’enseignement supérieur, la police, le secrétariat général de la présidence de la République, le Secrétariat général des services du PM, le secrétariat général du MINREX,   sont aux mains des Fang-béti.

Dans le commandement territorial, 05 des 10 gouverneurs sont du Centre-sud-Est, y compris  37 préfets sur 58 et   200 sous-préfets sur 300.

Tous les postes de premier plan  de chefs de mission ;  dans les représentations diplomatiques  comme la France avec André Magnus Ekoumou ;  l’Italie où trône Sébastien Foumane ;  aux Pays-Bas confiés à Liguemoh Ondoa et aux  États-Unis (Etoundi Essomba)  sont la propriété des Fang-béti.

La France et Biya : une inaltérable histoire d’amour

Même sous Nicolas Sarkozy, les relations entre la France et le Cameroun n’ont jamais été au plus bas. Aussi longtemps que l’ex ambassadeur  Yvon Omnes continuera à occuper son fauteuil de conseiller de l’ombre  au palais de l’unité, rapporte un exégète du renouveau, Paris conservera toujours son influence indéniable  sur  Yaoundé. De l’avis de notre expert, contrairement aux apparences, toutes les grandes décisions prises par le pouvoir,  lui sont presque dictées depuis la capitale française. Très récemment, au sortir des assisses du grand dialogue national, Paul Biya avait  d’ailleurs lui-même révélé à Lyon, qu’il était venu en hexagone,  pour rendre compte à son homologue Emmanuel Macron,  sur les conclusions de ce forum de réconciliation.

Donné pour mort, il a reçu en  2020, deux fois de suite,  Christophe Guilhou l’ambassadeur de France ;  ce sont des signes qui ne trompent pas, commente l’exégète.

Au sujet des intérêts français, la France précise notre interlocuteur,  reste le premier investisseur étranger au Cameroun avec une centaine de filiales employant quelque 30 000 personnes et plus de 200 entreprises appartenant à des ressortissants français dans tous les secteurs d’activité. (…) Les filiales françaises sont significativement présentes dans l’agriculture et l’agroalimentaire (Compagnie fruitière, groupe Vilgrain, groupe Castel, groupe Bolloré,..), le pétrole (Total, Perenco), les équipements électriques et informatiques – fourniture et installation – (Schneider, Va Tech, Cegelec, CFAO Technologies, Bull), le ciment (Lafarge), la distribution (CFAO), la logistique et les transports (Bolloré, Air France), la téléphonie mobile (Orange), les banques et les assurances (Société générale, Crédit lyonnais, Banques populaires, Axa, AGF, Gras Savoye), le BTP (Vinci, Bouygues, Razel, Scet). La BICEC,  filiale du groupe français Banque Populaire figure au rang des plus importantes banques du pays avec ses 380.000 clients répartis sur 37 agences.

Bien que   écarté du dragage du terminal à conteneurs du PAD, après l’incendie de la raffinerie de la SONARA à Limbé,   le groupe Bolloré reste présent dans le rail et dans divers secteurs stratégiques tels que la confection de la carte nationale d’identité, confiée à un opérateur français.

Arrivé au pouvoir par le truchement des réseaux Foccart, Paul Biya est resté fidèle à Paris depuis 1982. Il a d’ailleurs,  rapporte notre source, été secrètement  commis par l’Elysée pour mener une réflexion en amont,  à propos d’une éventuelle réforme du FCFA de l’Afrique centrale. Malgré la réticence de certains chefs d’Etat de la sous-région, à l’instar de Theodoro Obiang  Nguema,  favorable à une rupture totale du cordon ombilical avec le pays de Macron.

 Le renouveau, fils aîné de l’église catholique romaine

Sous la présidence de Paul Biya, plusieurs papes, chefs  de l’église catholique romaine ont fait le voyage de Yaoundé. Malgré les critiques acerbes dont son régime fait l’objet de la part de certains membres du clergé ; personne ne sait mieux que cet ancien séminariste et fils de catéchiste que : « On ne gouverne pas seulement avec les théories politiques de Rousseau et de Machiavel mais aussi avec les dieux, les hommes et les étoiles ». Qui plus est, on tient plus l’homme, c’est-à-dire le peuple,  par la spiritualité.

Dans une interview accordée il y a quelques années à la télévision Equinoxe, le défunt  cardinal Christian Tumi avait révélé que depuis des lustres, de hauts dignitaires de l’église catholique romaine, reçoivent régulièrement à l’occasion des fêtes de fin d’année, d’importantes enveloppes émanant du cabinet civil de la Présidence de la République  du Cameroun. Cette sortie avait autant plus offusqués quelques-uns -qu’il paraissait tout à fait indécent-  pour certains princes de cette même église,  qui accusaient régulièrement dans leurs sermons dominicaux, le régime actuel  de piller et de paupériser le peuple, de pactiser avec ce même régime.

Cette situation avait d’ailleurs jeté un léger froid entre l’archevêque métropolitain de Douala Mgr Samuel Kelda et son feu illustre prédécesseur.

Jouant sur la sempiternelle carte tribale, le pouvoir de Yaoundé n’a pas manqué de diviser le clergé catholique. Pour donner du répondant au prêtre jésuite Ludovic Lado et à l’archevêque de Douala qui comptent parmi les plus virulents critiques du renouveau, l’ancien Directeur du Cabinet Civil  Martin Belinga Eboutou missionné par Paul Biya, avait usé de son entregent auprès du Vatican, pour que Mgr Jean Mbarga  succède à Tonye Bakot, au moment où les rumeurs annonçaient Samuel Kleda à Yaoundé. Après la proclamation des résultats de la présidentielle d’octobre 2018, l’opinion avait ainsi assisté à un chassé-croisé entre Kleda et Mbarga au sujet de la crédibilité du scrutin. Loin d’être empreinte d’amour,  de cœur ; les relations entre le pouvoir de Paul Biya et l’église catholique romaine sont jalonnées de non-dits et de suspicions. Plusieurs décennies après les assassinats des princes de l’église comme Yves Plumey, Engelbert Mveng et cetera, le mystère plane toujours sur les auteurs de ces crimes odieux,  dont le dernier en date est celui de Mgr Benoit Bala. Malgré tout, l’église catholique romaine reste dans les bonnes grâces du pouvoir qui sait l’amadouer en tant que de besoin, dans une espèce d’équilibre de la terreur qui ne dit pas son nom.

Compte tenu de l’essor du mouvement pentecôtiste au Cameroun et en Afrique, plusieurs églises dites de Born again ou du réveil  ont bénéficié ou bénéficient encore du soutien du pouvoir actuel. Pour s’installer à Buea, l’apôtre John Chi Meh,  ex Wise man du défunt télévangéliste nigérian T B Joshua  avait reçu d’importantes sommes d’argent, probablement des fonds de souveraineté,  de la Présidence de la République via l’ancien Directeur du cabinet civil feu Belinga Eboutou, renseigne une source bien introduite. Un autre  proche collaborateur du Chef de l’Etat,  le Directeur adjoint du cabinet civil Oswald Baboke est lui-même fondateur d’une église de réveil basée à Mvog- Ada. A quelques exceptions près, indique une source au Ministère de l’A T, la quasi majorité des chapelles de réveil exerçant au Cameroun le font sur la base de la tolérance administrative. 

La République des templiers

Si le pouvoir de Paul Biya tient à presque 80% sur le dytique armée-tribu, la France ;  l’église catholique romaine et le mouvement pentecôtiste ;  il ne faut pas perdre de vue qu’il est essentiellement mystique. En accédant à Etoudi, l’homme du 06 Novembre 1982 avait  été initié à moult  sociétés secrètes traditionnelles que comptent les quatre principales aires géographiques du pays. C’est la raison pour laquelle, avait prétendu Pascal Charlemagne Messanga  Nyamding, un ex membre du comité central du RDPC et Biyaiste de la première heure, il est très difficile voire impossible pour un camerounais de sang de détrôner Biya, qui a été fait Fo’o des Fo’o à l’ouest, Fon des Fons au Nord-ouest…

Selon une rumeur largement répandue, reprise par Roger Emvana dans Paul Biya : les secrets du pouvoir,    après le coup d’Etat du 06 Avril 1984 ; quelques caciques du régime Ahidjo originaires du grand Nord contactèrent une dizaine de marabouts sahéliens « pour réussir ou les armes avaient échoué ». Ces marabouts avaient réuni leurs forces pour invoquer Belzébuth dans le but de rendre Paul Biya fou ou de l’ensorceler, toutes leurs pratiques n’eurent aucun effet.

A côté de ces sociétés traditionnelles dont le fameux Nnom Ngui, on a toujours prêté à Paul Biya l’appartenance à certains ordres initiatiques occidentales tels que la Rose-croix ou encore la Franc-maçonnerie, ce qu’il a toujours  fortement démenti ; contrairement à Denis Sassou Nguesso son homologue congolais ou encore Ali Bongo Ondimba, apparentés au grand Orient de France. Après la victoire des Lions indomptables du Cameroun à la coupe d’Afrique des Nations de 1988, Paul Biya avait refusé de décorer directement  Joseph Antoine BELL, le Président de la République  lui avait remis sa médaille en mains ; ce qui avait un temps  laissé prospérer la rumeur selon laquelle, l’ancien gardien de buts était plus gradé que lui au sein de la Rose-croix AMORC.

Dans son édition du 9 Janvier 1999, le journal français Le Point avait révélé que le président camerounais avait versé 04 milliards de FCFA à son conseiller Raymond Bernard (Ex légat suprême  de la rose-croix AMORC) pour la construction du siège du CIRCES (cercle international de recherches culturelle et scientifique) apparenté à l’ordre du temple solaire de sinistre réputation.

Dans les années 1990, du temps où le CIRCES avait pignon sur rue au Cameroun,  plusieurs membres du gouvernement et de nombreux hauts responsables au sein de l’appareil d’Etat, dont l’ex Secrétaire général de la Présidence de la République Titus Edzoa  ou encore feu  Peter Agbor Tabi étaient réputés être adeptes de ce cercle ésotérique.

Avec le divorce consommé de Biya et Edzoa matérialisé par l’emprisonnement de ce dernier, la Rose-croix fut reléguée au second plan, au profit de la franc-maçonnerie. Plusieurs fois de suite, Paul Biya avait reçu en audience le grand maître Alain Bauer, du temps ou cet expert en question de sécurité,  présidait aux destinées du Grand Orient de France.

En 2022, la Franc-maçonnerie est réputée avoir de nombreux adeptes au gouvernement, au parlement voire à la tête des sociétés publiques et parapubliques. Pour le politologue Roger Omballa, enseignant de Sciences politiques, 95% des nominations opérées aussi bien dans la   haute fonction publique, le gouvernement voire à   l’Université, se font sur la base  de  l’appartenance à une secte». En 2011, lui-même s’était vu proposer l’entrée dans un ordre par un ministre dont il était le conseiller. «Il m’a dit: “Tu n’es pas des nôtres, il faut nous rejoindre”. J’ai refusé. Le ministre m’a alors déclaré clairement que ma promotion serait bloquée», raconte le professeur.

A côté de ces confréries occidentales (Rose-croix- Franc-maçonnerie), l’ordre de Malte est récemment apparu au Cameroun, au travers des œuvres caritatives à l’instar de l’hôpital de Malte de Njombé, mais davantage par la visite officielle et fort symbolique, que son 80ème  grand maître,  feu Fra’a Giacomo Dalla Torre del Tempio di Sanguinetto avait effectué  au Cameroun.

Au demeurant, en bon disciple de Machiavel Paul Biya sait manier le chou et la chèvre pour parvenir à ses fins. Il sait  surfer entre les sectes lucifériennes et l’église, pour conserver jalousement son pouvoir. Sous le prétexte des soi-disant grands équilibres, il a abandonné le gouvernement, la territoriale, la diplomatie, l’armée, toute l’administration publique entre les mains  du clan, qui assure les arrières. Il a  sauvegardé les intérêts des hauts gradés et de la grande muette dans son ensemble. En refusant de se mettre à dos la France, par le truchement d’une sortie fracassante de la zone  FCFA, ce qui sonnerait le glas de la longue  relation d’amour qui existe entre Biya et Paris- l’homme du renouveau qui abhorre visiblement les extrêmes, préfère le juste milieu. Dans le cadre de la crise anglophone, sans le parapluie diplomatique de l’hexagone, le Cameroun pourrait vite se retrouver avec des pluies de sanctions et d’embargos du conseil de sécurité de l’ONU  qui auraient pour effet immédiat d’embarrasser durablement son régime et partant lui-même.

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